"Les invisibles" et "Rebelles" : pourquoi les comédies sociales tournées dans le Nord font un carton

"Les Invisibles" et "Rebelles", les deux comédies sociales tournées dans le Nord et le Pas-de-Calais cartonnent au box office. Leur point commun: toutes les deux dressent le portrait de femmes qui décoiffent dans une France en crise. Et ça fait du bien, manifestement. 

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L'un est une tragi-comédie sur des femmes sans-abri, l'autre, une comédie déjantée sur des femmes ouvrières
Le point commun de ces films : leur succès au box office

Sorti le 19 janvier, "Les invisibles" comptabilise à ce jour 1 300 000 entrées.
"Rebelles", débarqué dans les salles deux mois plus tard, affiche déjà 728 000 spectateurs.
 

Tournés à Boulogne-sur-Mer et Anzin


Un beau succès pour deux films portés sur les écrans sans promotion tapageuse et avec des coûts de production raisonnables. Tournés dans notre région, l'un à Anzin, l'autre à Boulogne-sur-Mer, les deux longs-métrages ont trouvé leur public. 

Dans "Les invisibles", Corinne Masiero a troqué sa chapka de Capitaine Marleau pour le chignon stricte d'une responsable associative qui accueille des femmes SDF. Avec son langage sans détour, elle analyse : "Que tu sois d’une classe sociale bourge ou prolo, que tu sois un homme, une femme, un gosse, un ado ou un adulte, tout le monde est touché".

 
 

Des comédies sociales qui sonnent juste 


Ces comédies sociales font mouche car  elles sonnennt juste. Avec des actrices qui ressemblent à leurs personnages et des personnages qui ressemblent à leurs actrices.

Dans "Les invisibles", les comédiennes professionnelles cotoient les amatrices, des femmes qui ont vraiment connu la rue ou la grande précarité, toutes criantes de vérité. 

Audrey Lamy leur donne la réplique. L'assistante sociale hyper investie auprès de ces femmes malmenées par l'existence est aussi l'ouvrière un rien excessive d'une conserverie de poissons à Boulogne-sur-Mer dans "Rebelles".

"C’est des femmes qui ont besoin qu’on les regarde, qu’on les observe avec bienveillance, avec amour parce qu’elles sont fortes", expose-t-elle. "Ce sont des combattantes de la vie."
   

L'humour comme arme de résistance 


L'humour plutôt que la réalité brute et frontale, un parti-pris plébiscité par le public, en ces temps de crise où manifestement, le rire a des vertus salutaires.

"Dans ces films, on est avec des gens qui sont mus uniquement par leur envie de venir en aide, de s’en sortir, de se débarrasser des cons. Et ça, ce n'est pas une mauvaise idée", s'amuse Xavier Leherpeur, journaliste et critique cinéma. "Ce qui évolue, c’est qu’on n’est plus dans des films de vertu idéologique, mais dans un social du quotidien".

"Les invisibles" a été produit par Liza Benguigui qui en 2013 avait également porté "Discount", du même réalisateur Louis-Julien Petit. L'histoire d'employés d'un magasin discount prenant la décision de créer un commerce équitable à partir de produits jetés par la grande distribution, en réponse à leur probable licenciement après l'installation de caisses automatiques. 
 

"Ce n’est pas parce qu’on est en galère, qu’on ne rie pas"


La productrice défend ce cinéma du réel qui traite avec humour la détermination farouche de petites gens décidées à s'en sortir ensemble, quels qu'en soient les moyens.

"La force de ces films est d'arriver à faire émerger des personnages qui vont nous embarquer dans une aventure dans laquelle on trouvera de la lumière, de l’humour, de l’espoir malgré une tonalité globale réaliste. C’est-à-dire qu’on n'est pas dans quelque chose d’improbable mais dans quelque chose de vrai. Finalement, ce n’est pas parce qu’on est pauvre, qu’on est en galère, qu’on ne rie pas. Qu’on n'a pas de volonté d’aller vers l’autre, de solidarité, d’entraide".
 
 

Entraide, solidarité, humour et dureté sociale


Entraide, solidarité, humour et dureté sociale, les ingrédients de base d'un cinéma qui s'inscrit dans les pas des comédies réalistes à l'anglaise, façon "Full Monty" de Peter Cattaneo, sorti en 1997 sur une bande de chômeurs qui vont rebondir en montant un spectacle de Chippendales. 

"Je crois que les gens se retrouvent", poursuit Liza Benguigui. "On voit ce qu’on vit et en même temps il y a de l’espoir. On se dit qu'on peut s'en sortir ensemble. C’est ça qui doit peut-être toucher les spectateurs."

"Les Invisibles" comme  "Rebelles" dressent le portrait de femmes plus résistantes que militantes, et farouchement attachantes.
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