Ils ont fait rêver la France du football lors de la saison 2019-2020 en parvenant en finale de la Coupe de France contre Nantes. Vingt ans plus tard, que sont devenus ces footballeurs amateurs ?
Après leurs exploits en Coupe de France, aucun n’est parvenu à faire une carrière professionnelle, malgré les sollicitations dont certains ont fait l’objet juste après la finale perdue (1-2) contre les canaris.
A l’époque de l’épopée, tous avaient un emploi à côté. Aujourd’hui, ces anciens joueurs qui ont tous dépassé la quarantaine ont des métiers divers, dans la région ou ailleurs. A l’exception du capitaine Réginald Becque, tous en dehors du football.
A 47 ans, Réginald Becque travaille aujourd’hui à la Fédération française de football (FFF). Cet ancien commercial dans une entreprise d’agencement de magasin a arrêté de jouer en 2005. Il a travaillé successivement pour la compagnie transmanche Seafrance (aujourd’hui disparue), puis à la Ville de Coudekerque-Branche.
Parallèlement, il a entraîné des équipes réserves ou de jeunes à Calais, Audruicq, Gravelines et Marck. Sans en faire son métier. « Depuis trois ans, à la FFF, je suis chargé de la ligue du football amateur. Je m’occupe notamment de l’événementiel et de la promotion du football. Je suis aussi chargé de suivre le partenariat établi par la Fédération avec Nike ».
Il passe donc son temps (pas en cette période de confinement) entre Dunkerque, où il réside, et Paris, où il travaille. Occasionnellement, il est également consultant TV. C’est donc l’exemple d’une reconversion réussie. « J’ai toujours eu la volonté de me former », confie-t-il. « Le parcours réalisé avec le CRUFC m’a ouvert des portes, et j’ai pu mener des expériences enrichissantes à Seafrance ou à Coudekerque avant de retrouver la famille du football à la FFF ».
Deswarte invite Macron…
Autre reconversion réussie, et totalement en dehors du football, celle de Grégory Deswarte (43 ans). L’ancien défenseur central du CRUFC et de l’USLD est aujourd’hui responsable des équipes de production chez AstraZeneca à Dunkerque. Ce puissant groupe pharmaceutique produit notamment des médicaments dans le domaine des maladies respiratoires. Il est donc particulièrement engagé actuellement dans la lutte contre le Covid-19.
En début d’année, Emmanuel Macron avait d’ailleurs visité le site de Dunkerque. Et à cette occasion, l’ancien footballeur avait invité le président de la République au match du souvenir prévu le 6 juin entre les anciens du CRUFC et de Nantes. Un événement, qui bien sûr, n’aura pas lieu cette année…
Comme eux, la plupart des anciens sont restés à Calais ou sur la Côte d’Opale. C’est le cas de Cédric Schille (44 ans). L’ancien gardien du CRUFC est actuellement employé à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Calais, tout comme Fabrice Baron (45 ans).
Mickaël Gérard (47 ans), travaille au Port de Calais. Lors de sa carrière au CRUFC, l’ancien ailier était magasinier dans un cash and carry, tout comme Jocelyn Merlen (47 ans également). Aujourd’hui, l’ancien arrière latéral est employé municipal à la Ville de Calais.
Sont également fixés à Calais l’ancien milieu Manu Vasseur (43 ans), qui vient d’ouvrir un café, et Mathieu Millien (41 ans). Le benjamin de l’équipe à l’époque entamait alors une carrière d’enseignant. Il est toujours professeur des écoles à Calais, sa ville natale.
Des chemins très différents
D’autres se sont à peine éloignés de Calais. L’ancien milieu de terrain Grégory Lefebvre (48 ans), travaille ainsi à la Ville de Guînes, où il était directeur du centre de loisirs. L’ex-attaquant Christophe Hogard (45 ans), lui, oeuvre toujours au Centre communal d’action sociale (CCAS) de Loon-Plage, où il avait débuté en 1996.Il a gravi plusieurs échelons et il est aujourd’hui référent social pour la commune. « Nous sommes dix dans le service. Pendant le confinement, nous avons travaillé en alternance, un jour sur 7. Nous reprenons lundi et avant cela, nous distribuons les masques pour les habitants de la commune ».
Parallèlement à ce métier qu’il apprécie, Christophe Hogard reste toujours pleinement impliqué dans le football amateur. Après l’épopée 2000, il avait été sollicité par le Amiens SC qui descendait de ligue 2 en championnat national, sans y donner suite.
