Depuis 2019, la commune de Béthune s'alimente en partie avec le gaz issu de l'exploitation minière du charbon. Une véritable réussite. Alors que ce dispositif expérimental a fait ses preuves, d'autres commune du Pas-de-Calais réclament le droit d'exploiter cette ressource, dans un cadre assuré par l'Etat.
"C'est une très bonne nouvelle, ça fait des années qu'on le demande, des années que le méthane part dans l'air sans qu'on puisse l'exploiter. On va enfin pouvoir en faire bénéficier la population de notre territoire, avec un coût du gaz qui sera très certainement inférieur à celui qu'on paye actuellement. Ça ne peut être que bénéfique pour notre territoire !"
Le maire de Haisnes, Frédéric Wallet, savoure l'aboutissement d'un long combat. Le 10 novembre, par une ordonnance parue au Journal Officiel, l'Etat a ouvert la porte à l'exploitation du gaz de mines dans le Nord et le Pas-de-Calais. "On est tranquilles pour un moment, on a 2,2 milliards de m3 de gaz sous nos pieds. Ça veut dire qu'on peut alimenter 410 000 foyers pendant cent ans, au minimum."
Depuis 2019, la commune de Béthune avait servi de terrain d'expérimentation pour l'exploitation de cette énergie dite "de récupération", générée il y a des décennies par le travail du charbon. L'opération avait été un véritable succès : en plus d'endiguer le déversement de ce gaz polluant dans l'atmosphère, 6000 logements béthunois avaient pu faire baisser leur facture d'énergie de plus de 400 euros par an.
"Si vous vous branchez dessus, vous devenez responsable"
Une inspiration pour toutes les communes du bassin minier, notamment celles qui ont un évent sur leur territoire, comme c'est le cas à Haisnes. Ces évents ont été mis en place par l'Etat à l'époque de l'exploitation minière pour des raisons de sécurité. Mais la Française de l'énergie, elle, est propriétaire du gaz qui en sort. Et les deux parties ont mis longtemps à trouver un accord, comme l'explique Jean-Pierre Kucheida, président de l'Association des Communes Minières de France.
"Pour ne pas faire davantage de travaux, ce qui aurait pu leur être reproché, la Française de l'énergie demandait à se brancher sur les évents existants, une centaine dans le bassin minier. L'Etat leur disait : "ah oui, vous pouvez y aller, mais si vous vous branchez dessus, vous devenez responsable de la sécurisation et de tous les problèmes qui peuvent se poser."
Une très, très lourde tâche, puisque les quelque 100 000 kilomètres de galerie, exploitées par l'Etat pendant 300 ans, risquent notamment des affaissements. Avec l'ordonnance du 10 novembre, l'Etat a déchargé l'exploitant du gaz de cette responsabilité. Dernière étape avant de pouvoir exploiter cette ressource, les autorisations préfectorales, qui se font encore attendre.