VIDÉO. Communauté de Riaumont à Liévin : une victime témoigne des "gifles et coups de pied" qu'elle a reçus

Quatre religieux de la communauté traditionaliste de Riaumont à Liévin ont été mis en examen mi-janvier pour "violences légères" sur mineurs par personne ayant autorité. Un ancien pensionnaire témoigne, rapportant les "gifles, coups de pieds et punitions" dont il la été victime.

"J’ai été victime à mon sens, oui, parce qu'il est anormal qu’un jeune soit réprimandé par des gifles, par des coups de pied, par des punitions du style, privé de dessert ou autre, ça simplement parce qu’on a parlé. C’est ce genre de choses…". Patrick* fait partie des victimes de la communauté tradiotionnaliste de Riaumont à Liévin (Pas-de-Calais), un institut privé fondé dans les années 1960 qui comprend une école hors contrat, encadré par des religieux de spiritualité bénédictine célébrant la liturgie en latin. La propriété abrite en outre un groupe scout traditionaliste et un centre de documentation baptisé "laboratoire scout". 

Mi-janvier, quatre religieux de cette communauté ont été mis en examen pour "violences légères" sur mineurs, des "châtiments corporels légers" à l'encontre d'élèves mineurs sans "fait de nature sexuelle". "On avait les gifles, mais parfois elles étaient bien… Comment je peux dire ça, bien amorcées, on les sentait passer, donc de ce fait on n'avait plus trop envie de recommencer, parfois", se souvient Patrick.
 


Coups de ceinture


Ressortis libres, les religieux poursuivis ont été placés sous contrôle judiciaire et ont rejoint la communauté, avec interdiction cependant d'exercer une activité d'encadrement en lien avec des mineurs. La trentaine d'enfants pensionnaires de l'institut sont, eux, rentré dans leurs familles. 
 
Ces violences aujourd'hui reprochées aux mis en cause étaient commises dans le secret de la communauté, selon Patrick : "Ça ne se savait pas, il y a eu de très rares cas où ça a remonté, mais et encore, j’ai un doute... C'était surtout, on fait sa petite justice dans son coin et puis c'est tout, on n'en parle plus".

Les faits, qui concernent 10 enfants "sur plus de 250 entendus", "sont pour la plupart très anciens et, si toutefois ils étaient avérés, ne reflètent en aucune manière les méthodes éducatives et la pédagogie en vigueur aujourd'hui au village d'enfants de Riaumont", assure Me Eric Morain, avocat de la communauté. 

Plusieurs témoignages ont pourtant fait état d'un lieu "fermé" aux méthodes "extrêmement dures" voire dégradantes dans le passé. Selon Charline Delporte, présidente du Centre national d'accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Caffes), l'institution était "signalée aux autorités depuis longtemps" et "aurait dû être fermée". "En 2001, une grand-mère avait déposé plainte pour signaler les sévices subis dans ce centre par son petit-fils", qui "s'est suicidé quelques semaines plus tard", a-t-elle rappelé mercredi.
 
"Après, il y a eu de la part de certains des coups de ceinture. Surtout, comme on était en short en cuir toute l’année, quel que soit le temps, quelles que soient les conditions météo, se faire frapper dessus sur les jambes, pareil, on le sentait passer", poursuit Patrick. "Il y avait un des frères qui avait fait une sorte de trousseau de clés, mais non pas avec un porte-clés ou autre... Il utilisait un morceau de corde à bateau, ce que l’on appelait de la drisse, qui nous servait pour nous aussi parfois, pour faire des noeuds de capucin. Alors un noeud de capucin, c’est un noeud simple dans lequel on repasse plusieurs fois et après on sert le tout, donc ce qui fait que ça peut faire un bon gros noeud. Et du coup pareil, quand il y en a plusieurs à la suite et qu'ils nous frappaient sur la jambe avec ça… Pareil, on le sentait passer".

Un cinquième religieux, l'ancien prieur mis en examen en avril 2017 dans un autre dossier, a également été entendu en garde à vue dans le Sud. Il avait été éloigné par l'institution dans un monastère près de Toulouse après la découverte d'images pédo-pornographiques dans son ordinateur.
 

*Prénom d'emprunt
 
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