Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, Elisabeth Borne et au ministre de la Santé François Braun, Arnaud Chiche, anesthésiste à Hénin-Beaumont, et président du 'collectif Santé en danger' qui rassemble quelque 221 000 personnes sur Facebook, dresse le constat d'un "effondrement" du système de santé. Et propose des solutions.
Reprenant le témoignage d'une soignante qui refuse de devenir la "soignante qu'on m’impose d’être faute de moyens [et qui] n’y croit plus, tout simplement", la lettre débute sur "l'effondrement" constaté du système de santé : "Dix millions de nos concitoyens peinent à trouver un médecin de famille. Les délais de rendez-vous chez un médecin (généraliste ou spécialiste) s'allongent partout en France. Des nourrissons sont transférés à des centaines de kilomètres de leur famille. Régulièrement, des molécules de base, telles que le Paracétamol sont introuvables en officine. Des enfants nécessitant des soins sont hospitalisés et isolés en service de psychiatrie adulte. Des personnes invalides ou handicapées ne trouvent pas d’aides à domicile, afin de pouvoir vivre correctement. Des malades meurent sur des brancards aux Urgences et dans les services à cause de reports successifs."
Lettre ouverte du Collectif Santé en danger by EP on Scribd
Contacté sur les motivations de cette lettre ouverte, Arnaud Chiche insiste sur le besoin d'une prise de conscience au plus sommet de l'Etat, sur le fait que le système "craque de partout, comme une banquise qui se fissure". "Cet été c'étaient les urgentistes, aujourd'hui les pédiatres et les étudiants en médecine". On ne peut pas rafistoler ici et là dit en substance l'anesthésiste : "il faut un plan santé d'envergure. Il n'y a pas de honte à se poser pour reconstruire. Notre rôle en tant qu'association est d'alerter et proposer. Nous faisons confiance au ministre de la Santé, ancien urgentiste, qui connaît l'hôpital. Nous souhaitons l'aider pour qu'Emmanuel Macron et Elisabeth Borne réalisent l'urgence de la crise des vocations et de la crise d'exercice des médecins. Et ce n'est pas qu'une question d'argent, c'est aussi une question d'attractivité de nos métiers, de donner envie. L'originalité de notre démarche c'est qu'elle est partagée par un grand nombre de représentants des métiers de la Santé : syndicats, médecins libéraux, infirmiers, cadre de santé, kinésithérapeutes..."
Dans la lettre ouverte, les propositions portent, entre autres, sur les salaires à l'hôpital mais aussi sur la tarification de l'acte - "les médecins généralistes français sont les moins payés d'Europe" - la formation des médecins et la remise en cause de Parcoursup pour certains métiers comme les formations en école d'infirmiers.
Concernant les Hauts-de-France, les problématiques sont les mêmes qu'ailleurs : "les urgences de Béthune sont souvent débordées à cause de la fermeture de celles de Lens ou Divion, faute de personnels. A Douai, après la fermeture d'un service de gastro-entérologie, ce sont les urgences pédiatriques qui posent problème...". Pour Arnaud Chiche, la conclusion est claire : "on ne peut pas faire l'économie d'une rénovation du système de santé".