A Berck, il n'y a pas que des cerfs-volants. Depuis un siècle, un petit berlingot sucré ravit des générations de gourmands : le succès berckois. Cette confiserie a vu le jour dans la station balnéaire de la Côte d'Opale en 1922. Elle fête ses 100 ans et c'est Jean-Yves Matifas qui perpétue aujourd'hui la tradition familiale .
C'est un lieu incontournable de Berck-sur-Mer, une boutique dans laquelle tout gourmand qui se respecte aimerait se trouver un jour enfermé. Elle sent bon le sucre cuit, l'anis, la pomme d'amour ou le caramel. C'est ici que l'on fabrique artisanalement depuis 100 ans un petit berlingot : le succès berckois.
Jean-Yves Matifas est le gardien de ce savoir-faire séculaire. Dans la confiserie familiale, il reproduit inlassablement les mêmes gestes sous les yeux des visiteurs.
A la base, le succès berckois c'est juste de l'eau et du sucre portés à ébullition à 140 degrés ... Et un peu de perlimpinpin.
Jean-Yves Matifas, Le Succès Berckois
Pas de thermomètre pour surveiller la température : "tout se fait à l'oreille indique le confiseur. Si on écoute bien, le bruit change, c'est une question d'habitude !"
Ici pas de machine. Tout est réalisé à la main : de l'oxygénation du sucre qu'il étire en longs rubans irisés jusqu'à la découpe des berlingots aux ciseaux. Et il faut être rapide car le sucre refroidit vite et la coupe devient de plus en plus ardue !
"Vous imaginez la force qu'il fallait à ma mère et ma grand-mère pour faire tout ça !"
Une affaire de femmes
Car le succès berckois, c'est au départ une affaire de femmes.
L'histoire débute à Paris en 1918. Maria, la tante de la grand-mère de Jean-Yves, et Lucie (la soeur) fabriquent dans leur cuisine des berlingots. L'été, elles louent une échoppe à Berck qui est alors une station balnéaire dynamique réputée pour son centre de soins et fréquentée par la bourgeoisie et elles y commercialisent leur confiserie. Un véritable succès !
En 1922, les deux soeurs s'installent définitivement à Berck. Ainsi nait le "Succès berckois".
Après la deuxième guerre mondiale, Marie-Louise Debarge, la nièce de Maria prend la suite avec sa fille Micheline : la maman de l'actuel propriétaire des lieux. Et depuis 1985, c'est donc Jean-Yves qui perpétue la saga du Succès.
100 ans plus tard, il a conservé la fabrication artisanale des produits qui permet à ses clients de retrouver une délicieuse saveur d'enfance.
Le Succès berckois, une madeleine de Proust
Car ici, la confiserie est d'abord un spectacle avant d'être un régal. Dans la boutique, les visiteurs se pressent autour de la plaque de marbre pour assister à la transformation presque magique du sucre en bonbon. "Depuis 1922, on a à coeur de montrer notre savoir-faire", explique Jean-Yves Matifas qui fait briller les yeux des gourmands.
Quand on vient chez nous, on ne vient pas simplement acheter un bonbon ou un berlingot, on vient chercher un moment de sa vie.
Jean-Yves Matifas, Le Succès Berckois
Un retraité venu de Lens retrouve avec nostalgie des souvenirs qu'il croyait enfouis. "J'ai revu les gestes de mon père boulanger-pâtissier qui travaillait dans la confiserie. C'est rare de voir encore des artisans travailler de cette façon, manuellement."
Difficile alors de quitter la boutique sans ramener avec soi quelques-unes de ces douceurs. A l'origine, seuls huit parfums étaient disponibles. Aujourd'hui il y en a 35 pour tous les goûts. Le classique anis a toujours autant de succès, mais la pomme-calva, le melon ou la mandarine gagnent du terrain. Jean-Yves Matifas a même imaginé il y a deux ans un Succès au goût d'algue pour accompagner les huitres !
Cent ans après sa création, le Succès berckois ravit toujours les gourmands, petits et grands.