Elle est toujours en arrêt maladie. Depuis plus d'un mois, la députée RN du Pas-de-Calais Christine Engrand, mise en cause pour usage personnel de ses frais de mandat, se fait discrète. Son groupe à l'Assemblée nationale espère l'entendre prochainement en vue d'une sanction tandis que Mediapart fait de nouvelles révélations sur ses dépenses.
La députée de la 6ème circonscription du Pas-de-Calais, réélue dès le premier tour des élections législatives anticipées en 2024, est empêtrée depuis la rentrée dans plusieurs affaires. Le 10 septembre 2024, les journalistes de Mediapart révélaient que la députée du Pas-de-Calais avait utilisé des frais de mandat à titre personnel. Convoquée par son groupe à l'Assemblée nationale, Christine Engrand ne s'était pas présentée, fournissant un arrêt maladie.
Sa "voisine" de circonscription, la députée Caroline Parmentier, élue dans le Béthunois, confirme : "Elle est en arrêt maladie jusqu'au 5 novembre. Elle va être convoquée devant le bureau du groupe RN à l'Assemblée nationale, en vue d'une sanction, qui peut être une suspension de plusieurs mois". Sur le fond de l'affaire, aucun commentaire de la députée qui dit attendre la décision du bureau du groupe.
Nouvelles révélations
Le 19 octobre 2024, les journalistes de Mediapart ont publié un nouvel article mentionnant d’autres dépenses. Nos confrères rappellent : "L’élue du Pas-de-Calais, déjà dans la tourmente pour avoir allègrement pioché dans son enveloppe de frais de mandat (de l’argent public) pour des dépenses aussi extravagantes que son abonnement à un site de rencontre, la pension de ses chiens ou les obsèques de sa mère, a aussi un rapport très particulier à la voiture".
En effet, ils auraient découvert que : "Christine Engrand a fait prendre en charge par l’Assemblée nationale – via son avance pour frais de mandat — une facture de plus de 600 euros pour changer le démarreur de sa Volkswagen en août 2023. Le compte AFM de la Deputée, laisse aussi apparaître des prélèvements d’assurance du véhicule, pour 63 € par mois, ou des dépenses de lavage. En janvier 2023, elle a également pioché dans cette enveloppe pour changer les pneus (185 euros) de sa seconde voiture, une Nissan assurée au nom de son époux, décédé fin 2021, qu’elle a ensuite revendue".
Un mois plus tôt, le journal, Le Parisien révélait que la députée roulait sans permis depuis 15 ans.
Christine Engrand, députée RN mise en cause par @Mediapart sur l'usage personnel de ses frais de mandat, a disparu.
— Valentin De Poorter (@v_depoorter) October 26, 2024
Elle ne s'est pas présentée à la convocation de son parti et on ne la voit plus en hémicycle.
C'est elle, pourtant, qui passe son temps à montrer du doigt les… pic.twitter.com/eZ0Wyyy430
Plus de 10 000 euros de dépenses?
Mediapart s'interroge : "s'agit-il de nouvelles "erreurs" liées à une utilisation confuse de son AFM (Avance de frais de mandat), comme Christine Engrand l'avait plaidé pour les autres dépenses personnelles réalisées à partir de ce compte (ce qui est interdit par le règlement) ?"
Et fait les comptes. La députée aurait, selon nos confrères, dépensé plus de 10 000 euros de son avance de frais de mandat à des fins personnels. Le montant mensuel alloué à chaque député est de 5 950 euros.
Marc de Fleurian, député Rassemblement national du Calaisis, ne s'étend pas plus longuement sur l'affaire estimant : "Il faut qu'elle puisse se défendre, il faut qu'elle s'explique". Et regrette : "elle était convoquée par le groupe, elle n'est pas venue. Elle aurait dû venir s'expliquer pour ses électeurs."
La députée continue sur les réseaux sociaux à partager le travail de ses collègues à l'Assemblée nationale, subissant des commentaires sur les dépenses litigieuses qu'elle aurait effectuées.
Contactée, Christine Engrand n'a pas répondu à nos appels.