Depuis le début du confinement, Brigitte Rotar, une jeune retraitée calaisienne, joue chaque soir à 19h58 un air de cornemuse dans la rue pour soutenir tous ceux qui travaillent en pleine crise sanitaire.
"C’est ma piqûre de rappel, un petit signal pour que personne n’oublie d’applaudir à 20 heures précises. Je sors de chez moi, rue d’Ostende, à 19h58, et je joue un morceau de cornemuse, pendant deux minutes. Je fais ça depuis le début, je ne lâche rien ! Au début, j'étais seule. Maintenant, il y a de plus en plus de monde, ça devient un vrai rendez-vous". Brigitte Rotar a la voix claire et déterminée, heureuse de cette contribution.
"Je fais ça pour tous ceux qui travaillent", précise-t-elle. "Les soignants bien sûr, mais pas seulement. Et puis je pense aussi aux personnes confinées, seules, à celles qui souffrent".
"Mon cadeau de la journée"
Ancienne éducatrice de jeunes enfants, Brigitte Rotar a toujours aimé la musique. Elle jouait de la flûte à bec et a eu envie d’essayer la cornemuse : "C’est ma troisième année de conservatoire à Calais", souligne-t-elle."Comme les cours sont suspendus, je m’entraîne seule chez moi et j’essaie de trouver de nouveaux morceaux que je pourrai jouer le soir dans la rue pour faire plaisir. Aux autres et à moi. Ça me permet de donner du réconfort, c’est mon cadeau de la journée !".
Sourires et émotion
Brigitte Rotar joue souvent le traditionnel "Amazing Grace", mais aussi de nouveaux morceaux, comme des ballades irlandaises qu’elle répète inlassablement pendant la journée.
À 19h58, la musicienne sort, concentrée, la cornemuse sous le bras, et la magie opère : "Les gens ouvrent leurs fenêtres. On se regarde, on se sourit, on s’envoie des baisers. Ça crée d’autres liens de voisinage. À 20 heures, je m’arrête et alors, on entend les applaudissements, les klaxons. Certains tapent sur des casseroles.
Quelques minutes de communion et de partage, puis le silence retombe, en attendant demain.