Clément Bouly, étudiant originaire du Calaisis, a été tué par un inconnu le 8 février à Budapest, la veille de ses 26 ans. Il était parti en week-end en Hongrie avec sa compagne. "Je l'appelle tous les jours pour entendre sa voix sur sa messagerie", confie sa mère.
C'est en allant chercher un petit-déjeuner, peu après 6 heures le matin du samedi 8 février, que Clément Bouly a été tué à l'arme blanche sur la voie publique dans le 5e arrondissement de Budapest, en plein centre-ville. Le jeune homme originaire de Nouvelle-Eglise dans le Pas-de-Calais a croisé le chemin d'un inconnu, qui l'a attaqué d'un coup de couteau, sans raison.
Ne parvenant plus à joindre la victime, sa petite amie qui l'attendait dans le logement qu'ils occupaient a découvert la scène de crime en partant à sa recherche. La jeune femme, qui réside à Marcq-en-Baroeul, avait offert ce week-end en Hongrie à Clément Bouly pour son anniversaire.
Un suspect, un américano-britannique âgé de 26 ans, a été arrêté quelques heures après le meurtre. Présenté au tribunal mardi 11 février, il souffrirait d'un trouble bipolaire et d'addiction à l'alcool, selon la presse locale.
Le meurtrier présumé aurait dit ne plus bien se souvenir de ce qu'il s'était passé. Dans ses premières déclarations, il avait justifié son acte par le fait qu'il avait "passé une mauvaise journée", selon la police hongroise.
"C'était mon soleil"
Joël Bouly et Laurence Vassal, les parents de Clément, se sont rendus à Budapest immédiatement après avoir été avertis par les autorités du drame qui avait frappé leur fils. Ils ont été pris en charge par les services de l'ambassade de France à Budapest, et se sont dits "très soutenus". "Cela fait du bien de trouver un peu d'humanité dans ces moments-là", nous a dit Mme Vassal. "Ce à quoi Clément n'a pas eu droit".
"On a toujours peur de la maladie, de l’accident pour ses enfants. Mais on était à mille lieues de penser à un assassinat", réagit Joël Bouly.
Le couple est rentré dimanche soir de Hongrie, où il devra se rendre à nouveau en fin de semaine pour voir le corps du jeune homme. Il doit être autopsié avant son rapatriement. "J’ai besoin de serrer mon petit gars, de le voir. C'est con mais je lui téléphone tous les jours, j’écoute sa messagerie pour entendre sa voix", nous a confié la maman de Clément Bouly.
"Ce qui nous réconforte, ce sont tous les amis qui sont présents. Comme il aurait dit, savoir qu’autant de monde pense à lui -C’est la classe !-", raconte-t-elle. En attendant de retourner en Hongrie, les parents de Clément Bouly traversent cette épreuve en regardant des photos, "les dernières vidéos à Noël, où on a passé un super moment avec lui". Laurence Vassal décrit son fils comme un "adulescent", "toujours prêt à rendre service".
Selon sa mère, le jeune homme n'a pas pu avoir d'altercation avec son meurtrier : "Clément n’était pas quelqu’un de bagarreur, pas du tout agressif… Il était plutôt du genre à vouloir toujours tempérer les choses. C'était mon soleil".
Web designer
Clément Bouly vivait à La Madeleine et était étudiant en master de direction artisitique web et de management de projet à Efficom Lille, où il était en formation depuis plus de 4 ans. "Il a toujours eu une addiction pour l'informatique, nous a confié son père Joël Bouly. Ça avait commencé avec les jeux vidéo".
Parallèlement , il était en contrat d'apprentissage dans une société de marketing digital basée à Tourcoing, au sein de laquelle un CDI lui était promis. "On est hyper tristes, il laisse un énorme vide dans l'équipe", réagit son employeur.
La grande soeur de Clément, Pauline, est également infirmière dans ce secteur du Calaisis. "Une partie de moi, de ma vie, de mon enfance s'envole avec toi... Je n'ai pas de mots pour décrire la peine, la douleur qui se sont abattues sur nous", a-t-elle écrit sur Facebook le lendemain du meurtre. "Sache que partout où je serai, tu seras, tu vivras à travers nous, nos souvenirs et tout ce que tu nous a apporté, 26 ans de bonheur et de chamailleries", a-t-elle ajouté.
Séries, festivals, sport...
Clément Bouly a multiplié les expériences professionnelles, notamment dans son domaine de formation qui était le multimédia, en créant des sites internet et en réalisant des vidéos promotionnelles .
Mais le Nordiste a également fait des petits boulots comme vendeur dans un magasin de jardinage, inventoriste, caméraman lors de courses hippiques au Touquet ou encore responsable de bar au Mainsquare Festival d'Arras. Il a également été bénévole pour le festival électro belge des Transardentes, où il était barman.
Clément Bouly adorait aussi les séries télé. Il a fait de la figuration dans les programmes Canal + "Le Baron Noir", tourné à Dunkerque, et "Tunnel" à Calais. "C’était un fan de séries... Par curiosité il est allé aux castings puis il a été retenu, ce qui lui a permis de rencontrer des acteurs. Et ça lui permettait de voir comment les tournages se faisaient, c’était aussi de la curiosité intellectuelle. Clément était un touche-à-tout", rapporte son père, qui aime à raconter par ailleurs que l'étudiant avait représenté sa circonscription, alors qu'il était en CM2, en siégeant au parlement des enfants à l'Assemblée nationale.
Sportif, Clément Bouly a pratiqué le basket durant de nombreuses années, à Audruicq "jusqu'à ses 17-18 ans". Depuis son arrivée à Lille pour ses études, il supportait le LOSC et allait de temps en temps voir des matches au stade Pierre-Mauroy.
Enfin le jeune homme aimait voyager : "Il aimait bouger ! A cet âge-là ce sont des pigeons voyageurs", sourit son père. C'était la première fois que Clément Bouly visitait Budapest.