Ils ont disparu de la circulation depuis la rentrée de septembre. Les 6 véhicules "verts" qui reliaient Bruay-la-Buissière à Lillers sont en révision à l'autre bout de la France, chez leur constructeur. On vous explique pourquoi.
C'était la première ligne de bus à hydrogène de France, inaugurée en novembre 2019. 6 bus "nouvelle génération", plus propres car ils n'émettent aucun polluant, ni gaz à effet de serre -uniquement de la vapeur d'eau- et moins énergivores car ils fonctionnent à partir d'une pile à combustible rechargeable.
Mais voilà, depuis la rentrée de septembre, plus aucun bus à hydrogène ne roule entre Bruay-la-Buissière et Lillers. Les 6 véhicules sont repartis chez leur constructeur, Safra, à Albi.
Les bus sont en révision mais on ne sait pas quand on va les retrouver car aucune solution technique ne peut pour l'instant être apportée
Benoît Descamps, responsable communication Artois Mobilités
Le problème ? Un bruit inexpliqué, "insupportable, selon ce conducteur de bus qui préfère garder l'anonymat, imaginez que pendant votre service de 7h, vous entendiez kakakaka en continu."
90 décibels
Selon Artois mobilités qui gère le réseau, une nuisance sonore de 90 décibels a bien été constatée, soit l'équivalent du bruit d'une tronçonneuse ou d'une tondeuse à gazon. La décision a donc été prise de retirer de la circulatin tous les véhicules pour les faire expertiser chez leur constructeur.
"Mais si encore il n'y avait que ça, poursuit le conducteur, on n'a eu que des problèmes avec ces bus : des postes de conduite non adaptés, des tableaux de bord éblouissants, un éclairage trop important, etc." Des soucis qui ont été gérés petit à petit expliquent les responsables du réseau. Mais les conducteurs pointent du doigt des problèmes plus graves.
On a eu des soucis avec les boîtes de transmission. Je peux vous dire que ça fait peur, surtout quand ça arrive sur la rocade
Un conducteur de bus
"Même certains clients n'étaient pas rassurés de monter dans nos bus", poursuit le chauffeur.
Déverminage
Une période de rodage un peu longue reconnaît le communiquant d'Artois mobilités qui justifie ces difficultés : "nous avons récupéré les bus en sortie de chaîne, ils n'avaient pas roulé un seul kilomètre. En signant le contrat, on savait qu'on allait essuyer les plâtres, forcément on était les premiers à faire ça."
Le réseau Tadao a donc géré la période de déverminage, procédure permettant de tester les éléments d'un système avant d'entrer en service. Deux salariés du constructeur Safran se sont installés dans le bassin minier pour gérer ce service après-vente.
10 bus
La première année et demie s'est déroulée correctement, en fonction des ajustements nécessaires. C'est après que les choses se sont dégradées, jusqu'au retrait total le mois dernier de tous les bus.
Artois mobilités espère récupérer ses 6 bus à hydrogènes dès que possible. Le réseau va prochainement en commander 4 autres, un appel d'offre doit être lancé.
On croit en l'hydrogène, on souhaite monter le nombre de bus propres de 6 à 10 dans les prochains mois
Benoît Descamps, responsable communication Artois Mobilités
Les conducteurs aussi y croient. Ils ont récemment testé deux modèles, l'un de Toyota, l'autre de Van Hool : "aucun soucis avec ceux là, affirme le professionnel, il faut juste nous donner les moyens de faire notre travail correctement."
En attendant de reformer la flotte de bus à hydrogène, les véhicules mis en service sur la ligne Bruay-la-Buissière à Lillers roulent au colza.