Bouleversés par la violence des inondations de l'hiver dernier, les gérants d’un camping dans le Gard ont offert une semaine de vacances tous frais payés à une trentaine de familles sinistrées venant de Blendecques (Pas-de-Calais). Une belle histoire de solidarité sous le soleil occitan.
Les images des inondations s'étalaient à la une de tous les journaux cet hiver : de l’eau boueuse à perte de vue, envahissant à grands flots dévastateurs les rues et les maisons des communes du Pas-de-Calais. L’émotion suscitée par les crues historiques avait traversé la France entière, jusqu'aux rives de la Méditerranée, à Anduze (Gard), où Olinda et Frédéric Amsaleg tiennent un camping. Le couple, bouleversé par les paysages inondés, fait partie de ceux qui ont spontanément proposé leur aide aux habitants.
Une trentaine de mobile-homes prêtés
En particulier ceux de Blendecques, village du Pas-de-Calais durement touché par la catastrophe naturelle, à cause du débordement d’un bras de L’Aa qui traverse la petite commune. “On savait qu’une trentaine de nos mobile-homes étaient toujours inoccupés cet été”, retrace la gérante du camping, qui affiche à présent complet jusqu’à fin août.
Sans trop hésiter, le couple décide alors de les prêter gracieusement pendant une semaine à des familles sinistrées, et appelle la mairie de Blendecques pour leur proposer l’idée. Celle-ci fera l’unanimité.
Un répit bienvenu pour Marie-Paule Barrois et Nathalie Hammouthe, qui font partie de la trentaine d’heureux vacanciers. En perspective pour cette semaine : troquer les tracas et la grisaille pour le repos et le farniente au soleil. Ou presque... Par une cruelle ironie du sort, les familles nordistes ont été accueillies par une pluie battante à leur arrivée au camping Le Bel Été, samedi 29 juin.
“On a ramené le mauvais temps avec nous”, s'esclaffent en chœur les deux Blendecquoises, qui n’ont pas perdu leur sens de l'humour pour autant. Les deux femmes, venues “se vider un peu la tête” se réjouissent du “bel accueil” lors du pot de bienvenue organisé par le camping.
Le camping, lui aussi victime d'inondations
“Il y a eu beaucoup d’émotion, des sourires, des remerciements, renchérit Olinda Amsaleg, et des larmes aussi. Les gens se racontent un peu leurs malheurs”. Autant d’histoires tragiques auxquelles les gérants peuvent s’identifier, car eux aussi ont connu une inondation sur leur terrain en 2020. “Nous non plus on n’avait plus rien, le traumatisme, c’est le même”, se souvient douloureusement la patronne.
Le mot d’ordre est à la solidarité entre les Blendecquois, qui prévoient des visites groupées de marchés locaux, balade en train à vapeur et randonnées, avec le retour du beau temps. Certains ont même partagé la route entre le Pas-de-Calais et le Gard pour faire des économies. Deux familles n’ont cependant pas pu faire partie du voyage à cause du coût trop élevé du trajet, resté à leur charge.
“Il n’y a pas de business dans notre démarche, c’est simplement de la solidarité et de l’humain”, résume Olinda Amsaleg. Une belle histoire de générosité qui réchauffe un peu les cœurs en ces temps politiques mouvementés.