800 kilos de raisin ont été ramassés ce week-end sur un terril d'Haillicourt. Depuis 2014, on fait du vin avec ces vignes atypiques plantées dans une pente créée par les résidus miniers. Mais que vaut ce "charbonnay" ?
Le jeu de mot autour du charbon est facile, mais il permet de comprendre tout de suite l'origine atypique de ce vin. Le "charbonnay" est cultivé sur un terril d'Haillicourt, près de Bruay-La-Buissière dans le Pas-de-Calais. Les vendanges avaient lieu ce week-end.
Sur les 339 terrils miniers des Hauts-de-France, seul celui d'Haillicourt a été planté de vignes. Le terrain est pauvre et donc idéal pour la viticulture. Le climat convient parfaitement au chardonnay. Sur le monticule de résidus miniers haut de 80 mètres, 2 000 pieds ont été plantés il y a six ans.
Que vaut ce vin singulier ? Nous avons fait goûter à l'aveugle un verre de "charbonnay" à deux spécialistes. "On a un nez qui est net, pur, précis, propre. Superbement équilibré, sans exubérance. En bouche, on a du gras", détaille Aurélien Chutaux, caviste à Lille.
"C'est subtil, c'est complexe à la fois. C'est riche. On a l'impression qu'il y a des arômes un peu confits", ajoute Éric Dugardin, vice-meilleur sommelier de France 1988. C'est donc semble-t-il une réussite pour le "charbonnay".
Un vin qui sent le charbon ?
"Comme le soleil est pas très chaud, on a aussi des parfums typiques du cépage", précise Patrick Marlière, météorologiste. "De là à dire que ça sent le terril ou le charbon, non je ne vais pas jusque là. Mais on a cette spécificité qui vient de ce climat."Les vignes s'enracinent sur une pente à 80%. "Elle permet un ensoleillement maximum de chacun des pieds", ajoute-t-il. "Chaque pied a son soleil, puisqu'on est plein sud. Il y a un petit vent qui lèche constamment le vignoble du terril et qui fait qu'il y a très peu de pression de maladies.
Si la récolte de 800 litres est encore modeste, le "charbonnay" deviendra peut-être un jour l'or blanc des gueules noires.