La municipalité de Saint-Omer en a marre des déjections canines sur ses trottoirs. Pour lutter contre les incivilités, les chiens devront désormais être dotés d’une carte d’identité ADN. Objectif : analyser les crottes et identifier les maîtres – avec une amende à la clé.
Faire prélever l'empreinte génétique de son chien sera bientôt obligatoire pour le promener à Saint-Omer. L'animal devra prochainement avoir sa carte ADN pour circuler librement dans une partie de la commune.
Nelko, berger malinois de 6 ans, fait sa balade quotidienne. “Marcher dans la merde, c’est pas agréable !”, fait remarquer Jonathan, son maître. Le jeune homme n'est pas contre ce fichier avec l’ADN des chiens, pour confondre les propriétaires qui ne ramassent pas les déjections de leurs protégés.
267 euros d’amende par crotte
“Si tout le monde ramassait, il n’y aurait pas tout ça. Donc pour moi c’est une bonne mesure”, affirme-t-il. À Saint-Omer, laisser une crotte sur la voie publique est passible de 267 euros d'amende.
Pour un autre passant, c’est une bonne idée : “C’est fort mais peut-être qu’il faut ça pour dire aux gens de faire attention à leurs animaux.”
À lire aussi >>> Crotte de chiens : les propriétaires de chiens sans pass ADN désormais sanctionnés à Béziers
L’initiative ne fait cependant pas l’unanimité. “Tester les crottes des animaux pour retrouver les propriétaires, ça me paraît un peu fort”, affirme Audrey, qui se promène avec son chien. “Aller le retrouver, sonner, dire : ‘C’était vous, on a la preuve, on vous donne une amende !’ : Ça me paraît abusé.”
Si tout le monde ramassait les crottes de chien, il n’y aurait pas tout ça. Donc pour moi c’est une bonne mesure.
Jonathanle maître de Nelko
La maîtresse, au vu de l'état de certaines rues, “comprend qu’on puisse en arriver à des mesures extrêmes comme celle-ci”. Mais elle s’interroge : “Il vaudrait peut-être mieux éduquer ? Mettre des panneaux, distribuer encore plus de sacs… Je ne sais pas.” Elle dit ne pas être très emballée par le côté “traque” de la mesure.
Une “carte d’identité” canine
À Saint-Omer, huit caniparcs sont dédiés aux chiens et 4 500 sacs à déjection sont distribués par semaine. “Une petite minorité s'obstine malgré tout à dégrader le cadre de vie”, déplore le maire de la ville, François Decoster (Modem). L’édile veut “lutter contre cette impression de ‘pas vu, pas pris’”.
“Il ne s’agit pas de ficher les chiens”, précise-t-il. “Il s’agit de leur donner une carte d’identité qui permettra tout simplement, s’il y a une malveillance, une négligence, une dégradation du cadre de vie des Audomarois et Audomaroises, de retrouver à coup sûr le maître du chien.”
[Cette] carte d’identité permettra (...) s’il y a une malveillance, une négligence, une dégradation du cadre de vie (...) de retrouver à coup sûr le maître du chien.
François Decoster (Modem)maire de Saint-Omer
Le périmètre au sein duquel la carte ADN sera obligatoire n’est pas encore défini. On sait déjà qu’il sera restreint et que tout le monde pourra continuer à s’y promener, à condition d'avoir préalablement fait prélever l'ADN de son ami à quatre pattes. La mesure s’appliquera à tous, y compris aux touristes. Elle devrait être mise en place dans les six mois à venir.
À Béziers, une mesure efficace
Quant au coût des analyses ADN, il devrait être couvert par le prix très élevé des amendes, selon le maire de la ville. Un tel dispositif a déjà été mis en place dans d’autres villes de l’Hexagone : à Béziers, dans l’Hérault, et plus récemment L’Escarène, dans les Alpes-Maritimes.
À lire aussi >>> Crottes de chien : cette commune des Alpes-Maritimes utilise l’ADN canin pour lutter contre les déjections
Après plus d’un an de mise en place de la mesure, du côté de la ville de Béziers, le garde champêtre confirme l’efficacité de ce “pass ADN”. “C’est très positif, les résultats se sont vus très rapidement sur le terrain : dès les trois premiers mois, la différence a été flagrante, on a beaucoup moins de déjections”.
Dans la ville de Béziers, les touristes ne sont pas obligés d’avoir la carte ADN de leur animal. “Ils sont tenus d’avoir des sacs pour ramasser et on s’en assure. Si ce n’est pas le cas, une amende de 68 euros peut être appliquée”, explique le garde champêtre. Qu'en sera-t-il à Saint-Omer ?