Un migrant a été percuté à deux reprises par le même automobiliste, mardi 2 juillet à Calais. Sept exilés auraient été manifestement pris pour cible par un groupe d'hommes qui les auraient aussi poursuivis et tenté de les frapper. L'exilé blessé est sorti de l'hôpital.
Il était 22 h 30, mardi 2 juillet. Des jeunes gens originaires du Soudan venaient de quitter un point de distribution de nourriture, avenue Saint-Exupéry à Calais, et retournaient vers leur campement.
En chemin, ils racontent aux bénévoles de l'association Utopia "avoir croisé un groupe d'une dizaine d'hommes discutant devant leurs voitures". C'est alors que "l'un d'eux serait monté dans son véhicule, les aurait poursuivis en zigzagant ou montant sur le trottoir".
"L'un des Soudanais est alors percuté, à deux reprises, en tentant d'échapper au chauffard. Le véhicule termine ensuite sa course contre une borne électrique, sous un panneau publicitaire. Là, l'homme descend de son véhicule, armé d'un bâton ("a stick" en anglais, selon les migrants) et tente de frapper l'homme à terre" poursuit Axel Gaudinat, coordinateur Utopia 56 à Calais.
Le chauffeur aurait été récupéré ensuite par un autre véhicule. Il aurait continué à les prendre en chasse et tenté de leur bloquer le passage.
Choqués, les Soudanais racontent avoir réussi à se mettre à l'abri en rejoignant un campement. Les agresseurs présumés ont pris la fuite.
Le jeune blessé a, lui, été pris en charge par les pompiers puis transporté à l'hôpital, où il est resté toute la nuit.
Hier soir à Calais, un groupe de personnes exilées a été poursuivi par une voiture. Un homme a été percuté à deux reprises et a du être transporté à l'hôpital.
— Utopia 56 (@Utopia_56) July 3, 2024
Le véhicule a terminé sa course dans un mur et le conducteur a pris la fuite. pic.twitter.com/LKSzGF5XQM
Une autre version ?
Selon le parquet de Boulogne-sur-Mer, des policiers sont intervenus alors que la voiture était déjà encastrée dans le compteur électrique d'un domicile. Les forces de l'ordre auraient alors été informées d'une dispute entre le conducteur et des migrants qui auraient jeté des cailloux. Le conducteur aurait affirmé s'être trouvé face à un barrage de migrants : il se serait alors montré menaçant et aurait percuté le jeune soudanais.
Une recrudescence des actes violents
Ce qui inquiète Axel Gaudinat, c'est que ce n'est pas la première fois. Mais que, dans le contexte des élections, les agressions ou insultes ne cessent d'augmenter. Il raconte que "cela arrive souvent que les exilés soient insultés, mais aujourd'hui ils reçoivent aussi des pierres. Avec la libération d'un certain discours, les agressions sont plus nombreuses, les insultes aussi, comme les tags à caractère raciste près des lieux de vie ou de distribution".
Les bénévoles aussi subissent cette nouvelle violence : "Une équipe Utopia a été suivie une nuit, les bénévoles sont victimes d'intimidation", raconte Axel Gaudinat, et il termine : "On sent que les élections ont libéré un discours, ça existait avant, mais pas à ce point-là. La fréquence de ce type d'événement a explosé depuis 2 semaines."
Selon nos informations, une enquête a été ouverte pour violences. Le groupe de Soudanais devrait porter plainte dans la journée.