Londres s'est engagée jeudi à raccourcir les délais de traitement des demandes d'asile, notamment pour les mineurs isolés étrangers, conformément aux attentes de la France. Jean-François Roger, directeur départemental de France terre d'asile, revient sur les annonces franco-britanniques.
Environ 450 mineurs étrangers isolés vivent dans le Pas-de-Calais, dans les campements et les centres d'accueil: des jeunes d'origine d'Érythrée, d'Afghanistan, d'Éthiopie, principalement des garçons âgés en moyenne de 16 ans qui veulent rejoindre l'Angleterre, selon Jean-François Roger, directeur départemental de France terre d'asile, association chargée des mineurs dans le département. Pour lui, l'accélération de l'instruction des demandes est une "bonne chose", mais elle devrait concerner tout le territoire et pas seulement le Pas-de-Calais.
Quelle est la particularité du Pas-de-Calais ?
"On constate dans le département une augmentation importante du nombre de mineurs mis à l'abri : nous sommes passés de 300 en 2012 à plus de 2.000 l'an dernier. Cela s'explique par les flux migratoires qui se sont amplifiés à Calais en 2015 et 2016 et qui se sont réduits en 2017, mais avec un pourcentage de mineurs encore assez prégnant.
Dans le département, nous sommes face à des jeunes qui ont vocation à aller en Angleterre et non à rester en France. Alors que dans les autres départements, les mineurs voulant se rendre en Angleterre ne font que passer, nous sommes ici la dernière frontière à franchir, qui peut prendre plusieurs mois. Cela implique alors d'avoir un dispositif suffisant pour les accueillir.
Par ailleurs, le département du Pas-de-Calais doit accueillir à la fois les mineurs du Pas-de-Calais et donc du Calaisis, mais aussi 2,57% des mineurs arrivant sur le territoire national à cause de la répartition de la prise en charge des mineurs isolés étrangers."
Quels sont les dispositifs pour les mineurs isolés dans ce département ?
"France terre d'asile dispose de 150 places pour les mineurs isolés stabilisés sur le territoire national à Arras, Saint-Omer et Liévin. L'association a également un dispositif d'hébergement d'urgence de 80 places qui a accueilli en 2017 2.215 mineurs isolés étrangers. Dans ce centre, il s'agit essentiellement de mineurs en transit qui sont sur un parcours migratoire vers l'Angleterre, ils viennent donc essentiellement pour se reposer, reprendre des forces... et repartent.
Parmi eux, 30% font le choix de se stabiliser sur le territoire national. Malgré les informations que nous leur donnons sur leurs droits, notamment sur l'asile, ils restent souvent convaincus par l'attrait britannique pour différentes raisons notamment celle de la langue et ils pensent qu'ils pourront y travailler plus facilement.
Mais certains jeunes finissent par choisir la France par dépit: ils tentent le passage à plusieurs reprises en vain et, du fait des conditions de vie difficiles sur Calais, par fatigue, ils finissent par faire le choix de se stabiliser en France."
Londres s'est engagé à accélérer les procédures pour les mineurs, qu'en pensez-vous ?
"Qu'elles soient accélérées est une bonne chose. La priorité étant pour nous que ces procédures accélérées soient réalisables de n'importe où en France, pas uniquement pour les mineurs présents à Calais, où, historiquement, il y a eu plus de demandes, parce qu'il y a des équipes dédiées. On ne sait pas si cela va être le cas.
En 2017, 19 mineurs isolés de Calais ont bénéficié du rapprochement familial pour la Grande-Bretagne. En 2016, avant le démantèlement de la "Jungle", il y avait un partenariat entre autorités françaises et britanniques: un peu moins de 400 avaient pu entrer dans cette procédure de rapprochement, en quelques semaines."