"C’est un travail de dextérité et j’aime beaucoup ça" : tuyauteur soudeur, un métier recherché dans l'industrie et en voie de féminisation

Dans le Pas-de-Calais, les entreprises sont à la recherche de tuyauteurs soudeurs. Les professionnels créent des formations pour tenter de répondre au besoin et de féminiser le secteur de l’industrie.

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Dans l’atelier carbone d’Altrad Endel, une entreprise de métallurgie à Gravelines, sous un masque à la vitre teintée il y a Leslie, l’une des deux femmes soudeuses de la région. Avant de tenir un poste à souder elle est passée par le monde de la mode et du commerce. Curieuse, elle prend un virage à 180°C en se lançant dans une reconversion de soudeuse.
Un travail de précision et de la texture qui l’attire. "J’aime le travail de la matière, le fait de raccorder deux tuyaux ensemble, j’aime bien c’est fluide. C’est un travail de dextérité et j’aime beaucoup ça dans le métier".

Pour en arriver là, Leslie a suivi un titre professionnel. Une formation en alternance, ouverte en 2022, qui en plus de vouloir remettre un coup de projecteur sur le métier, mène une action de féminisation de celui-ci. Encore aujourd’hui l’image de l’industrie est celle d’un monde exclusivement masculin et dans les usines les femmes sont trop peu nombreuses.
Une réputation infondée selon Claelia Delannoy, responsable des ressources humaines chez Altrad Endel, "C’est vrai que sur l’industrie en général et nous, on l’a vu plus spécifiquement sur le nucléaire, on n’avait quasi-pas de femme dans nos métiers techniques. On a quelques femmes mais plutôt dans les métiers support, prévention des risques… Moi je peux en témoigner je n’avais plus de femmes sur les métiers de tuyauteuse ou soudeuse dans l’entreprise et il n’y a pas de raison."

Aujourd’hui, embauchée en contrat à durée déterminé, Leslie démontre que cette profession n’a pas de genre. Comme elle, 4 jeunes femmes ont validé leur titre professionnel de « tuyauteuse soudeuse » et obtenu leur diplôme.

Adresse et persévérance

24 semaines en entreprise et 8 semaines au lycée de l’Europe de Dunkerque, c’est le temps qu’il faut pour acquérir les bases du métier de tuyauteur soudeur avec un maximum de gestes professionnels. Si l’un fabrique des chanfreins, l’autre raccorde les tuyaux. Dans le deuxième cas, la persévérance est de mise car l’apprentissage ne s’arrête pas une fois le diplôme en poche "ces 9 mois c’est juste le début de l’aventure puisqu’on ne fait pas un soudeur qualifié sur tous les domaines au bout de 9 mois, c’est le début c’est un socle déjà important, intéressant mais après il y a un certain nombre de qualifications que la personne va continuer d’acquérir tout au long de sa carrière."

Selon Sylvain Vité, directeur délégué de la centrale de Gravelines, il faut compter 5 ans d’expérience en moyenne pour avoir un socle de compétences solide. Un travail de longue haleine, qui s’explique par le nombre conséquent de qualifications possibles. En effet dès que la position, le métal d’apport ou le diamètre du tuyau sur lequel la soudure doit être faite changent, le soudeur doit passer une nouvelle habilitation.

C’est pourquoi, pour approfondir l’apprentissage, en 2023 lors de la deuxième promotion, les études de tuyauteur soudeur ne sont plus communes, chaque métier a depuis un enseignement dédié à 100%. Dispensé par des professionnels du monde de l’industrie, ce cursus créé par le groupe EDF avec France Travail et l’université des métiers du nucléaire est façonné pour et par les entreprises.

L’objectif premier est de relancer la filière des métiers du nucléaire puis d’accompagner toutes les entreprises du secteur dans leur recrutement, car dans les trois prochaines années elles devront avoir étoffé leurs effectifs avec une centaine de nouveaux employés.

Si l’accent est mis sur le nucléaire, le directeur délégué de la centrale de Gravelines tient à ce qu’une fois formés, les apprentis puissent avoir accès au monde de l’industrie dans son ensemble. "On commence le 1er mois  sur les informations spécifiques à l’environnement nucléaire mais après le contenu technique est assez généraliste et adaptable sur d’autres industries comme la pétrochimie, papeterie ou autre c’est transposable. En revanche, on essaie de faire en sorte que ceux qu’on a formés restent sur le nucléaire".

Un recrutement anonyme pour répondre aux besoins

Accessible à toutes et à tous, cet apprentissage s’adresse à des élèves avec ou sans diplômes ayant un projet de reconversion ou non. Pour intégrer la formation, il est indispensable d’être embauché en alternance au sein de l’une des 10 entreprises partenaires et là encore, le recrutement n’est pas traditionnel. Afin d’élargir la palette de candidatures France Travail organise une Méthode de Recrutement par Simulation, le CV et le parcours sont mis de côté pour se concentrer sur la motivation et la dextérité nécessaire à cet emploi. "On va retenir la motivation et le savoir être, on arrive à avoir une palette plus large en termes de candidature que si on était allé sur du recrutement classique". Selon Claelia Delannoy, c’est une chance pour les entreprises comme pour les apprentis.
Cette année, le nombre de candidats a doublé par rapport à la dernière promotion, 15% d’entre eux sont des femmes.

Reconnu par le ministère du travail et l’éducation nationale, depuis sa création en 2022, le titre professionnel "tuyauteur soudeur" a permis l’emploi de 27 apprentis sur le territoire parmi eux 5 sont des femmes.

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