« J’ai fêté mon jubilé en 2012 à Loon-Plage. C’était en commun avec l’association Grégory-Lemarchal », se souvient-il. Il s’est alors tourné vers une carrière de dirigeant à l’Olympique Grande-Synthe (OGS), qui évolue actuellement en Nationale 3. Responsable des sections jeunes avant d’être chargé du sponsoring aujourd’hui. Une charge qui ne sera pas évidente à mener dans le contexte de crise économique qui frappe actuellement l’ensemble du secteur sportif à cause du coronavirus.
Stéphane Canu (51 ans) était lui entré en jeu lors de la finale à la place de Grégory Lefebvre. Le vétéran de l’équipe était alors employé aux espaces verts de la Ville de Gravelines. Il exerce toujours ce métier de jardinier municipal aujourd’hui.
Seuls deux anciens de la finale 2000 ont quitté la Côte d’Opale. Jérôme Dutitre (44 ans), a tenté une carrière d’entraîneur : entraîneur-joueur d’abord dans sa ville natale d’Abbeville en 2010 ; puis entraîneur de l’US Saint-Omer en 2015. Aujourd’hui, l’ancien attaquant vit à Reims et travaille comme Christophe Hogard au CCAS de la ville de Crépy-en-Laonnois. « L’une de mes filles fait des études à Reims. C’est pourquoi nous nous sommes installés en famille ici ».
Après son parcours de footballeur, Jérôme Dutitre a passé ses diplômes d’entraîneur et se consacrait à cette nouvelle fonction. Revenu au CRUFC pour s’occuper des jeunes, il s’est retrouvé sans activité après la disparition du club en 2017. Il a donc accepté cet emploi territorial dans l’Aisne, « pour se poser un peu et profiter de la famille. Mais j’espère retrouver un poste d’entraîneur dans les prochaines années ».Pas de regret non plus de ne pas avoir eu sa chance de passer professionnel. « Après la finale de la Coupe, nous attendions des propositions. Curieusement, il n’y en a pas eu à part pour Cédric Schille à Strasbourg ».
L’autre « exilé » c’est Cédric Jandau (43 ans). Après avoir quitté le CRUFC en 2002, ce milieu de terrain qui avait marqué un but mémorable lors de la demi-finale contre Bordeaux, a continué à jouer à Gravelines d’abord (2002-2006), puis à Boulogne (2006-2007), avant de terminer sa carrière dans la région de Toulouse, où il réside toujours. Mais le gendre de Ladislas Lozano n’a pas conservé de lien avec les anciens, pas plus que Benoît Lestavel, également entré en jeu lors de la finale.
Et les cadres ?
Ladislas Lozano, lui, a beaucoup bourlingué. L’entraîneur emblématique du CRUFC de l’épopée a entraîné 11 clubs entre son départ de Calais en 2001 et 2014, en France (Créteil Lusitanos et Reims notamment), mais surtout au Maghreb et au Qatar, où il a terminé sa carrière d’entraîneur professionnel.
Fixé un moment à Toulouse, Ladislas Lozano est finalement revenu dans le Pas-de-Calais où il a été cadre territorial à Saint-Omer, Berck et Calais. Il est maintenant passé à la politique puisqu’il a été élu sur la liste de Natacha Bouchart lors du 1er tour des élections municipales à Calais. Il figurait en 12è position sur la liste de la maire sortante.
Quant aux principaux dirigeants de l’époque, deux ont disparu. Claude Thiriot, le manager général, est décédé en septembre 2004 des suites d’un cancer, à l’âge de 70 ans. Conseiller municipal d’opposition, il était très apprécié des joueurs, qui animent toujours le tournoi Claude-Thiriot créé à sa mémoire.
Très apprécié du groupe également, André Roches est mort le 2 janvier 2019, à l’âge de 73 ans. Ancien coiffeur, il a été président délégué du club entre 1995 et 2006. C’était aussi le beau-père de Cédric Schille.
Le président du conseil d’administration, Jean-Marc Puissesseau, venait à l’époque d’être élu président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Calais. Il est aujourd’hui le président de la société d’exploitation des ports du littoral (Boulogne et Calais).
Les anciens joueurs ont créé une association en 2005 qui leur permet de rester en contact et de participer à des actions communes comme le tournoi de futsal en janvier et le Challenge Claude-Thiriot en juin.
Ils devaient se retrouver le 6 juin au stade l’Epopée, qui n’existait pas encore en mai 2000. La fête est repoussée à l’année prochaine.