Ce lundi 3 mai, les déplacements entre régions seront de nouveaux autorisés. Mais sur la côte d'Opale, certains anticipent déjà et trouvent sur le littoral un refuge anti-déprime. Témoignages.
Grand soleil, cris de mouettes et bruits des vagues rythment ce vendredi après-midi sur le littoral de la côte. Certains optent pour une balade sur la digue de Wimereux, d’autres stagnent près de la plage de Boulogne-sur-Mer. L’air est doux, il flotte un parfum de liberté et de vacances. On dirait presque l’été. Pourtant, le confinement est toujours en vigueur. Mais sur la côte, le retour des beaux jours emmène avec lui des paquets de promeneurs, venus d’un peu partout dans la région, pour le week-end. Ces dernières années, les charmes de la côte d’Opale ont attiré toujours plus de touristes. Un pic à neuf millions de nuitées a même été calculé d’avril à septembre 2019. Une tendance ralentie par les confinements successifs, dont celui de mars 2020. Pourtant, le littoral est devenu le refuge anti-déprime pour certains habitants de la région, et même d’ailleurs.
Diane, 30 ans, responsable communication
Diane connaît chacun des spots de la côte d’Opale. Elle a grandi ici, à Wimereux, et ses souvenirs d’enfance se partagent entre la Slack et la mer. Si la maison familiale est restée, ses études l’ont poussée vers Lille. Puis sa carrière l’a emmenée à Paris. Mais depuis deux mois, elle revient sur la côte presque chaque week-end, malgré le confinement. “J’ai l’impression de revivre ici” lâche Diane dans un sourire. “Revenir, c’est devenu un exutoire. J’avoue, je fuis Paris et l’île de France, il n’y a plus aucun avantage à vivre là-bas. Ici je peux souffler et prendre l’air. Le week-end, je vais courir à la pointe aux oies ou me balader dans les dunes.” C’est surtout les activités qui poussent la jeune femme à revenir sur ses terres.
“Paris ou Wimereux, ce n’est pas le même confinement. Sur la côte, on est à l’air libre, ce ne sont pas les mêmes 10 km qu’à Paris.”
Pourtant, le confinement est toujours en vigueur. Jusqu’à ce lundi, il est toujours interdit de dépasser les 10km autour de sa résidence principale. “Les mesures du gouvernement n’ont plus grand effet sur moi. Je crois qu’on commence tous à être las. Concrètement, ce qui va changer pour moi la semaine prochaine, c'est que je n’aurai plus peur de me faire contrôler dans le train depuis Paris. C’est une épine de moins dans le pied.” La jeune femme conclut : “Si je ne vais pas sur la côte le week-end, derrière c’est une semaine de dépression assurée.”
Faustine, 23 ans, agent immobilier
Pour beaucoup de jeunes, la vie dans une grande ville est devenue plus compliquée. “L’hiver a été dur, le télétravail a ses limites, je me sens épuisée. Alors de temps en temps, je m’autorise une pause sur la côte.” Ce week-end, Faustine a choisi Wissant. “Une maison en location avec quelques copains” explique t-elle.
"La proximité de la mer, ça permet de faire plus d’activités.”
Là encore, les déplacements entre régions ne seront pourtant autorisés qu’à partir de lundi prochain. “J’ai déjà un discours bien rôdé en cas de contrôle. J’invoque un motif professionnel. Je travaille dans l’immobilier et ma boîte a des logements sur la côte. Et puis, si je dois prendre une amende, tant pis, ce sera pour toutes les fois où je me suis déplacée sans autorisation.” Car la jeune femme admet quelques voyages vers la côte pendant le confinement. “Je sais que c’est mal, que c’est même illégal. Mais c’est ça, ou devenir folle et faire un burn-out. A Lille, on se sent coincés. Les seules sorties possibles se limitent au parc ou au bord de la Deûle."
Faustine se décrit comme très respectueuse des confinements précédents. Celui-ci semblait de trop. “Autour de moi, je vois bien qu’on en a tous marre. Et puis sur la côte, je ne suis pas la seule. Il y a deux semaines, j’étais à Wimereux. Il y avait pas mal de monde sur la digue. Des gens de Lille, avec des résidences secondaires qui viennent se reposer le week-end sur la côte.”
Paul, 27 ans, ingénieur du son
Paul, lui, arrive de Paris. Ce vendredi après-midi, sur le parvis de la gare de Boulogne, il fait ses premiers pas sur la côte d’Opale, qu’il ne connaît pas. Un premier week-end, depuis l’annonce du troisième confinement. “J’ai été plutôt sérieux avec ça” affirme Paul. Pourtant, il a anticipé la fin des restrictions de déplacements prévue pour lundi.
“J’ai accumulé beaucoup de frustration à rester à Paris dans mon appartement, enfermé à 19h. Là je me suis dis : ça sent la fin. Donc j’ai pris un peu de liberté.”
Le jeune homme porte un sac à dos de randonneur. Sa casquette à l’envers cache de longs cheveux. Pour lui, c’est déjà un peu les vacances. “Demain c’est le 1er mai, on sent l’été qui arrive. J’ai des amis qui vivent dans le coin donc j’ai saisi l’occasion. Et puis, j’adore la mer” raconte Paul. Depuis Paris, il faut 2h30 par le train pour rejoindre Boulogne-sur-Mer. Encore moins pour Calais, la porte d’entrée de la côte. Au delà de la beauté des caps Blanc-Nez et Gris-nez, c’est aussi le côté pratique de la destination qui attire. “En vrai, si j’avais eu le choix, je serais parti à Biarritz ou Marseille. Mais bon, ici, c’est pratique et rapide. On a presque l’impression de faire un voyage en RER au fin fond de la banlieue parisienne, sauf qu’à l’arrivée, ça a l'air bien plus beau !”