Précarité : un local de la Croix-Rouge fermé en plein hiver malgré ses 450 bénéficiaires dans le désarroi

Le 23 janvier prochain, la Croix-Rouge d'Auchel fermera définitivement ses locaux. Le Maire de la commune, propriétaire du bâtiment, se retranche derrière une décision de la Cour des comptes pour récupérer le local.

Plafonds percés, fenêtres cassées, un vent glacial souffle à travers les pièces du bâtiment de la Croix-Rouge, rue Uriane-Sorriaux à Auchel. Elle est hébergée depuis 12 ans par la commune, dans des conditions précaires, dans un immeuble qui n'a jamais bénéficié de travaux de mise en sécurité. Malgré l'insalubrité des lieux et faute de mieux, l'association distribue des colis alimentaires à 110 familles parmi les plus démunies de la ville d'Auchel.

En juin dernier, Philibert Berrier, le Maire de la ville, demande à l'association humanitaire de quitter les lieux pour le 23 janvier prochain. En cause : une demande de la Cour des comptes de réduire son patrimoine immobilier, jugé trop important en comparaison de ses ressources. Dans ce bassin minier autrefois prospère, certaines villes ont hérité de nombreux bâtiments miniers qui coûtent cher à entretenir.

Le rez-de-chaussée peut encore être utilisé pour la distribution de colis alimentaires, surtout que nous ne recevons qu'une personne à la fois.

Dominique Sellez, La Croix-Rouge

Décision incompréhensible

Du coté de la Croix-Rouge, la décision du Maire d'Auchel est jugée incompréhensible. Pour Dominique Sellez, son responsable local, c'est une catastrophe pour les 450 bénéficiaires, qui ont besoin de la solidarité de l'association humanitaire. 

" Certes l'étage du bâtiment est en mauvais état, explique-t-il, mais le rez-de-chaussée peut encore être utilisé pour la distribution de colis alimentaires, surtout que nous ne recevons qu'une personne à la fois. Je pense que le problème vient d'ailleurs. Le maire nous a fait comprendre que la queue de gens pauvres devant notre local était d'un autre temps, celui de l'après-guerre et que ce n'était pas bon pour l'image de sa ville", ajoute Dominique Sellez.

Déplacer les bénéficiaires vers Bruay?

Et pour enfoncer le clou, le maire d'Auchel propose à la Croix-Rouge de déplacer ses bénéficiaires une fois par mois en bus, vers l'autre centre géré par l'association situé à Bruay-la-Buissière. 

Pour Françoise Plouvier, la responsable du centre de distribution d'Auchel, c'est impossible de déplacer autant de monde à la fois.

"Parmi nos bénéficiaires nous avons des femmes avec poussettes et des enfants en bas âge, des personnes à mobilité réduite et des malades. De plus, les colis comportent souvent des conserves et des packs de lait et c'est lourd. S'ajoute à ça le transport, il faut 40 minutes en bus pour aller jusqu'à Bruay-La-Buissière", termine, agacée, la responsable de la Croix-Rouge. 

"Plus qu'une distribution alimentaire"

Dans la grande salle du bas, à quelques jours de la fermeture, il ne reste que quelques paquets de riz, de pates à côté des boîtes de thon, et les congélateurs sont vides. Ce lieu n'était pas seulement un lieu de distribution mais un endroit ou chacun pouvait recevoir un conseil ou se faire aider pour des papiers administratifs ou simplement faire un CV. Pour les responsables de la Croix-Rouge, c'est un crève cœur d'abandonner toutes ces personnes et tous les bénévoles qui ne comptaient pas leurs heures pour aider les plus fragiles. Malgré tout, l'association humanitaire veut encore croire qu'une solution est possible et que la mairie d'Auchel reviendra sur sa décision d'ici le 23 janvier prochain.