Dans les communes traversées par l’Aa, les habitants ont pu constater que de nombreux déchets et produits toxiques se sont retrouvés dans la nature. Avec la force et l’intensité des dernières inondations, l’eau a tout emporté sur son passage. Le risque de pollution pour les sols et le fleuve est bien présent mais reste pour le moment difficile à évaluer.
Le cauchemar des inondations n’est pas encore terminé dans le Pas-de-Calais. La décrue laisse découvrir de mauvaises surprises. Les habitants retrouvent des bouteilles en plastique, bidons et autres déchets difficilement identifiables un peu partout dans la nature. Si l’Aa a retrouvé son niveau d’avant, l’heure est maintenant au nettoyage des villes.
On ne sait pas ce qu’il y a dedans [ndlr : dans ce bidon qu'il vient de trouver], c’est marqué chimie il vaut mieux le laisser fermer, on le donnera à un spécialiste du traitement des produits indéterminés.
François-Xavier Bracq, responsable technique
Nettoyage et tri des déchets en cours
Dans la vallée de l’Aa, des opérations de collecte de déchets par des professionnels ont été mises en place. En montrant le bidon qu’il tient dans sa main, François-Xavier Bracq, responsable technique du syndicat mixte pour l’aménagement et la gestion des eaux explique "On ne sait pas ce qu’il y a dedans, c’est marqué chimie il vaut mieux le laisser fermer, on le donnera à un spécialiste du traitement des produits indéterminés."
Une fois le pompage de l’eau dans les maisons terminé, l’enjeu est maintenant de protéger les habitants contre de potentiels déchets toxiques. En cas de collecte d’un produit inconnu, il est conseillé aux habitants de la vallée de l’amener dans un centre de collecte agréé pour l’identifier et le trier correctement.
"Je pense qu’il faut s’abstenir de manger les fruits et légumes des jardins par lesquels l’eau de surface est passée"
Luc Barbier, Chargé de mission au parc naturel régional des Caps et marées d’Opale
Du fioul retrouvé dans une école
À Arques, une fois l’eau évacuée, le personnel de l’école du centre a découvert avec stupeur des tâches violettes de fioul dans l’établissement. Quelques semaines plus tôt, le combustible s’est déversé dans la cour de l’école à cause de l’inondation des citernes de la cave. "C'était irrespirable, le sol glissait on ne pouvait pas accueillir les enfants" raconte Corinne Réant adjointe aux affaires scolaires à la mairie d’Arques. Avant la réouverture de l’école, la mairie a dû faire appel à une entreprise spécialisée dans le nettoyage de produits toxiques. Une fois les inondations terminées, la mairie ne s’attendait pas à gérer des problématiques de dépollution des villes.
Le risque d’une pollution encore invisible
Luc Barbier chargé de mission au parc naturel régional des Caps et marées d’Opale ne peut que constater la partie visible de la pollution dû aux inondations. Des déchets plastiques emportés par l’eau flottaient dans le marais et les rivières, sous peu de temps ils se retrouveront dans la mer. À ce stade, les différentes organisations de protection de l’environnement ne peuvent pas encore mesurer l’impact qu’aura le déversement de ce volume de déchets sur la nature. "Je pense qu’il faut s’abstenir de manger les fruits et légumes des jardins par lesquels l’eau de surface est passée" recommande Luc Barbier aux habitants de la vallée de l’Aa.
Dans les mois à venir des protocoles seront mis en place pour mesurer précisément l’impact du versement de produits toxiques sur l’environnement. Les premiers effets sur la faune et la flore seront sûrement constatés au printemps 2024, quand la nature se réveillera.
Avec Valériane Porcher et Sebastien Gurak / FTV