Depuis lundi 5 décembre, des dizaines de salariés de l'entreprise Sade Télécom spécialisée dans la pose de fibre optique de cuivre, basée à Rouvroy (Pas-de-Calais), sont en grève à la suite de négociations salariales jugées insatisfaisantes. Un mouvement social qui impacte le service clientèle.
Cela fait deux jours qu'un piquet de grève se tient devant l'entreprise Sade Télécom de Rouvroy, prestataire principal d'Orange dans le Nord Pas-de-Calais, spécialisé dans l'installation et l'entretien de la fibre optique et de cuivre.
Ce mardi 6 décembre, ils étaient entre 60 et 100 salariés - sur un total de 450 travaillant sur le site - à s'être rassemblés pour demander une hausse des salaires. Un mouvement qui fait suite à la récente négociation annuelle obligatoire (NAO) votée par le syndicat majoritaire UNSA, mais contestée par la CGT et la CFDT.
Une hausse de 3,5% jugée insuffisante
Cette négociation prévoit, notamment, une hausse de 3,5% du budget salarial pour les ouvriers, dont 1% de hausse générale sur les salaires et 2,5% réparties sous forme d'enveloppe individuelle. Pour les cadres, l'augmentation est de 3% et sera versée seulement sous forme d'enveloppe individuelle.
Des montants insuffisants pour les grévistes, qui demandent entre 5% et 6% d'augmentation générale des salaires. "Avec l'inflation, les gens ne s'en sortent plus", justifie Jean-François Calfmeyer, contrôleur de terrain depuis 15 ans et délégué CGT de Sade Télécom. Le salaire moyen d'un ouvrier de l'entreprise est situé entre 1600 et 1900 euros par mois.
Une enveloppe individuelle contestée
Le dispositif d'augmentation individuelle - accordée à la discrétion du manager d'équipe - est également contesté par une partie des salariés. "C'est à la tête du client", dénonce Jean-François Calfmeyer. "Non, cette distribution se fait en fonction des compétences et du niveau de salaire du personnel", rétorque Emmanuel Parvillez, directeur des ressources humaines pour Ensio, groupe propriétaire de Sade Télécom.
La direction explique avoir pris d'autres mesures en faveur des salaires dans le cadre de cette NAO. Notamment le versement d'une prime de partage de la valeur (connue sous le nom de "Prime Macron"), allant de 250€ à 500€. Celle-ci sera accordée à "80% des salariés". 325 salariés recevront 250 € et 450 d'entre eux recevront 500 €, précise la direction. Mais aussi une hausse de la prime de zone nucléaire (+6,3%), de la prime d'astreinte (+30%), des indemnités (+5,5%) et des tickets restaurants (+7,25%).
Des avancées insuffisantes pour les grévistes. Pour l'heure, les négociations sont au point mort. "La direction n'a pas voulu entendre quoi que ce soit", regrette Miloud T, technicien fibre. Cette dernière assume sa décision et argumente : "l'ensemble du dispositif couvre l'inflation à hauteur de 5,5%". Seulement, depuis les négociations l'inflation a augmenté et atteint 6,2% sur un an en novembre 2022, et 12,2% pour les seuls prix de l'alimentation.
Les clients Orange impactés
Conséquence de cette grève, le service clientèle d'Orange est dégradé. "Des rendez-vous prévus cette semaine ont été reprogrammés", explique Emmanuel Parvillez. Des travaux de raccordement à la fibre ou au cuivre, ou simplement d'entretien, ne pourront pas se faire. "Si ça touche des commerçants, ils ne pourront plus travailler", alerte Miloud T., technicien.
Quid des clients plus sensibles, comme les hôpitaux, en cas de coupure internet ? "Les services d'urgence seront assurés", affirme la direction.
Quoi qu'il en soit, cette grève dégrade l'image d'Orange auprès de ses clients. Et l'opérateur sait le faire savoir à son prestataire, en l'espèce Sade Télécom. "Le risque principal pour nous, c'est qu'Orange fasse appel à un autre sous-traitant", s'inquiète Emmanuel Parvillez.
En janvier 2023, Sade Télécom prendra le nom d'Ensio. La société compte 950 salariés en France, couvrant la Normandie, l'Ile-de-France, Nantes et le Nord Pas-de-Calais.
Pour le moment, les grévistes annoncent poursuivre leur mouvement.