Nausicaá : une association de protection des animaux saisit la justice pour faire interdire deux concerts

Ces concerts de musique classique sont censés être “interdits par la loi”, affirme l’association PAZ (Paris Animaux Zoopolis). Celle-ci demande l’annulation de deux événements organisés par l’aquarium Nausicaá, à Boulogne-sur-Mer. Elle a saisi ce vendredi 8 mars le tribunal administratif de Lille.

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Deux concerts d’exception” le 23 mars et “plus de 100 artistes sur scène” le 15 juin. Ce sont les événements annoncés par Nausicaá sur son site Internet. Deux soirées de musique classique, face à la grande baie du plus grand aquarium d’Europe, situé à Boulogne-sur-Mer. Les billets ont tous été vendus.

Pourtant, l’organisation de ces événements pose question, comme le souligne PAZ (Paris Animaux Zoopolis). Cette association de protection des animaux a saisi le Tribunal Administratif de Lille ce vendredi 8 mars, à travers un référé mesures-utiles.

Deux soirées de musique classique, illégales ? 

L’objectif étant de faire interdire les concerts organisés par Nausicaá”, explique Amandine Sansivens, cofondatrice de la PAZ. “Depuis la loi de 2021, il est interdit de présenter des animaux lors d’événements festifs avec de la musique.” 

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La militante fait référence à la loi de lutte contre la maltraitance animale du 30 novembre 2021, qui précise qu’il est “interdit de présenter des animaux domestiques ou non domestiques en discothèque”. Et définit le terme “discothèque” comme “tout lieu clos ou dont l’accès est restreint, dont la vocation première est d’accueillir du public, même dans le cadre d’évènements privés, en vue d’un rassemblement destiné principalement à la diffusion de musique et à la danse”. 

Nausicaá s'étonne de la réaction de l'association : "On a l’impression qu’on fait des événements de discothèque chez nous, ce qui n’est pas le cas...", affirme Miriam Charlier, la responsable communication de l'aquarium. "Pour clarifier le type d’événement qu’on fait : il s'agit de concerts de musique classique, avec un public assis." Elle précise que la salle a une capacité maximale de 200 personnes. 

Entre la musique, le public et la vente de tickets, c’est une entreprise à but lucratif. On est loin de la conservation des espèces animales !

Amandine Sansivens

cofondatrice de l'association Paris Animaux Zoopolis

L’association PAZ estime par ailleurs que Nausicaá, si elle a l’autorisation de présenter des animaux non domestiques au public en tant que parc zoologique, “n’a pas l’autorisation préfectorale pour organiser des concerts”. Du côté de la préfecture, on nous signale avoir “contacté la DDPP [Direction départementale de la protection de la population, ndlr]” pour éclaircir le cadre légal de ces événements.

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Amandine Sansivens pointe la volonté de l’aquarium de “faire de l’argent sur le dos des animaux”. “Les poissons sont montrés en arrière-plan des concerts, vus comme de la déco, des attractions…” avance-t-elle. “Entre la musique, le public et la vente de tickets, c’est une entreprise à but lucratif. On est loin de la conservation des espèces animales !

Dans un communiqué en réponse à l'association, Nausicaá se défend, affirmant que : "les pratiques artistiques (...) sont des supports utiles" qui permettent de "toucher des publics différents" et de leur transmettre "des connaissances directes". En l'occurence, les concerts permettent à l'aquarium de financer son fonds de dotation, "un soutien à ses actions". Le concert du 23 mars donnera ainsi lieu "à un versement de mécénat (...) d’un montant de 2 000 euros".

Des concerts perturbants pour les animaux

Nausicaá n’en est d'ailleurs pas à son coup d’essai : en juin 2023, l’orchestre universitaire de Taipei s’était produit devant le Grand Bassin de la Haute Mer. “Un moment exceptionnel où le ballet des raies et requins du grand bassin a été porté par les partitions musicales”, se targue l’aquarium sur son site Internet. 

Pour la PAZ, on est pourtant loin de la chorégraphie aquatique. Amandine Sansivens souligne que “le bruit et les vibrations sont un facteur de stress” pour les poissons. La défenseuse des animaux explique les conséquences de ce type d’événements musicaux : “Cela perturbe les cycles d’apprentissage et de reproduction. Il y a aussi la question des lumières, qui peuvent déranger certaines espèces vivant en profondeur, dans la pénombre.

La militante souligne toutefois qu’il n’y a “pas besoin d’avoir de débat scientifique”. “On se place du côté de la loi : c’est interdit, la loi doit être respectée”, affirme-t-elle. L’association PAZ espère une décision de justice rapide, avant le concert du 23 mars.

Il n'y a pas besoin d’avoir de débat scientifique. On se place du côté de la loi : c’est interdit, la loi doit être respectée.

Amandine Sansivens

co-fondatrice de l'association Paris Animaux Zoopolis

Du côté de Nausicaá, on conteste fermement ce point de vue : "On n’est pas dans l’illégalité car la loi de 2021 ne correspond pas du tout à notre typologie d’événements”, explique Miriam Charlier. L'aquarium affirme par ailleurs qu'il n'y a "pas d’atteinte au bien-être animal par le bruit émis lors de ces concerts de musique classique". L'aquarium boulonnais affirme qu'une étude commandée en 2023 en atteste. Nous n'avons pour le moment pas pu la consulter.  

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