La députée RN Christine Engrand admet avoir utilisé par "maladresse" ses frais de mandat pour des dépenses personnelles

Christine Engrand, députée RN de la 6ᵉ circonscription du Pas-de-Calais a utilisé plus de 10 000 euros d’argent public pour régler des frais personnels, selon un article de Mediapart paru mardi 10 septembre. Gardes de chiens, sites de rencontres et obsèques… La députée reconnaît des "erreurs".

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C'est la petite polémique politique qui fait couler un peu d'encre. Christine Engrand, députée RN de la 6e circonscription du Pas-de-Calais, s'est approprié de l'argent public pour des dépenses personnelles. Elle parle de "maladresses."

Dans un communiqué daté du mardi 10 septembre au soir, sur son compte X, elle répond et ne conteste pas les faits dévoilés par Mediapart. Ces "'erreurs comptables", comme se justifie l'élue, remontent à son premier mandat. Elle souligne avec transparence avoir "remboursé l'ensemble des sommes litigieuses". Elle ajoute "examiner rigoureusement ses nouvelles dépenses afin d'éviter des déconvenues", comme l'impose la déontologie de sa fonction.

10 000€ d'argent public pour ses dépenses personnelles

Il lui est reproché d'avoir utilisé plus 10 000€ de ses frais parlementaires pour des dépenses qui ne sont pas liées à son mandat de députée de la République. Selon Mediapart, Christine Engrand a dépensé une partie des 5 950 € mensuels de son avance de frais de mandat (AFM) pour régler la garde de ses deux caniches, Smoothie et Chouchou, atteignant les 27€ par jour. Mediapart parle "d'une note globale se chiffrant à plusieurs milliers d'euros entre 2022 et 2023." D'autres frais surprenants sont à relever : un abonnement à un site de rencontres à hauteur de 39,99€ par mois et des frais d'obsèques pour 5 971,94€.

"Une méconnaissance complète des règles de base de la vie parlementaire"

Auprès de Mediapart, l'ancienne cadre commerciale de 69 ans s'exprime : "Avec 5 000€, je n’y arrive pas. L’enveloppe qu’on nous donne, je trouve qu’elle est très très short, ce n’est pas du tout rentable. Je ne reste plus que deux jours à l’Assemblée parce que je n’ai pas d’autres moyens de faire garder mes chiens. J'ai perdu en pouvoir d'achat."

Christine Engrand se justifie "de confusions entre ses cartes bancaires et professionnelles", ainsi qu’une "méconnaissance complète des règles de base de la vie parlementaire." Elle indique, au site d'investigation, qu'elle n'a pris connaissance que par l’un de ses collaborateurs que ses dépenses personnelles avaient été prises en charge par son propre compte AFM. Elle a ajouté qu’elle "n’épluchait" pas ses relevés.

Contactée par France 3 Hauts-de-France, Christine Engrand n'a pas répondu à nos sollicitations. 

Les ressources allouées aux députés

Cette surveillance de l'utilisation de l'argent public ne concerne pas seulement Christine Engrand, tous les députés doivent veiller à un usage à bon escient de leurs frais de mandat. Ils reçoivent trois différents types de revenus. À ces frais de mandat, d'un montant mensuel de 5 950 €, s'ajoute une indemnité parlementaire de 7 367€ bruts par mois. De plus, un député dispose d'un crédit de 11 118 € par mois pour la rémunération de ses collaborateurs parlementaires.

Pierre Mathiot, professeur de Sciences politiques, l'assure : "les élus sont forcément un minimum formés dès leur arrivée sur ce qu'ils ont le droit de dépenser ou non avec leurs indemnités. À la moindre question, des services de l'Assemblée nationale sont là pour les aiguiller." Mediapart précise qu'un code de déontologie est distribué à chaque député.

À l'Assemblée nationale, des déontologues se saisissent des pratiques financières abusives. Un contrôle est réalisé au moins une fois dans la mandature (5 ans) par système de "carottage" qui examine au hasard les comptes des députés. 

"Cette histoire ne pouvait pas passer sous les radars", juge Pierre Mathiot. "Le RN ne va pas la lâcher. Elle sera soutenue", estime Pierre Mathiot. "Elle est évanescente à l'Assemble nationale et dans sa circonscription", précise-t-il. Cela lui a quand même permis d'être réélue dès le premier tour des législatives de 2024, le 1ᵉʳ juillet dernier.

 

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