L'État est censé avoir un droit de regard sur la vente, au vu de l'importance stratégique de l'entreprise.
Une centaine des quelque 400 salariés de l'usine d'Alcatel Submarine Networks à Calais, propriété de Nokia, se sont rassemblés mardi pour demander des garanties sur l'emploi en cas de rachat éventuel par l'équipementier en télécoms français Ekinops, a-t-on appris de sources syndicales.
"Aujourd'hui, le gouvernement ainsi que notre actionnaire, Nokia, ne nous en ont pas dit davantage sur l'éventuel repreneur ni quelles étaient les garanties pour le maintien de l'emploi sur le site de Calais", a déclaré Gilles Rommelaere, délégué CGT.
"On aimerait que Nokia nous dise dans quelles conditions il veut nous vendre, est-ce que la propriété intellectuelle sera dans le packaging ou vont-ils la conserver ?", a-t-il ajouté, craignant des suppressions de postes.
C'est quand même une boîte beaucoup plus petite que la nôtre
Mi-octobre, Ekinops a indiqué être en "discussion préliminaire" avec Nokia pour un rachat d'Alcatel Submarine Networks, l'ancienne division de câbles sous-marins d'Alcatel. Basé à Lannion (Côtes-d'Armor), Ekinops a réalisé un chiffre d'affaires de 63 millions d'euros sur les neuf premiers mois de 2018.
"C'est quand même une boîte beaucoup plus petite que la nôtre. Si demain notre actionnaire ferme le robinet des besoins en investissement pour développer les produits du futur, on ne pourra plus répondre aux attentes des clients et on n'aura plus de commandes", a réagi Bryan Fackeure, délégué CFDT.
Alcatel Submarine Networks est entrée dans le giron de Nokia lors de la fusion de l'équipementier finlandais avec Alcatel en 2015.
Une entreprise cruciale
L'entreprise, qui fabrique, pose et entretient les câbles sous-marins, est considérée comme un actif crucial par la France et occupe une place de choix sur un marché mondial concentré aux mains de seulement quelques acteurs.
En avril, la commission d'enquête sur la politique industrielle de la France avait relevé que le "caractère stratégique" d'ASN était en train de se "renforcer".
Dans le cadre des accords signés avec Nokia en 2015, l'État français dispose d'un droit de regard en cas de vente d'ASN.