16 nouveaux noms de soldats immortalisés sur l'Anneau de la mémoire de Notre Dame de Lorette, parmi eux : Prosper Roiné

Dix ans après l'inauguration de l'Anneau de la mémoire, à Notre-Dame-de-Lorette, ce lundi 11 novembre 2024, vont être révélés les noms de 16 autres soldats morts dans le Nord-Pas-de-Calais, durant la Première Guerre mondiale. Parmi eux, Prosper Roiné, disparu en mer, près de Boulogne-sur-Mer, en 1917. Son petit-neveu, n'a de cesse de retracer son histoire depuis 2012.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Passionné d'histoire à ses heures perdues, et de la Grande Guerre en particulier, Benoît Guittet, 66 ans, explique son intérêt pour la période à travers son grand-père maternel André Hureau, décédé quand il avait 13 ans.

"C'était un parleux, pas un taiseux. Y compris à propos de la Grande Guerre. Il n'en était pas traumatisé, par chance, et racontait comment il avait abandonné son tour de France de compagnonnage en menuiserie, pour effectuer son service militaire avancé, en 1913.", se remémore Benoît Guittet. 

Dans la tête de notre interlocuteur, remonte les souvenirs de son enfance, à Forges-les-Eaux, en Seine-Maritime. La maison familiale et celle voisine de ce grand-père, dans les années 1960. Les repas de famille où la génération des parents parlait de la Seconde Guerre mondiale, encore fraîche et des aînés qui racontaient leur Grande Guerre.

Les années passent, mais ne désagrègent pas le souvenir de cette époque qui resurgit par périodes, dans la vie de Benoît Guittet : quand il réétudie la Première Guerre mondiale en classe de terminale ou, plus récemment, quand il se plonge dans un manuel d'histoire de son fils. Ou, quand il offre un ouvrage de généalogie à sa mère Réjane.

Aux archives du Mans et de Laval, à côté de sa commune d'origine de Sablé-sur-Sarthe, "ma mère était connue comme le loup blanc", assure Benoît, un sourire aux lèvres, une nouvelle madeleine de Proust en tête. Elle se renseignait sur son père André et les frères de ce dernier, ses oncles. "Elle est partie des cartes postales et photos transmises par sa grand-mère. C'était émouvant".

Suivant son exemple, Benoît engage des recherches en 2012 à Vincennes, au centre historique des archives de guerre. Et crée un blog sur André Hureau, son grand-père donc, et six grands-oncles dont Prosper Roiné.

Or, surprise et vive émotion quand Benoit Guittet découvre que André Hureau, son grand père maternel et Prosper Roiné, son grand-oncle paternel, ont navigué ensemble, dès 1914, en tant que militaires sur le navire Jules Ferry, qui comptait 900 hommes, lors de ses rondes en Méditerranée. 

Dans son blog, Benoît Guittet imagine donc une conversation entre les deux Sarthois, à Brest en 1915, autour du cahier de chansons de Prosper (musicien et matelot clairon) sauvé par une cousine.

Les grenades du contre-torpilleur étaient coincées sur le pas de tir. L'une d'elles a explosé faisant 7 morts et une dizaine de blessés.

Benoît Guittet, à propos de l'explosion qui a tué son grand-oncle Prosper Roiné

Le premier mourra le 8 décembre 1917 à bord du Bouclier un contre-torpilleur français au large de Boulogne-sur-Mer. Alors que le navire faisait route vers Dunkerque, il croisa le sillage d'un sous-marin allemand et voulu immédiatement lancer des grenades dans sa direction.

"Dans les documents que j'ai trouvés, le lieutenant du vaisseau avait amené Prosper, mon grand-oncle, matelot, à l'arrière du Bouclier, où les grenades du contre-torpilleur étaient coincées sur le pas de tir. L'une d'elles a explosé, faisant 7 morts et une dizaine de blessés.", raconte encore Benoît qui précise que son arrière-grand-père est venu chercher le corps de son fils pour l'enterrer dans le cimetière familial de Sablé-sur-Sarthe.

 

André Hureau, lui, reviendra vivant de la guerre. Son nom ne sera donc pas sur l'Anneau de la mémoire de Notre-Dame de Lorette. Mais celui de Prosper Roiné le sera ce lundi 11 novembre 2024. Benoit Guittet ne manquera pas d'être à la cérémonie en compagnie de son fils, Mathieu et de sa petite-fille, Mélissa, qui reprend ainsi le flambeau de la mémoire familiale.

"Cheval de Troie"

Si, dans un premier temps, le nom de Prosper Roiné n'a pas été inscrit, c'est parce que le marin était mort en mer. Sans précision de lieu. Mais dans ses recherches, Benoît Guittet, parvient à prouver que parmi les 7 morts du Bouclier, le lieutenant de vaisseau Kervran est "mort en mer, au large de Boulogne-sur-Mer". Sur sa fiche du site Mémoire des Hommes. La référence à Boulogne-sur-Mer est inscrite. 

Le lieutenant Kervran, officiait sur le même bateau que le soldat Roiné.

"Je tenais mon cheval de Troie", se dit alors Benoît Guittet, cadre à la Région entre 2012 et 2013 et qui se passionne alors pour le projet de Daniel Percheron d'Anneau de la Mémoire à Notre-Dame de Lorette. Après de longues batailles administratives et sur les conseils d'Yves Le Maner, l'historien chargé du grand projet "Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette" (Anneau de la Mémoire), Benoît finit par avoir le feu vert administratif, en 2020.

Ce lundi 11 novembre 2024, le nom de Prosper Roiné va donc être dévoilé sur l'Anneau de la Mémoire, qui rassemble depuis 2014 les noms de 579 620 soldats morts sur le territoire du Nord Pas-de-Calais entre 1914 et 1918. Un grand moment d'émotion pour les familles.

>> Voir aussi : Documentaire de Bruno et Rémi Vouters. Près de six cent mille noms gravés sur un même anneau, en haut de la colline de Notre-Dame-de-Lorette, entre Arras et Lens

Voici comment le nom de Prosper Roiné, matelot de 2ᵉ classe clairon, né le 25 août 1892 à Sablé-sur-Sarthe, mort le 8 décembre 1817 à bord du contre-torpilleur Le Bouclier au large de Boulogne-sur-mer à l’âge de 25 ans, a pu être inscrit ainsi que ceux de compagnons d'infortune sur l'Anneau de la mémoire. "Une histoire parmi les 600 000 autres histoires de jeunes soldats morts", conclut, ému, Benoit Guittet.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information