C’était il y a 20 ans jour pour jour : l'annonce choc de la fermeture de Metaleurop, l'usine de Noyelles-Godault. Retour sur les derniers mois d'un mastodonte de l'industrie du Nord et sur le combat judicaire des 830 salariés.
C'est un triste anniversaire pour les anciens de la fonderie de Noyelles-Godault, dans le Pas-de-Calais. Il y a 20 ans, le 17 janvier 2003, la maison mère de Metaleurop lâchait l'usine et laissait sur le carreau les 830 salariés. Une annonce faite par simple fax aux employés...
À l'époque, Farid Ramou, porte parole des salariés et leader syndical prenait le micro pour exprimer sa colère : " On se fout carrément de notre gueule donc on va aller agir !"
Un long combat judiciaire
Ils ont cassé notre usine, on casse leur baraquement
un salarié
L'usine centenaire était alors la plus grande fonderie d'Europe de zinc et de plomb. Les salariés s'organisent, ils ne veulent pas disparaître en silence et multiplient les actions et manifestations.
Un mois après l'annonce, ils investissent les locaux désertés de Glencore, principal actionnaire du groupe, accusé d'avoir signé l'arrêt de mort de l'entreprise. "Ils ont cassé notre usine, on casse leur baraquement", scande un manifestant.
Mais quelques mois plus tard, le 17 mars, le couperet tombe : l'entreprise est liquidée. Les ex-métallos sortent en pleurs du tribunal de commerce de Béthune. La bataille de l'emploi est perdue, mais la bataille judiciaire elle ne fait que commencer.
Pendant les années qui suivent les ex-salariés, vont se battre pour établir la responsabilité de la maison mère et de son actionnaire.
Six ans après la fermeture du site, des indemnités sont enfin évoquées pour 460 anciens ouvriers, les montants vont de 10 à 30 000 euros selon l'ancienneté. Aujourd'hui, la bataille judiciaire n'est toujours pas achevée.
Interrogé par nos confrères de France Bleu Nord, Albert Lebleu, président de l'association "Choeurs de fondeurs", est revenu sur cet épisode douloureux : "À l'époque, je pensais très sincèrement qu'au bout de trois ou quatre ans, tous les problèmes auraient été résolus. L'accompagnement social, la santé, l'emploi, les actions en justice, je pensais que tout ça aurait été terminé"
La zone la plus polluée de France
Plusieurs années après sa fermeture, une bataille judiciaire d'un autre genre commence, elle concerne la pollution des sites environnants à l'usine. La fameuse cheminée qui rejetait 18 tonnes de plomb dans l'atmosphère, mais aussi du zinc et de l'arsenic n'est certes plus là, mais les sols alentours sont toujours pollués.
L'an dernier, en 2022 les analyses des sols attestaient de la présence de plomb, dans les communes autour de l'ancienne usine. Une habitante confirme avec agacement :" Partout, les sols sont plombés ! Que ce soit l'école, les jardins, ça fait des années qu'on est comme ça, c'est pas maintenant que ça va changer."
Une plainte pour préjudice écologique a été déposée par les élus de la communauté de commune d'Hénin-Carvin. 650 hectares de terres seraient pollués autour de l'ancienne fonderie, ce qui en fait la zone la plus polluée de France.