Sur les 339 terrils miniers des Hauts-de-France, seul celui d'Haillicourt a été planté de vignes. Le terrain est pauvre et donc idéal pour la viticulture. Le climat convient parfaitement au chardonnay. Sur le monticule de résidus miniers haut de 80 mètres, 2 000 pieds ont été plantés il y a six ans.
Que vaut ce vin singulier ? Nous avons fait goûter à l'aveugle un verre de "charbonnay" à deux spécialistes. "On a un nez qui est net, pur, précis, propre. Superbement équilibré, sans exubérance. En bouche, on a du gras", détaille Aurélien Chutaux, caviste à Lille.
"C'est subtil, c'est complexe à la fois. C'est riche. On a l'impression qu'il y a des arômes un peu confits", ajoute Éric Dugardin, vice-meilleur sommelier de France 1988. C'est donc semble-t-il une réussite pour le "charbonnay".
Un vin qui sent le charbon ?
"Comme le soleil est pas très chaud, on a aussi des parfums typiques du cépage", précise Patrick Marlière, météorologiste. "De là à dire que ça sent le terril ou le charbon, non je ne vais pas jusque là. Mais on a cette spécificité qui vient de ce climat."Les vignes s'enracinent sur une pente à 80%. "Elle permet un ensoleillement maximum de chacun des pieds", ajoute-t-il. "Chaque pied a son soleil, puisqu'on est plein sud. Il y a un petit vent qui lèche constamment le vignoble du terril et qui fait qu'il y a très peu de pression de maladies.
Si la récolte de 800 litres est encore modeste, le "charbonnay" deviendra peut-être un jour l'or blanc des gueules noires.
Pas-de-Calais : la cuvée des mineurs