Bryan Fackeure est employé et représentant syndical CFDT d'Alcatel Submarine Networks (ASN) depuis plus de 20 ans à Calais. Suite à la venue du PDG de Nokia sur le site de production, il s'est exprimé dans Nord Littoral et Calais la Sociale. Depuis, la direction a demandé son licenciement pour faute grave sans indemnité.
Agent de fabrication depuis 26 ans et syndicaliste depuis 25 ans à la CFDT, Bryan Fackeure est un employé fidèle de la firme française de fabrication de câbles sous-marins Alcatel Submarine Networks (ASN). Mais depuis le 12 juillet, l'entreprise a demandé son licenciement pour faute grave, sans indemnité.
Ce qui lui est reproché ? S'être exprimé dans les médias locaux.
Convoqué le 12 juillet par la direction
Le 5 juin 2024, le Finlandais Pekka Lundmark, PDG de Nokia, fait un déplacement surprise jusqu'au site calaisien de production, sans pour autant en expliquer le motif. Une absence de dialogue que Bryan Fackeure n'a pas manqué de pointer.
Interrogé par Nord Littoral et Calais La Sociale, le représentant CFDT dénonce alors le mutisme du PDG, s'inquiétant pour l'avenir de l'entreprise. Il poursuit ensuite l'entretien en donnant quelques détails sur le site de production. "J'ai donné des chiffres sur les kilomètres de câble à produire, le montant des plus gros contrats qu'on a fait, des chiffres facilement trouvables sur internet" détaille le syndicaliste.
Le 12 juillet la direction d'ASN le convoque, lui reprochant la teneur des propos tenus dans les deux canards. Et demande son licenciement pour faute grave sans indemnité. "En réalité, la direction de l’usine s’en prend à un représentant syndical, élu du personnel, qui n’a fait qu’exprimer un avis sur la stratégie de l’entreprise et sur les ordres qui sont quotidiennement donnés aux travailleuses et travailleurs de l’usine" reproche Calais La Sociale.
"Je suis inquiet et un peu fatigué de tout ça"
Cette décision a eu l'effet d'un coup de massue sur le salarié, lui qui n'a jamais eu de sanction disciplinaire avant cela. "On est censé avoir un avertissement écrit, des mises à pied" explique-t-il lorsqu'il détaille la procédure de licenciement pour faute grave. "Je pense que la sanction est trop sévère par rapport aux faits reprochés." Et il n'est pas le seul. Bryan Fackeure est soutenu par les autres employés et syndicats.
Un CSE extraordinaire a été convoqué le 25 juillet dans la matinée, pour aborder le sujet de son licenciement. "Les syndicats ont voté contre ou se sont abstenus pour monter leur désaccord avec la direction", raconte Bryan Fackeure. En parallèle, ils étaient près d'une centaine à avoir appelé la grève, le temps de la réunion.
Thierry Coulombel, premier secrétaire de la fédération du PS du Pas-de-Calais était présent. "Le seul tort de Bryan, en position de lanceur d'alerte, est d'avoir voulu défendre son emploi, celui de ses collègues et plus largement l'avenir de son entreprise" s'est-il exprimé sur ses réseaux sociaux.
S'il peut compter sur le soutien de ses confrères et consœurs, il reste "inquiet et un peu fatigué de tout ça" avoue-t-il. Le vote du CSE n'oblige en rien la direction à revenir sur sa décision. Désormais, le sort est entre les mains de l'inspection du travail.
ASN racheté à 80% par l'État français
En 2015, le groupe Nokia a fait l'acquisition d'Alcatel-Lucent, et par la même occasion de l'usine de Calais qui emploie plus de 600 personnes. Quelques jours après la venue du PDG finlandais sur le site de Calais, l'État français a annoncé racheter 80% d'Alcatel Submarine Networks.
J'ai déjà fait des interviews et des communiqués dans le passé avec des propos encore plus durs et il ne s'est jamais rien passé.
Bryan FackeureEmployé ASN Calais - CFDT
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"Je me doutais qu'il se tramait des choses au niveau d'ASN" témoigne Bryan Fackeure. Pour lui, la venue du PDG était tout sauf anodine et n'exclut pas que sa prise de parole jugée problématique soit en lien avec la transaction. "Cela fait des années que la CFDT dénonce des dysfonctionnements, des manques de décision de la part de la direction qui mettent à mal la bonne santé de l'entreprise. On n'a pas de réponse depuis des années" explique-t-il. "J'ai déjà fait des interviews et des communiqués dans le passé avec des propos encore plus durs et il ne s'est jamais rien passé."