À Oignies, dans le Pas-de-Calais, les deux chevalements miniers du 9-9 bis ont été sélectionnés par la Mission Patrimoine 2022. Grâce à l'achat de tickets à gratter, les Français pourront participer au financement de la restauration de lieux historiques emblématiques en France.
"C’est formidable d’avoir cette aide financière, qui j’espère sera conséquente, car la rénovation des 2 chevalements se chiffre à plusieurs millions." Jean-Marie Minot, président de l’association Acccusto Seci a le sourire dans la voix et c'est amplement justifiée. La Mission Patrimoine 2022 est lancée et cette année, dans les Hauts-de-France, ce sont les chevalements miniers du 9-9 bis à Oignies (Pas-de-Calais) qui vont bénéficier de cette opération créée en septembre 2017, après l'élection d'Emmanuel Macron, et portée par Stéphane Bern.
Le but est d'identifier les lieux historiques emblématiques en péril du pays et de rechercher de nouvelles sources de financement pour les restaurer. Cette année, dix-huit sites emblématiques des régions de métropole et d'outre-mer bénéficieront du soutien financier du Loto du Patrimoine de la Française des jeux. Le montant de la dotation de chaque lieu sera annoncé au cours des prochaines Journées européennes du patrimoine.
Un grand site de la mémoire minière
Le carreau de fosse 9-9 bis fait partie des cinq grands sites de la mémoire minière. Ouverte en 1930 et démantelée en 1991, la fosse n° 9 - 9 bis des mines de Dourges est une ancienne mine à charbon. C'est sur ce site qu'au milieu du XIXe siècle l'ingénieur foreur artésien Georges Mulot a découvert le charbon dans le Pas-de-Calais.
Fondé en 1852 par la Compagnie des mines de Dourges, le site d’extraction a été le dernier du Bassin minier à fermer en décembre 1990. Le 21 décembre, la dernière berline de charbon a été symboliquement remontée au puits 9, fermant le chapitre de 270 années d’exploitation minière dans la région.
Alors que sa destruction a été envisagée dans un premier temps, le 9-9 bis est sauvé par l’action de l’association Acccusto Seci, composée d’anciens mineurs et de passionnés, qui font protéger les bâtiments au titre des monuments historiques en 1994.
"Corrosion avancée", "fragilité des escaliers" et "usure des taquets de sécurité"
La restauration de ce site n'est pas une mince affaire. Les chevalements sont en péril à cause de "la corrosion avancée de leurs appuis, de la fragilité des escaliers d'accès devenus dangereux et de l'usure des taquets de sécurité", détaille la Mission Patrimoine.
Par ailleurs, "les diagnostics menés ont révélé des fragilités structurelles sérieuses et un risque d'effondrement de l'un des chevalements". C'est pourquoi la commune de Oignies a dû prendre un arrêté de péril en septembre 2020 et a mis en place un périmètre de sécurité autour.
Ce sont les derniers témoins visuels de cette époque. Ces bâtiments sont la richesse de la France à une époque où le charbon était la seule énergie.
Jean-Marie Minot, président de l'association Acccusto Seci
Des bâtiments qui offrent par ailleurs l’un des plus beau style des bâtiments industriels du bassin minier, "le style mine de Dourges, flamboyant, coloré de différentes façons, spectaculaire, en comparaison du style industriel classique."
Au-delà de sa rénovation, Jean-Marie Minot, estime que la sauvegarde de ce patrimoine industriel passe impérativement par la création d’un parcours patrimonial : "il y a urgence à ce que nos élus développent un tourisme industriel, et fassent ce travail de collecte de témoignage".
Les membres de notre association ont tous entre 75 et 85 ans, on est à point de rupture, quand on ne sera plus là, le témoignage disparaîtra, si nos élus ne réagissent pas maintenant, il sera trop tard.
Jean-Marie Minot, président de l'association Acccusto Seci
Proche de la Belgique, de la Grande-Bretagne (très friande de patrimoine industriel), le site de Oignies bénéficie d’une situation géographique idéale, avec à 1,5 kms, le Centre de la Mine et du Chemin de Fer, qui pourrait également bénéficier d’une belle visibilité. Il y a une véritable demande de tourisme industriel, en témoigne le site minier de Zolverien à Essen en Allemagne, qui accueille chaque année 1.500.000 visiteurs, quand le site du 9/9 bis atteint tout juste 1 millier de personnes aux journées du patrimoine. "Messieurs les élus, réveillez-vous", martèle haut et fort Jean Marie Minot
Un programme de reconversion engagé
En 2002, la communauté d'agglomération a acquis le site auprès des Charbonnages de France et un programme de reconversion a été engagé pour faire de ce lieu un espace dédié aux pratiques musicales et à la valorisation du patrimoine.
Reste maintenant à attendre la réhabilitation des deux chevalements pour acter la possibilité d'accéder à nouveau au site. En plus du loto du patrimoine, ils seront mis à l'honneur au cours d'événements annuels organisés par l'établissement public de coopération culturelle 99 bis, chargé de leur exploitation, gestion et animation.
La sélection par la Mission Patrimoine est une bonne nouvelle pour la Fosse n° 9 - 9 bis. En 2021, l'opération a réussi à récolter 21 millions d'euros et depuis la première édition en 2018, elle est venue en aide à 645 sites pour leurs travaux de restauration. Aujourd'hui, plus de la moitié sont sauvés ou sur le point de l'être.