Les inondations successives ont fortement endommagé le réseau routier du département du Pas-de-Calais. Une centaine de routes restent coupées ce vendredi 17 novembre 2023. Un fonds d’urgence de 10 millions d’euros a été débloqué mais la facture finale sera bien plus élevée.
Après 10 jours d’inondations dévastatrices à répétition, la décrue s’est engagée sur tous les cours d’eau du Pas-de-Calais. Les écoles ont rouvert, mais il est encore parfois très difficile de s’y rendre. Car l’eau a fortement endommagé le réseau routier et les travaux, chiffrés à plusieurs millions d’euros, démarrent à peine.
Sur les 6 200 kilomètres de route départementale que compte le département, environ la moitié du réseau a été impactée par les précipitations.
Un fonds d’urgence de 10 millions d’euros a déjà été débloqué par le département, auquel il faut ajouter le fonds de soutien de 50 millions d’euros annoncé par Emmanuel Macron. Mais la facture va être bien plus salée.
Sur la départementale 127, un trou d’un mètre de profondeur
Après une première crue suite au passage de la tempête Ciaran, la seconde crue de la Liane n’a pas épargné la départementale 127, reliant Samer à Doudeauville. Mercredi 8 novembre 2023, une partie de la route s’est effondrée, en témoigne cette photo.
Le trou mesure plus d’un mètre de profondeur. Sur cette portion de départementale, le bitume est brisé et la circulation totalement coupée. Pour Fabian, résidant en contrebas, c’est le système D. "Je fais le choix de laisser mon véhicule en amont du cratère pour aller à pied jusqu’à mon domicile, explique cet habitant de Doudauville. J’ai environ 10 minutes de marche pour aller manger à la maison, puis 10 minutes de marche avec une paire de bottes au retour pour être sûr de repartir au travail".
Ce vendredi 17 novembre 2023, 37 axes routiers restent coupés, soit 105 kilomètres de routes impraticables. Déviations, routes inondées... un calvaire pour Elisabeth, factrice dans le Boulonnais. "Le retard pour le travail, et puis je suis obligée de faire beaucoup de détours pour me rendre sur les points de distribution", témoigne-t-elle.
115 000 euros de travaux pour réparer la départementale 341 défigurée
La RD 341, plus connue sous le nom de la chaussée Brunehaut, s’étire sur 103 kilomètres depuis Arras jusque Boulogne-sur-Mer. Empruntée par 6 000 véhicules par jour dont 4% de poids lourds, la départementale est fermée à la circulation après Desvres.
En cause, un cratère provoqué par la pression trop importante des ruissellements. La chaussée, totalement affaissée, est impraticable. Les travaux d’enrochement viennent de débuter et le ballet des pelleteuses ne fait que commencer. "On va essayer de canaliser l’eau pour qu’elle reprenne son chemin existant avec des gros enrochements, explique Sylvain Lejeune, chef de chantier. Puis on va consolider le talus pour ne plus que la voirie parte par la suite".
Coût des travaux : 115 000 euros à la charge du conseil départemental du Pas-de-Calais. Près de deux semaines de travaux sont à prévoir. "On ne peut pas se permettre de laisser barrée une route aussi importante, résume Georges Maghales, responsable d'exploitation au Conseil Départemental du Pas-de-Calais. Tout le monde est sur le pont et on fait en sorte que la situation puisse se rétablir sur les points urgents le plus rapidement possible".
Qui va payer la facture ?
L’entretien des routes départementales, qui portent bien leur nom, est à la charge du département. Mais quid des voies communales fortement endommagées ? Exemple à Quesques, village de 650 habitants situé à équidistance de Lumbres et Boulogne-sur-Mer. Les inondations ont déraciné plusieurs arbres et ont créé l’écroulement d’une chaussée, permettant d’accéder à la route nationale 42 qui dessert notamment Saint-Omer.
Paul Saint-Maxent, maire LR de la commune, est un peu dérouté. "Des communes comme nous, avec un budget de 450 000 euros, on ne va pas pouvoir assumer tout ça, résume le premier édile. Surtout quand on sait qu’il y en a pour 70 000 euros HT rien qu’ici".
La route, impraticable et trop dangereuse, a été barrée et les travaux ne pourront avoir lieu avant l’été prochain selon le maire. "Pour le moment, on va à la pêche partout pour avoir toutes les subventions possibles", ajoute Paul Saint Maxent.