Depuis le 18 novembre, le Sea-Me-We-3, câble sous-marin de télécommunication, exploité par la société belge Belgacom, est au cœur d’une enquête publique. Ouverte dans 35 communes côtières du Nord et du Pas-de-Calais, elle porte sur un cahier des charges très précis.
Avec une longueur totale de 39 000 km, le Sea-Me-We 3 est le plus long câble sous marin jamais posé. Il relie le nord de l'Europe à l'Australie ! Invisible, il est pourtant essentiel, pour notre quotidien car il assure le bon fonctionnement d’internet pour des millions de personnes.
Une enquête publique : pourquoi faire ?
Depuis ce lundi 18 novembre et jusqu’au 20 décembre, la pose de ce câble et son exploitation font l'objet d'une enquête publique d’une ampleur inédite. Elle concerne les habitants des 35 communes de la Côte d’Opale, de Dunkerque à Berck en passant par Sangatte et Boulogne-sur-Mer, siège de la procédure.
Si le sujet est très technique, il n’en reste pas moins sensible. En effet, en cas d’endommagement du câble, la connexion internet de tout un pays peut être coupée pendant plusieurs jours. Ce câble a été mis en service en 2000, après avoir été notamment construit par l'entreprise Alcatel Submarine Networks - ASN -basée à Calais.
L’Etat a concédé l’exploitation du domaine public maritime à l’entreprise Belgacom en échange, de la maintenance du câble. Belgacom doit pour cela répondre à un cahier des charges précis. Mais la société conteste certaines modifications portant sur la fréquence de vérification de l’état du câble sous-marin.
La carte interactive est ici.
Un cahier des charges trés strict sur la sécurité
Mis en service en mars 2000, ce câble de télécommunication Sea-Me-We-3 - South East Asia, Middle East, Western Europe - est enfoui sous le sable du littoral de la Côte d’Opale à environ trois mètres de profondeur. La société belge est concessionnaire du câble sur les 85km qui longent le Pas-de-Calais et les 25 km du Nord.Aprés avoir perdu devant le tribunal administratif, la société Belgacom devra se plier au nouveau cahier des charges émis par la Préfecture : des vérification quinquennales obligatoires, des inspections systématiques avant les avis de tempête ou phénoménes météorologiques de grandes ampleurs.
Luc Guilbert, commissaire enquêteur nous précise : "les usagers ne sont pas des spécialistes de la question. Ma fonction n'est que de collecter les observations des personnes concernées par le dossier. Mais bien sur, l'enjeu est important. Le détroit du Pas-de-Calais est un champs de mines dans lequel plusieurs dizaines de câbles de communication sont installées. La sécurité est primordiale, pour les bâteaux et les équipages des chalutiers par exemple, car avec les courants maritimes, il arrive au câble de remonter à la surface."
Faire cohabiter les câbles sous-marins avec les pêcheurs
Le sujet est d’autant plus sensible que la cohabitation entre l’installation du câble et les pêcheurs n’est pas toujours aisée. "Le Sea-Me-We n’est qu’un câble parmi tant d’autre dans le détroit du Pas-de-Calais, qui est un espace assez restreint" remarque Antony Virat, secrétaire général du comité régional des pêches maritimes.
"Le câble est ensouillé mais avec les courants maritimes, il lui arrive de remonter à la surface. Donc il y a beaucoup des craintes d’incidents, d’autant plus que c’est une zone très fréquentée par les chalutiers. Les travaux de maintenance réduisent le territoire de pêche. Si le chalutier peut toujours passer à côté, les fileyeurs laissent leurs engins de pêche 24h, donc ils doivent absolument être prévenus sinon cela pose des problèmes de cohabitation "
Cette enquête publique n'intervient que près de 20 ans après la pose du Sea-Me-We-3. Si pour l'instant, aucun d’incident avec les pêcheurs n'a été constatée, en 2017, une coupure du Sea-Me-We-3 en Méditerranée, avait empêché l’Algérie d’accéder au web durant cinq jours.