«Du galet aux étoiles» , extraordinaire rétrospective de Ladislas Kijno, artiste engagé, insoumis, père spirituel du street-art français

Douze ans après sa disparition, la Communauté d’Agglomération Béthune-Bruay organise un hommage XXL à Ladislas Kijno (1921-2012), maître de l’abstraction de renommée internationale. Des années 1950 aux années 2000, une rétrospective sur les terres d’adoption de ce natif de Pologne, figure majeure du mouvement de la peinture informelle du XXème siècle, spécialiste de la technique du froissage et de la vaporisation sur toile.

Plus de 200 chefs d’œuvres d’art moderne sur 6 lieux d’exposition, à Béthune, Bruay-la-Buissière, Noeux-les-Mines et Beuvry. Une balade sur les traces de cet enfant du pays minier, intitulée "Du Galet aux étoiles" qui s’inspire d’un des fameux aphorisme de l’artiste : "Le peintre doit se faire scaphandrier pour descendre aux assises du monde et cosmonaute pour remonter jusque dans les étoiles."

Arrivé à Noeux-les-Mines à l'âge de 4 ans, Ladislas Kijno dessinait déjà les lignes et les courbes du violon de son père, Joseph.

"Fils de mineur, né à Varsovie, Ladislas Kijno arrive en France avec ses parents" rappelle Daniel Boys, conseiller culturel de l'agglomération Béthune-Bruay-Artois. "Il meurt en 2012, mais son épouse fait alors une donation de 50 tableaux d’abord, puis une dizaine d’autres ensuite, à la ville de Noeux-les-Mines en nous demandant de rendre hommage à son époux. C’est pourquoi aujourd’hui, nous avons voulu organiser cette restrospective dans plus de 6 lieux différents de l’agglomération."

Dès l’enfance Kijno peint tout ce qui l’entoure. Avec son père qui l’emmène dans le jardin pour qu’il y dessine les arbres, les fruits et les légumes, il retient son conseil : "Ne te contente pas de ce que tu vois, la réalité va bien au-delà." Une injonction qui restera toute sa vie chez cet étudiant lillois en philosophie. Très vite, Ladislas Kijno fait couler la peinture, froisse le papier, vaporise ses toiles à la bombe pour ensuite les déchirer.

"C’est un artiste de l’expérimentation. Il essaye plein de choses, d’un coup ses toiles, il va les froisser pour leur donner un côté plus végétal comme une sorte de géographie de tridimensionnalité. Et puis aussi d’un point de vue technique, dans l’utilisation de l’aérosol qui va là aussi donner un aspect tridimensionnel aux tableaux, un côté sculptural" détaille Renaud Faroux, commissaire de l'exposition.

Amoureux des mots, Kijno peint les poètes, invente des écritures pour dénoncer les guerres, peint des lignes et des ronds pour toucher à l'essentiel. Installé à Paris à la fin des années 50, il prolonge sa quête métaphysique, se préoccupe des rites magiques de toutes les civilisations, en particulier celles que l’on qualifie de primitives. 

Artiste de l'humain, ses toiles traduisent son militantisme et son engagement comme nous l’explique Renaud Faroux : "par exemple, Cette œuvre exceptionnelle intitulée "OAS assassin", toile qu’il réalise en 1962, en pleine guerre d’Algérie. Tout d’un coup, il va détourner le graffiti politique qui est dans les rues sur un tableau. Et c’est pour ça qu’on dit qu’il est le précurseur du street art en France ! "

En 1990, il commence la réalisation de la grande Rosace de la cathédrale Notre-Dame de la Treille à Lille, elle ne sera achevée que 9 ans plus tard.

Ladislas Kijno s’éteint le 27 novembre 2012 dans sa maison de Saint-Germain-en-Laye.  

"Du galet aux étoiles", à voir à partir de ce samedi 23 mars jusqu'au 4 août 2024 dans 6 lieux différents :

durée de la vidéo : 00h02mn19s
visite en avant-première des expositions sur l’artiste peintre Ladislas Kijno à Béthune (62) Reportage Christine Defurnes, Marie-Noëlle Grimaldi, Emma Charles. ©FTV / MN Grimaldi

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