Guerre en Ukraine : Jacky Lebas a quitté Boulogne-sur-Mer pour l'Ukraine, il témoigne de la vie d’avant-guerre à travers ses photos

Jacky Lebas, ancien élu de Boulogne-sur-Mer, vit depuis 3 ans en Ukraine. Depuis le début de l’invasion russe, le 24 février dernier, il est un témoin du quotidien des habitants. Pour leur rendre hommage, la médiathèque de Le Portel expose les photographies de l'ancien directeur du cinéma les Stars prises avant le guerre.

À Jytomir, à 100 km de Kiev où il réside, Jacky Lebas raconte le quotidien de la guerre, mais aussi ce peuple ukrainien qui force l’admiration par une mobilisation sans précédent. Un peuple, un pays auquel il a voulu rendre hommage, au travers d’une exposition photos visible jusque fin mars à la médiathèque de Le Portel.

Des photos du peuple ukrainien, jeune ou moins jeune, prises dans leur vie de tous les jours. Hommes, femmes enfants, personne n’a posé. Ces clichés relatent simplement la vie d’un peuple qui jusqu’avant le 24 février dernier vivait paisiblement. 

Ce sont ces instantanés de la vie d’avant-guerre que Jacky Lebas a choisi d’offrir à la médiathèque de Le Portel, pour rendre hommage à ce peuple. Comme l’explique Jacky Lebas, "l’exposition est là pour donner la véritable image de l’Ukraine, celle qui compte de magnifiques monuments, ses maisons colorées, la beauté de ses paysages, et bien sûr sa population, un peuple pacifiste et d’une gentillesse incroyable". 

L’Ukraine est à côté de chez nous, il est important de montrer la beauté de ce pays avant le conflit et de montrer notre solidarité envers son peuple.

Olivier Barbarin, maire de Le Portel

Une exposition, à 2400kms du conflit, pour Olivier Barbarin, maire de Le Portel et ami de longue date de Jacky Lebas, qui a toute sa raison d’être :  "Notre lien avec l’Ukraine est né au moment de la catastrophe de Tchernobyl, lorsque nous avons accueilli des familles. L’Ukraine est à côté de chez nous, il est important de montrer la beauté de ce pays avant le conflit et de montrer notre solidarité envers son peuple. Montrer un peuple qui jusqu’à présent, avec peu de moyens, vivait normalement avec son système d’éducation, ses entreprises, un pays qu’aujourd’hui, on est en train de détruire, tout comme on détruit la vie de nombreux enfants".

"On peut tous devenir migrants demain"

Une exposition pour Stéphanie Lengagne, élue en charge de la culture à Le Portel, d’autant plus frappante, qu’ "il y a un véritable contraste entre les photos de Jacky Lebas et celles des médias depuis le début du conflit. Les visiteurs sont frappés par le côté paisible qui se dégage des photos de Jacky Lebas, fascinés même par le côté très vivants de ses clichés, comparés aux images de morts que nous renvoie cette guerre".

Les images d’un peuple pacifiste auquel on peut s’identifier. Avec à la clé une prise de conscience pour le public : oui, cela peut aussi nous arriver. Jacky Lebas le martèle haut et fort, "on peut tous devenir migrants demain. L’Ukraine est tournée vers l’Europe depuis très longtemps, considérée comme traitre à la pensée soviétique, mais sans rien n’avoir reçu de la France. Il est dommage qu’il faille une guerre pour que l’on regarde enfin son voisin".

Visible jusque fin mars à l’intérieur comme de l’extérieur de la médiathèque de Le Portel, l’expo photo de Jacky Lebas est d’autant plus frappante qu’elle contraste également avec les clichés et vidéos de guerre postés par l’ancien élu sur sa page Facebook depuis le début  du conflit.

Des photos à la fois poétiques et cruelles qui témoignent de ces vies volées, car celui qui n’aurait jamais penser voir la guerre arriver jusqu’au seuil de sa porte, est depuis le 24 février dernier, la voix française de l’Ukraine, multipliant les directs avec les télévisions du monde pour relater l’horreur de ce conflit. Le regard de celui qui veut avant tout retranscrire ce que ressentent et vivent ces populations. Un regard comme une arme de guerre.

On m’a proposé une arme pour me défendre en cas de danger, j’ai refusé,  je ne pourrai jamais tuer un homme. Je préfère continuer à témoigner sur les réseaux sociaux. Les paroles et les images ont plus de poids.

Jacky Lebas

Des témoignages qu’il est décidé à livrer jusqu’au bout, refusant coute que coute à quitter le pays. "En regardant le courage de tous ces gens qui se battent dans la rue, ce serait lâche de partir. Je ne rentrerai  pas."   

Un Nordiste en Ukraine

C’est pour réaliser un documentaire sur l’après Tchernobyl, que Jacky Lebas décide en 2019, de venir s’installer en Ukraine. Ukraine, la terre oubliée, un focus sur l’après catastrophe nucléaire, qu’il a mis trois ans à réaliser. Très vite, ce pays va devenir sa terre d’adoption. Un pays qu’il veut faire découvrir, à travers ses habitants, à travers la jeunesse ukrainienne. "Je retrouve ce que la France a perdu. Il y a peu d'incivilités, le respect des jeunes pour les parents est très fort ici." Parallèlement à son documentaire, depuis 3 ans qu’il est installé dans ce pays de l’Europe de l’est, Jacky Lebas a également écrit un livre et un recueil de photos en attente d'édition.