Le 18 mai 2018, l’aquarium boulonnais inaugurait en grande pompe son extension liée à la haute mer, forte d’un bassin gigantesque de 10 000 m³ d'eau. Un an après, Nausicaá a reçu un peu plus d'un million de visiteurs, non sans enregistrer d'importants couacs.
La première année du Grand Nausicaá a été riche en émotions. Les premiers curieux se sont d’abord rués en masse dès le samedi 19 mai 2018, excités à l’idée de découvrir le spectacle offert par sa grande baie d’une surface de 100 m². Un visiteur belge nous expliquait dans les premiers jours suivant l'ouverture être venu avec son bébé "chercher de la magie. C'est la 1ère fois qu'il vient découvrir l'océan et ses espèces, et là il en a plein les yeux, comme ses parents !"
Les éloges pleuvent, la couverture médiatique est sans précédent pour l’établissement. Le Centre national de la Mer enregistre en juillet-août des pics de fréquentation allant jusqu’à 12 000 personnes par jour. Objectif avoué : atteindre le million d'entrées sur la 1ère année d’exercice, en sachant qu'il y en a eu 16 millions depuis l'ouverture en 1991, et une moyenne de 600 000 ces dernières années… Pari tenu : du 19 mai 2018 au 18 mai 2019, la fréquentation se serait élevé à 1 025 000 visiteurs, selon les chiffres communiqués par l'aquarium.
Hécatombe chez les "espèces stars"
Malgré cette réussite comptable, Nausicaá fait profil bas. Car après un bel été, l’automne s'est avéré moins radieux pour l’auto-proclamé plus grand aquarium d’Europe. Deux des principales stars de son nouveau bassin connaissent de graves difficultés. En premier lieu, ses requins marteaux. Un à un, ils succombent tous, entre sélection naturelle et virus. Jusqu’au dernier, mort en avril de cette année.
"C'est une espèce mal connue et nous sommes dans une démarche de recherche scientifique et de pédagogie", affirme alors Philippe Vallette, le directeur. "On aurait préféré qu'ils soient tous vivants mais on savait qu'on aurait des pertes", poursuit-il, précisant que Nausicaà "ne compte pas en réimporter dans l'immédiat".
Parmi les autres victimes, le couple de raies manta. La femelle est décédée suite à une maladie touchant son système digestif. Et il y a quelques semaines, plusieurs centaines de sardines de Floride ont également péri la semaine dernière à Nausicaá à la suite du bris d'un aquarium.
Manifestation vs. pédagogie
L’image de Nausicaá en pâtit sérieusement. Les associations opposées à la captivité d’animaux s’emparent du sujet, et manifestent à plusieurs reprises devant le Centre national de la mer. Sea Shepherd en vient même à porter plainte contre Nausicaá pour sévices graves et non-respect de la réglementation sur la détention d'animaux sauvages en captivité, ayant entrainé la mort.
Les équipes Nausicaá redoublent depuis d’efforts, de pédagogie, pour justifier leur rôle qui dépasse celui de simple aquarium. Frédéric Cuvillier, président de la CAB (Communauté d’agglomération du Boulonnais), insiste même pour que Nausicaá soit toujours plus au cœur du combat pour la sauvegarde du requin-marteau, espèce menacée.
Alors que le rapport des nations unies @afpfr sur la #biodiversite est alarmant. #boulognesurmer avec @PlaneteNAUSICAA doit relever le défi de la sauvegarde des #requins marteaux. Responsabilité collective face aux générations futures. @LeParisienInfog @lemonde_M @lemonde_planete pic.twitter.com/VZCRstgexK
— Frédéric Cuvillier (@fcuvillier) 25 avril 2019
Le futur de Nausicaa interroge
Quid de l’extension prévue initialement pour 2021 sur le thème de la protection des pôles ? La CAB, maître d’ouvrage de Nausicaá, dit ne pas renoncer au projet mais veut laisser le temps à l’établissement de profiter de cette extension consacrée à la Haute-Mer.17 des 27 millions d’euros nécessaires à cette tranche additionnelle sont d’ores-et-déjà acquis via des fonds européens. Reste à définir le planning, le contenu et les espèces qui seront concernés par cette thématique liée à l’urgence du défi écologique de notre « planète bleue ».