Dans un post Facebook, un candidat pour la ville de Guînes et conseiller régional Rassemblement National dans les Hauts-de-France, Christophe Marécaux, suggère de former les enfants au tir, "pour lutter contre la menace islamiste". Joint par téléphone, il confirme sa position.
Le message a été repéré par nos confrères de Nord Littoral. "L'instruction de nos enfants au tir, face aux menaces islamistes présentes et futures n'est elle pas une nécessité ?" La formule peut choquer. Pourtant elle émane d'un candidat aux élections municipales de Guînes (près de Calais dans le Pas-de-Calais).
Christophe Marécaux, tête de liste pour les prochaines municipales dans cette ville de 5700 habitants, et conseiller régional du Rassemblement national, était en visite au stand de tir Patriote Tir Guînes, afin de "soutenir les tireurs". Dans un post Facebook, le candidat publie quelques photos de l'Assemblée générale et termine par ce message, en revoyant vers un lien wikipédia sur la page "Terrorisme en France".
"On va pas se laisser faire égorger comme des cochons"
Joint par téléphone, le candidat RN s'étonne de l'intérêt porté à ce message, mais persiste, et signe : "L'État n'assure plus ses missions régaliennes, nous ne sommes plus en sécurité", se justifie t-il. Avant de conclure par cette formule : "On va pas se laisser faire égorger comme des cochons". Le candidat assume de "poser la question, de lancer un débat", mais nie tout appel à armer des enfants.
Joint par France 3 ce dimanche, Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national "ne valide pas" cette proposition. De son côté, Ludovic Pajot, délégué départemental RN déclare que les propos de M. Marécaux, "n'engagent que lui, puisqu'il conduit une liste sans étiquette".
Convoqué par le RN
Christophe Marécaux est toujours conseiller régional des Hauts-de-France du Rassemblement national mais ce lundi, son parti a annoncé sa convocation, devant sa commission des conflits.
Dans un tweet, le porte-parole du RN et député du Nord Sébastien Chenu a annoncé que "conformément aux statuts de notre mouvement le conseiller régional candidat à Guines sera convoqué en commission des conflits suite à ses propos inadmissibles".
Conformément aux statuts de notre mouvement le conseiller régional candidat à Guines sera convoqué en Commission des conflits suite a ses propos inadmissibles @ludovicpajot @BrunoBilde @lavoixdunord @AfpLille
— Sébastien Chenu (@sebchenu) February 3, 2020
Quelques minutes auparavant, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand s'était étonné sur BFMTV et RMC de n'avoir "pas entendu" la présidente du RN et députée du Pas-de-Calais Marine Le Pen condamner et exclure cet élu aux propos "dangereux".
Mme Le Pen "elle est où là ? Elle est aux abonnés absents ? Il faut qu'elle s'exprime là-dessus parce que c'est dangereux", a-t-il affirmé. Les dirigeants du RN "exploitent la colère et la peur des gens", a estimé M. Bertrand, qui plaide pour un Etat fort afin de ne pas "voir se développer un jour un système d'autodéfense ou de milices".
Selon Xavier Bertrand, les dirigeants du Rassemblement National sont des "incompétents" qui "exploitent la colère et la peur des gens" pic.twitter.com/6h3leushg3
— BFMTV (@BFMTV) February 3, 2020
"Stupide et dangereuse"
Peu après, Marine Le Pen a accordé une courte interview à RMC : "Cette proposition est stupide, dangereuse et n’engage que le conseiller régional dont elle émane", a assuré la députée du Pas-de-Calais.
La proposition du candidat #RN fait bondir, même en interne...https://t.co/GfCINIvipw#BourdinDirect
— RMC (@RMCinfo) February 3, 2020
Le délégué du RN aux études Jean Messiha a refusé de se prononcer sur CNews sur l'exclusion ou pas de cet élu. Au sujet de la proposition de l'élu, il a dit que "pour l'instant ce n'est pas notre position du tout". "Sur les enfants (M. Marécaux) a dit n'importe quoi, mais sur le débat en général on a le droit de se poser des questions".