Elections européennes 2024. "Sans elles, nos activités seraient moins rentables" : pour diversifier leur exploitation, ces agriculteurs font appel à des aides européennes

Isabelle et Nicolas sont frère et sœur, mais surtout agriculteurs sur la Côte d'Opale, dans la ferme de Wint. Là-bas, les deux frangins produisent du fromage, du cidre et depuis peu, des champignons. Pour diversifier leurs activités ces agriculteurs ont fait appel à des aides européennes, qui leur on permis d'atteindre l'équilibre financier.

À la ferme de Wint, sur la Côte d'Opale, l'agriculture est une affaire de famille. Isabelle et ses frères Alain et Nicolas travaillent ensemble depuis plus de dix ans pour fabriquer un célèbre fromage à pâte orange : la mimolette.

Labellisée agriculture biologique depuis 2012, la ferme de Wint met en valeur des produits locaux, fabriqués et transformés de façon artisanale. Comme ces meules de fromage, qu'Isabelle et ses deux salariés moulent à la main, avec leur joie de vivre habituelle. "À l'époque il n'y avait pas vraiment de produit bio fermier, donc on était dans les pionniers dans ce secteur par ici", retrace cette ancienne conseillère en patrimoine.

Mais avant d'entamer leurs trois années de conversion au biologique, les trois associés ont dû faire appel à de nombreuses aides. "Pour se transformer, il faut les outils, les bâtiments, les activités adaptées... C'est grâce à ces aides qu'on peut procéder à ces changements." Les quelques dizaines de milliers d'euros nécessaires à cette transition n'auraient pas pu être amorties par les agriculteurs, qui ont fait le choix de se tourner vers la Région, mais surtout vers l'Europe, pour développer leur activité.

Pour se transformer, il faut les outils, les bâtiments, les activités adaptées... C'est grâce à ces aides qu'on peut procéder à ces changements.

Isabelle, agricultrice

De la fromagerie aux champignons

C'est en se tournant vers le fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) que les occupants de la ferme de Wint ont pu repenser la partie fromagerie en ajoutant une extension, pour améliorer leurs conditions de travail, et en achetant une vraie cuve de fromager, rehaussée qui plus est !

Au total, 60 % du montant des investissements dépensés dans la partie fromagerie ont été couverts par l'Europe en 2012. Mais ce n'est pas tout. Au-delà de la mimolette que produisent leurs 45 vaches, les trois membres de la famille Leduc-Deleglise ont également décidé de se lancer dans la culture de champignons, en réinvestissant une étable désormais devenue champignonnière.

"Pour les champignons si on n'avait pas eu les aides on ne se serait pas lancés, ce n’aurait pas été rentable", admet Nicolas, fier devant l'un des cinq bacs de champignons de Paris produit cette semaine. Une fois de plus, pour couvrir les 70 000 euros de travaux, l'Europe s'est engagée à financer le projet. À hauteur de 40 000 euros.

Pour les champignons si on n'avait pas eu les aides on ne se serait pas lancés, ce n’aurait pas été rentable.

Nicolas, agriculteur

"Sans aides, nos activités seraient moins rentables"

Des bonus financiers qui ont permis à la ferme de se diversifier et d'atteindre l'équilibre financier. "Aujourd'hui on peut vivre de notre profession", se réjouit Isabelle. Un constat d'autant plus exceptionnel pour cette profession en crise depuis de nombreuses années. En attestent les manifestations massives qui ont rassemblé les agriculteurs en février dernier.

Avec ce nouveau matériel, Isabelle explique qu'ils ne travaillent pas plus qu'avant, mais qu'ils ont adapté leur "activité en en créant de nouvelles"... "On passe juste un peu moins de temps en fromagerie", souligne Isabelle. "Les aides nous permettent d'alourdir notre trésorerie et de lisser nos amortissements sur plusieurs années. Sans elles, nos activités seraient moins rentables."

Grâce au FEADER, la compagne de Nicolas, Bénédicte, qui travaillait déjà à la ferme sur la partie fromagerie, a pu être embauchée à temps plein, en passant également sur la champignonnière.

La PAC, un bonus non négligeable

À côté des aides, sur le volet financier, l'Europe se glisse évidemment dans la politique agricole commune (PAC), à laquelle Isabelle et Nicolas prétendent chaque année. Même si ce dernier explique qu'elle ne représente pas une source de revenus primordiale pour eux.

L'agriculteur du Pas-de-Calais passe deux jours par an à éplucher leurs parcelles de terre pour vérifier s'ils rentrent dans les conditions de souscription à la PAC. "Ça reste un dossier indispensable, ça permet d'avoir un revenu un peu plus important et de réinvestir dans l'exploitation mais ce n’est pas le cheval de bataille de la ferme", fait-il savoir.

Ça reste un dossier indispensable, ça permet d'avoir un revenu un peu plus important et de réinvestir dans l'exploitation.

Nicolas

La PAC permet par exemple d'assurer leurs arrières en cas de mauvaise récolte de pommes, qu'ils utilisent pour fabriquer du cidre, ou de champignons, un produit fragile qui demande beaucoup de suivi, pour des demandes toujours plus élevées. Enfin sauf l'été : "Dans la région les gens ne les mangent pas crus mais plutôt en sauce. Même nous, on les a sous la main et on n'en mange pas cru", constate Nicolas.

En cas de baisse des ventes, qu'ils veulent exclusivement locales, les trois agriculteurs de la Côte d'Opale se sentent donc soutenus par l'Europe et savent vers qui se tourner pour mettre un peu de beurre dans les champignons.

Avec Sanaa Hasnaoui et Flavien Bellouti

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