À l'approche de l'été, les tentatives de traversée de la Manche se font plus nombreuses. Pour lutter contre ces départs, la préfecture des Hauts-de-France a annoncé mobiliser 1150 policiers et gendarmes sur son littoral et 3000 dans l'ensemble de la région lors de la période estivale. Une décision vivement critiquée par l'association Utopia 56.
La nuit dernière, 153 personnes migrantes ont été sauvées au large de Gravelines et du Portel. Comme à son habitude, le CROSS Gris-Nez était engagé pour aider deux navires en difficulté. Une scène de naufrage devenue usuelle : dans la Manche et en mer du Nord, une tentative de traversée a lieu presque quotidiennement.
Le Home Office, équivalent britannique du ministère de l'Intérieur, rapporte chaque jour son décompte du nombre de migrants arrivés sur les côtes anglaises. Depuis le 20 juin, seuls trois jours affichent un compteur de zéro. Ce qui ne signifie malheureusement pas qu'aucun départ n'a eu lieu côté français, simplement que ceux-ci n'ont pas abouti, pour une quelconque raison.
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Cette crise migratoire de plus en plus urgente est devenue le lot quotidien des habitants et des maires du littoral, mais aussi des forces de l'ordre, toujours plus présentes sur les plages et à l'intérieur des terres. Des traversées considérées comme "le reflet d’un trafic d’êtres humains mis en place par des passeurs sans scrupule" selon le préfet de la zone de défense et de sécurité Nord, qui publie un communiqué pour faire le point sur la lutte contre l'immigration en cet été 2024.
3000 policiers supplémentaires dans la région
Au quotidien, les forces de sécurité intérieure et les services de secours sont mobilisés sur le littoral à base de patrouilles maritimes, terrestres et d'une couverture aérienne constante pour "préserver la vie humaine". Un engagement qui aurait permis de diminuer les traversées de 36 % par rapport à 2022 selon la préfecture. Au total, les patrouilles ont interpellé près de 800 passeurs et démantelé 49 filières d'immigration illégale sur l'année 2023.
Avec l'été et les beaux jours, les traversées se font logiquement plus nombreuses. La période estivale est donc l'occasion pour la préfecture des Hauts-de-France de renforcer sa présence policière sur le littoral. Pour continuer sur cette lancée, le préfet de la zone de défense et de sécurité du Nord a annoncé le 18 juin dernier son intention de multiplier les forces de police dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme.
Grâce aux restrictions de congés consenties, à l’augmentation des effectifs de réserve et à une compagnie de renforts, 1150 policiers et gendarmes seront donc déployés sur le littoral cet été pour lutter contre l'immigration irrégulière. Dans toute la région, ce sont près de 3000 policiers et gendarmes supplémentaires qui seront engagés par rapport à l’été 2023, dont un peu moins de 800 (361 policiers, 354 gendarmes et 72 membres des Unités de forces mobiles) uniquement pour le Pas-de-Calais, où se concentre le principal des départs.
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Mise en sécurité ou répression ?
"De plus en plus de policiers, de plus en plus de caméras, de radars, de buggies... La militarisation n'en finit pas." L'association d'aide aux migrants Utopia 56 voit ce renfort policier comme une énième provocation. Et surtout, comme un faux combat qui nécessite un budget colossal, qui aurait pu être utilisé pour mettre en place des politiques d'accueil, d'accompagnement juridique ou de suivi psychologique... "C'est vraiment des choix politiques de l'injecter dans la répression", fustige Salomé Bahri, coordinatrice d'Utopia 56 Grande-Synthe. "Alors que fermer encore plus la frontière ce n'est clairement pas ce qui fonctionne."
C'est vraiment des choix politiques de l'injecter dans la répression. Alors que fermer encore plus la frontière ce n'est clairement pas ce qui fonctionne.
Salomé Bahri, coordinatrice d'Utopia 56 Grande-Synthe
La jeune femme souligne que, malgré cette militarisation de la Manche, le Home Office (Ministère de l'intérieur britannique) a enregistré que, en moyenne, 74 personnes tentent la traversée chaque jour, avec un pic en janvier et mai derniers. Le 19 juin, 882 migrants avaient traversé la Manche en une seule journée, un record depuis le 1er janvier 2024. "La politique de répression ne mène qu'à des violences et génère cette crise humanitaire. Ces personnes continuent de passer et elles y arrivent !"
