Marie Humbert est décédée cette nuit des suites d'une maladie. Elle avait relancé le débat sur la fin de vie en France.
Elle avait aidé son fils, Vincent, 20 ans, à mourir après son grave accident de voiture en 2003. Marie Humbert est décédée cette nuit des suites d'une maladie dans une clinique de l'Eure où elle était hospitalisée depuis un an, selon une information de RTL.
La mère de Vincent Humbert défendait son geste comme étant un acte d'amour. Hospitalisé au centre Hélio-Marin de Berck-sur-Mer, son fils était devenu aveugle, muet et tétraplégique suite au drame.
Marie Humbert lui avait injecté une dose mortelle de pentorbarbital de sodium pour mettre fin à ses jours. Vincent avait écrit au président de la République, Jacques Chirac, quelques semaines plus tôt pour lui "demander le droit de mourir." Le chef de l'Etat lui avait répondu : "je ne peux vous apporter ce que vous attendez".
Infiniment triste de vous apprendre le décès cette nuit de mon amie Marie Humbert. Marie qui a rendu son dernier souffle dans une clinique de l'Eure est partie rejoindre son fils Vincent qui en 2003 avait relancé le débat sur la fin de vie. A jamais Marie sera dans mon coeur pic.twitter.com/XOYILPdiSB
— frederic veille (@fredveille) 5 août 2018
"C'était une femme fabuleuse qui s'est battue pendant des années. Elle avait fait une promesse à son fils qui était de poursuivre son combat et que la loi sur l'euthanasie évolue", ajoute Frédéric Veille auteur de l'ouvrage "Je vous demande le droit de mourir", qui était à ses côtés au moment de son décès.
Son engagement avait relancé le débat sur la fin de vie en France débouchant sur la loi Leonetti en 2005. Elle a instauré un droit au "laisser mourir" mais sans permettre l'euthanasie active. Les médecins peuvent décider collégialement "de limiter ou d'arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n'ayant d'autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie".
Une législation "imparfaite"
Neuf ans après le décès de son fils, elle s'était dit déçue de l'application de cette loi. "Je suis toujours en relation avec beaucoup de mamans et malheureusement, il y en a encore beaucoup qui, comme moi, sont obligées de mettre fin à la vie de leurs enfants mais en douce, avec des médecins sympas qui les aident. Et croyez-moi, c'est un secret que ces mamans doivent garder pour elles-mêmes et qui est très difficile à supporter", expliquait-elle.
"C'était une femme engagée qui a su prendre les décisions et faire face au souhait qu'avait son fils. Elle a eu une décision extrêmement courageuse : il n'y a rien de plus dur pour une mère que de donner la mort à son fils", a déclaré dimanche à l'AFP le médecin réanimateur Frédéric Chaussoy qui avait débranché le respirateur de Vincent Humbert.
"Tous les intervenants de cette affaire, Vincent le premier, Marie et moi, on a oeuvré pour qu'on ait quelque chose : maintenant c'est la loi Leonetti, ça n'a rien de parfait, il faudra sans doute la faire évoluer. Mais enfin, c'est à cause ou grâce à nous que la législation française a pu évoluer", a-t-il ajouté.
Prête à rejoindre "son Vincent"
Les réactions des personnalités se muliplient depuis l'annonce de son décès. Brigitte Bourguignon, députée du Pas-de-Calais est également investie dans ce combat pour améliorer la fin de vie. elle rend hommage à "une mère courage".
"Elle avait tout abandonné pour rester à Berck auprès de son fils. C'était une personne très joyeuse contrairement à ce qu'on pourrait penser et c'est quelqu'un avec qui j'ai lié une amitié. La dernière fois que je l'ai vue elle était sereine, prête à rejoindre son Vincent qui l'attendait. Elle prenait ça avec beaucoup de sérénité", affirme l'élue.
Marie Humbert avait bénéficié d'un non-lieu en 2006 et s'était lancée dans un combat pour la légalisation de l'euthanasie. Elle est décédée cette nuit à l'âge de 63 ans.