Trois questions autour de "L'homme volant" Franky Zapata qui veut traverser la Manche sur son "Flyboard"

Qui est Franky Zapata ? Pourquoi sa traversée serait-elle un exploit ? Pourquoi fait-elle polémique ? Trois questions autour de "L'homme volant" qui veut traverser la Manche sur son "Flyboard".

Un exploit pour entrer dans l'histoire ? Franky Zapata, "l'homme volant" qui avait fait sensation le 14 juillet en surplombant les Champs-Elysées, va tenter ce jeudi de traverser la Manche sur son "Flyboard", une plateforme à turboréacteurs, 110 ans après l'exploit de Louis Blériot, premier aviateur à avoir franchi le détroit par les airs.
 

Qui est Franky Zapata ?


Le 14 juillet dernier, de nombreux Français ont découvert Franky Zapata. Lors du défilé militaire sur les Champs-Elysées à Paris, il a offert un épatant spectacle futuriste : fusil en main, il a volé à plusieurs dizaines de mètres du sol sur son invention, "100% développée en France" dans les ateliers de son entreprise au Rove (Bouches-du-Rhône).

L'engin, une machine volante autonome alimentée en kérosène stocké dans son sac à dos, est doté de cinq mini-turboréacteurs qui lui permettent de décoller et d'évoluer jusqu'à 190 km/h debout dans les airs, avec une autonomie d'une dizaine de minutes.

Champion d'Europe et du monde de jet-ski, ce Marseillais de 40 ans a d'abord volé sur l'eau. Puis, à partir de 2011, il entreprend de décoller. Avec le premier "Flyboard" tout d'abord. Mais cet engin, une sorte de plateforme sur laquelle il est debout, les pieds solidement coincés comme dans des chaussures de snowboard, reste relié à la surface de l'eau. Un long tuyau connecte son "joujou" à un jet-ski, lui permettant d'alimenter en eau son système d'hydro-propulsion.
 

 Puis, en 2014, c'est le "Hoverboard". Inspiré par le film "Retour vers le futur" de Robert Zemeckis, ou le personnage du "surfer d'argent" dans les comics de Marvel, l'engin est toujours relié à une moto marine, pour être alimenté en eau, mais il a désormais la forme d'un surf, d'un skateboard volant.
 
Ce n'est qu'à partir de 2016 que l'engin devient une véritable machine volante autonome, alimentée en kérosène. Plus besoin d'eau pour se propulser et décoller. Cinq mini turboréacteurs, "revus et corrigés", lui permettent de décoller et d'évoluer, debout dans les airs. Le Flyboard Air est né.

"Lors du premier vol, j'ai perdu deux doigts. ils se sont arrachés dans les turbines, racontait-il en 2016. Et la machine s'est écrasée sur le mur de mon atelier. Après, il a fallu que je négocie avec ma femme pour qu'elle me laisse remonter dessus. Mais c'était plus fort que moi. Quand j'ai vu la machine voler, je me suis dit, c'est ce que je dois faire de ma vie."
 


Cette plateforme volante propulsée par cinq réacteurs à jet d'air intéresse les forces spéciales françaises, qui y voient du "potentiel pour un emploi dans les opérations spéciales en zone urbaine".

"Cascadeur, pilote, chef d'entreprise, inventeur ? Je ne sais pas ce que je suis, un peu tout à la fois et rien en même temps", tentait d'expliquer Franky Zapata au quotidien régional Var-Matin, avant une démonstration lors du dernier Grand Prix de France de Formule 1, au Castellet (Var). finaliste de l'émission télé « la France a un incroyable talent »
 

Pourquoi sa traversée serait-elle un exploit ?


Avant Franky Zapata, d'autres pionniers ont relié la France et l'Angleterre de mille et une manières : fusion-man (aile à moteur), propulsar (parapente à moteur), chute libre (avec un aileron en carbone...). Mais jamais un homme n'a traversé la Manche avec un Flyboard. 

"J'ai 30% de chances d'y arriver", confiait-il ce dimanche au Parisien. Et il explique : "Le 14 juillet, c'était facile, un petit tour et je suis revenu ! J'ai utilisé 3% des capacités de la machine alors que pour la Manche, j'aurai besoin de 99,9%. Ce n'est pas gagné d'avance."
 
S'il réussit, le Marseillais entrerait dans l'histoire. D'où le choix symbolique de la date du 25 juillet pour faire sa tentative. 110 ans, jour pour jour après Louis Blériot, le premier homme à avoir réussi la traversée en avion. En 1909, cet ingénieur avait jeté les bases de l'aéronautique moderne.

Parti à 04H41 le 25 juillet du hameau des Baraques à Sangatte (rebaptisé Blériot-Plage en 1936), il avait posé son aéroplane à 05H18 dans une prairie, au pied du château-fort qui domine le port de Douvres, après avoir couvert en 37 minutes les 43 km à la vitesse moyenne de 65 km/h.
 

Concédant "une part de folie", sans doute nécessaire pour évoluer jusqu'à 190 km/h sur un minuscule engin aérien disposant d'une autonomie d'une dizaine de minutes, Franky Zapata veut faire mieux que Blériot.  

 

Pourquoi cette tentative fait polémique ?



La traversée de la Manche ne semble pas plaire ou convaincre tout le monde. Notamment du côté des autorités. Au début du mois de juillet, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord avait émis un "avis défavorable" au projet de Franky Zapata, pointant notamment la "dangerosité" de la zone et son trafic particulièrement dense. Mais mardi soir elle a levé cet avis après avoir obtenu de "nombreuses garanties" concernant la "sécurité" de cette traversée.

La Direction générale de l'aviation civile a, elle, émis un avis favorable selon la préfecture maritime.
"On me fait voler à 30 m du président de la République" le 14 juillet "et je ne suis pas capable dans la mer d'éviter un bateau ? C'est du grand n'importe quoi !", s'est offusqué l'inventeur sur BFMTV vendredi. Suite à cet avis défavorable, il a fallu, selon lui, prévoir "le ravitaillement dans les eaux territoriales anglaises" et non plus côté français, a-t-il expliqué au quotidien régional La Provence. Cet avis "a tout complexifié (...) c'est l'un des plus gros défis sportifs de ma vie", a-t-il assuré.

Pour cette traversée de la Manche, large de quelque 35 kilomètres, il devra se ravitailler en route. Les détails techniques de l'approvisionnement n'ont pas encore été communiqués mais il devrait avoir lieu dans les eaux anglaises, à environ 18 km des côtes françaises.

Il s'envolera jeudi de la plage de Sangatte (Pas-de-Calais) pour rejoindre Saint Margaret's près de Douvres, en Angleterre. En toute discrétion. « Si on annonçait le lieu du décollage, cela deviendrait une manifestation aérienne et il nous faudrait alors d'autres autorisations ».

Franky Zapata devrait aussi atterrir sur un terrain privé, pour contourner le manque d'autorisations officielles. "Le seul lieu ayant donné son accord pour nous accueillir ne souhaite aucune promotion et aucun média présent. Il ne sera donc pas possible de filmer l'atterrissage", a-t-on ajouté. La traversée sera tout de même filmée en exclusivité pour un documentaire qui devrait être diffusé par Canal +.

Par ailleurs, "l'heure de départ de la traversée", qui doit durer une vingtaine de minutes, sera fixée "le jour J" ou "la veille au soir", en "fonction de la météo et du trafic maritime".   
 
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