La pratique existe depuis le Moyen-Age, le glanage consiste à récupérer ce qui n'a pas été récolté. L'idée de renouer avec l'activité a germé dans l'esprit d'une agricultrice en bio dans le Pays des 7 Vallées : proposer trois hectares de ses terres aux salariés et bénéficiaires d'une épicerie sociale, la MAS.
Au pied des éoliennes, quelques silhouettes courbées ramassent des pommes de terre dans ce champ de Saint-Josse-au-bois près d'Hesdin. Le glanage, le peintre Jean-François Millet l'avait représenté dans une toile datée de 1857. La pratique refait surface comme ce matin-là sur la parcelle de Claire Dequidt, agricultrice en bio : "Après le passage de l'arracheuse, il reste toujours des pommes de terre donc il y a un double intérêt à cette journée : ça permet de faire profiter des pommes de terre à un maximum de personnes et puis ça nettoie le terrain pour éviter qu'il y ait des repousses l'année prochaine". Ainsi, à la fin de l'été, l'idée a germé dans la tête de la jeune femme, et a décidé de mettre en place ce glanage en lien avec les acteurs sociaux du territoire, la MAS maison accueil solidarité, en l'occurrence.
La glanage se fait sans machine et marche également pour les carottes et les oignons
Claire Dequidt, agricultrice
Avant d'aller ramasser les produits de la terre, il faut bien évidemment demander l'autorisation au propriétaire du terrain. La fleur à la fourche, Patricia et Mickaël, tous deux salariés de la MAS dont le siège est à Marconne, ont immédiatement accepté de participer à cette collecte solidaire : "Il y en a un qui gratte la terre et un autre qui ramasse. C'est une première pour moi, c'est un peu fatiguant mais je suis motivée. Ramasser des pommes de terre pour des gens qui n'ont pas beaucoup de moyens ça me fait plaisir. C'est un peu dommage qu'il n'y ait pas plus de monde !", explique Patricia Sylvain.
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Glaner oui mais tellement mieux à plusieurs. Peu de volontaires malheureusement pour cette première initiative mais les sacs n'ont pas tardés à se remplir : "Je sais très bien que les fins de mois sont difficiles avec toutes les hausses de prix, alors si des gens peuvent en profiter. Un élan de générosité, c'est jamais de trop", se réjouit Mickael Boulard. Et la récolte est fructueuse, en deux heures, 260 kilos collectés. Pesée et chargée, la marchandise va être proposée à la vente dans l'épicerie sociale et solidaire à quelques kilomètres, à Marconne.
Notre métier c'est de réessayer tous les jours
Ruddy Bépoix, directeur de la MAS
Quatre euros le sac de 12 kilos, trois euros les plus petits, les pommes de terre sont proposées à petits prix aux bénéficiaires de l'épicerie sociale : "Chez nous rien n'est donné, mais les tarifs sont modestes. C'est notre modèle économique. J'aurais aimé voir quelques bénéficiaires ramasser avec nous mais ce n'est pas ça qui va nous décourager. On récupère de moins en moins de produits auprès de nos partenaires alors oui, des initiatives comme celle-là nous sommes preneurs de nouveau", détaille Ruddy Bépoix, directeur de la maison accueil solidarité de Marconne. A ce tarif là, les pommes de terre "alouette" se sont rapidement envolées.