Témoignage. Coronavirus : "Communiquer sans faire paniquer", préconise le maire de Loos-en-Gohelle

Publié le Mis à jour le Écrit par Jean-Louis Manand
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Le maire écologiste de Loos-en-Gohelle, récemment réélu, raconte son quotidien en pleine crise.

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Il est comme ça Jean-François Caron. Il dit les choses. En janvier, à l'occasion de sa traditionnelle séance des voeux, le maire (EELV) de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) avait annoncé qu'on allait vers... l'effondrement. Et même qu'on y était déjà, avec les incendies géants en Australie, le réchauffement climatique, les inondations, la disparition des espèces... et tout ce qui menace notre environnement. Et bonne année 2020. Merci d'être venu. 

 

"Accepter l'autorité" et "sobriété d'expression"


Mais pour cet élu – réélu pour un quatrième mandat – qui a fait de sa ville un modèle de transition écologique, c'est sa façon de dire : ne paniquons pas. Au contraire : agissons encore plus. Deux mois plus tard, en pleine pandémie et après une dizaine de jours de confinement, il tient le même discours. Et s'en tient, dans cette crise sanitaire, à deux lignes de conduite.

"Un : accepter l'autorité de l'Etat", énumère Jean-François Caron. "Moi j'aurais bien maintenu le marché sur ma commune, mais bon, j'applique les consignes de l'Etat. Je n'ai pas toutes les informations, donc je ne me rajoute pas au débat. Deux : sobriété d'expression. Communiquer sans faire paniquer. Je demande aux élus et aux services de ne donner aux gens que des informations factuelles, pratiques, précises, brèves. Là encore, on n'en rajoute pas."
 
Cette information, elle se diffuse sous la forme d'un document distribué par les agents municipaux, directement dans les boites aux lettres, deux fois par semaine. Pour le maire de Loos-en-Gohelle, "il est important que les habitants (7000) sentent que leur mairie tient bon. Qu'il y a un pilote dans l'avion. Ici comme ailleurs, sans doute, la parole du maire... ça compte." Les messages sont également relayés et réactualisés chaque jour sur les panneaux municipaux et sur le Facebook de la ville.
 
 

"Les plus isolés ont besoin de parler"


Dès le premier jour du confinement, Jean-François Caron demandait aux bonnes volontés de se faire connaitre. Un appel aux volontaires pour aider les plus fragiles. Aujourd'hui, il compte une soixantaine de bénévoles pour autant de personnes accompagnées. "On a simplement fait le contact aidants/aidés. Les uns apportent les repas aux autres, font les courses, appellent. Les plus isolés ont besoin de parler."
 
Pour protéger ces volontaires, leur permettre de circuler avec un laisser-passer officiel et leur donner un cadre administratif, le maire de Loos-en-Gohelle a ressorti un vieux texte de la fin du 19e siècle donnant un statut aux "collaborateurs occasionnels du service public". Il s'agit d'un arrêt du Conseil d'Etat pris en 1895, que la jurisprudence a confirmé par la suite, notamment au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Ça tombe bien : on est en guerre.
 
À Loos, dans cet ancien bassin minier dominé par des siècles de culture ouvrière, d'autres solidarités se mettent peu à peu en place. Mille masques, ainsi que des gants, ont été retrouvés en mairie et distribués aux médecins locaux. Une collecte de "charlottes" est organisée. Un concours de dessins est ouverts aux enfants.
 
 

"On prend les sujets comme ils viennent"


Tous les matins, à partir de 8H30, Jean-François Caron est en mairie. Il commence par réunir une cellule de crise - qu'il préfère appeler une cellule d'écoute – autour de quelques adjoints et directeurs de services. "On prend les sujets comme ils arrivent. Il y a en permanence des trucs à régler." Et quand il n'est plus sur le terrain, le maire rentre chez lui pour travailler. "Je ne bouge plus, mais je dois reconnaitre que pour quelqu'un comme moi, être confiné en appartement, c'est difficile."
 
 
Le maire écologiste de Loos-en-Gohelle, 62 ans, kinésithérapeute de formation, cadre de santé et ancien dirigeant d'un centre de rééducation, assure qu'il n'angoisse pas pour lui-même. "Le risque médical, j'ai vécu avec toute ma vie professionnelle. Ça ne me fait pas peur."
 
Dernière confidence : Jean-François Caron avoue qu'il ne regarde désormais le journal télévisé du soir qu'à partir de 20H20. Le temps de laisser passer les mauvais chiffres, les images de malades, les images de cercueils. Et il espère de cet effondrement, "de cette gigantesque solitude où chacun d'entre nous est plongé, de notre malheur," une renaissance, une résilience. 
 
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