Le gouvernement britannique est revenu en arrière et a annulé le contrat de 13,8 milllions de livres passé fin décembre avec une compagnie de ferry. L'objectif était de limiter les perturbations en cas de Brexit sans accord, mais la compagnie n'a pas de bateaux.
Le gouvernement conservateur de la Première ministre britannique Theresa May était accusé samedi de "cafouillage" dans la préparation d'un Brexit sans accord après avoir dû rétropédaler dans l'attribution d'un contrat à une compagnie de ferry n'ayant... ni bateaux, ni expérience.
En décembre dernier, le ministère des Transports britannique avait passé des contrats avec trois compagnies de ferry pour un montant de 107 millions de livres (120 millions d'euros) afin de limiter les perturbations dans les ports en cas de sortie sans accord le 29 mars, la date prévue pour le Brexit.
L'un de ces contrats avait été noué avec la société britannique Seaborne pour 13,8 millions de livres (15,3 millions d'euros) pour créer des liaisons supplémentaires avec le continent, entre Ramsgate (Angleterre) et Ostende (Belgique). Or, Seaborne n'a jamais opéré le genre de services pour lequel elle a été sollicitée et n'a "ni navires ni historique commercial", avait souligné le conseiller local Paul Messenger (conservateur),
sur la BBC.
L'exécutif britannique comptait alors y remédier via le concours d'une entreprise tierce, Arklow Shipping, basée en Irlande, mais celle-ci s'est retirée. "Suite à la décision d'Arklow Shipping (...) de se retirer du contrat, il est devenu évident que Seaborne n'atteindrait pas ses objectifs contractuels. Nous avons donc décidé de mettre fin à notre accord", a déclaré un porte-parole du ministère du Transport. Le gouvernement, a-t-il ajouté, est en discussion avancée avec "plusieurs compagnies" pour remplacer Seaborne en cas de Brexit sans accord.
Déjà critiqué lors de l'annonce de ce contrat, le gouvernement affrontait samedi un nouvel orage. "Comme nous l'avions prédit, le contrat Seaborne (...)
a été annulé", a déclaré Andy McDonald, un responsable de l'opposition travailliste, appelant à la démission du ministre des Transports Chris Grayling. "Nous ne pouvons laisser ce ministre (...) continuer à humilier notre pays. Il doit partir", a-t-il insisté.
Chris Grayling was told & better told that this wouldn’t work. This is humiliating and causes yet more damage to our country’s reputation. He’s been banned from Calais & Theresa May should ban him from the Dept of Transport before he does any further harm. https://t.co/ue4IuD14i7
— Andy McDonald MP (@AndyMcDonaldMP) 9 février 2019
"C'est une nouvelle indication que le gouvernement n'a pas de plan dans le cas où le Royaume-Uni quitterait l'Union européenne sans accord", a estimé un autre cadre du Labour, Andrew Gwynne, sur la BBC.
"Fiasco", "cafouillage", a dénoncé de son côté Mick Cash, secrétaire général du syndicat RMT (Rail, Maritime and Transport), accusant le gouvernement d'avoir ignoré les mises en garde. Le rejet massif en janvier par les députés britanniques de l'accord de divorce négocié avec Bruxelles a ouvert la possibilité d'un Brexit sans accord, qui pourrait entraîner des embouteillages monstres à proximité des ports en raison de la mise en place en urgence d'une multitude de contrôles douaniers et réglementaires.
Brexit : où en est-on ?
À 47 jours de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, Londres et Bruxelles ne sont toujours pas parvenus à trouver un accord sur les conditions du divorce.Si un accord avait été trouvé en novembre entre l'UE et le gouvernement britannique, il a été balayé d'un revers de la main par le Parlement britannique le 15 janvier dernier. Les députés de la Chambre des Communes ont exigé de la Première ministre, Theresa May, qu'elle retourne négocier avec Bruxelles, notamment sur la question du "backstop", solution temporaire qui permettrait à l'Irlande du Nord de rester un temps dans l'union douanière européenne pour éviter le retour d'une frontière dure entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord.
Après avoir survécu à une nouvelle motion de défiance en janvier, portée par le leader travailliste Jeremy Corbyn, Theresa May est donc repartie négocier avec Bruxelles la semaine dernière. Si, sur la forme, les discussions vont continuer, sur le fond, aucune solution ne semble en passe d'être trouvée pour sortir de l'impasse.
Mercredi dernier, le président du Conseil européen Donald Tusk, s'est demandé à quoi ressemblerait "la place en enfer" réservée aux partisans du Brexit. De quoi ajouter, encore une fois, de l'huile sur le feu.