C'est une histoire étonnante que celle du village de Sains-lès-Marquion. Les travaux viennent de commencer pour raccorder ses 130 maisons à l'eau potable. Jusqu'ici, les habitants se débrouillaient avec l'eau du puits. Et ça convenait très bien à certains.
Le chantier qui agite le centre-ville de Sains-lès-Marquion va bientôt mettre fin à l'ultime exception française en matière d'accès à l'eau potable. Depuis quelques jours, les travaux ont commencé pour raccorder au réseau ce village du Pas-de-Calais comptant 350 âmes. Il était le dernier en France à ne pas en bénéficier.
Parmi les 130 maisons, aucune n'était raccordée à l'eau potable. Un oubli qui date de la fin de la Première guerre mondiale, lors de la reconstruction du village. Et le maire de la commune commençait à s'inquiéter de cette anomalie. "On s'est posés la question de la qualité de l'eau après que des gens ont été malades. Je ne voudrais pas que les enfants soient malades à cause de la qualité de l'eau", plaide Guy de Saint-Aubert.
Jusqu'à présent, chaque habitant avait son propre forage. Michel Lore a puisé un silo gratuitement dans la nappe phréatique située quelques mètres sous sa maison. "Le forage est dans la cour puis l'eau est envoyée dans la pompe qui injecte l'eau dans le circuit de la maison", explique l'habitant de Sains-lès-Marquion.
La qualité de l'eau ne semble pas le contrarier : "elle est bonne, elle n'a pas de goût. J'aime mieux celle-ci que certaines eaux du commerce". A la fin des travaux, Michel, comme ses voisins, auront le choix de se raccorder ou non au réseau d'eau potable.
Bientôt les premières factures
Une opération gratuite pour les habitants, qui devront toutefois payer leur consommation. Ce qui n'est pas du goût de tout le monde : "Qu'est-ce que ça va changer pour moi, se questionne une autre habitante. J'ai de l'eau qui coule à mon robinet, elle est saine, je ne la paye pas. Demain, je pense que les factures vont arriver et les personnes qui ont souhaité avoir le raccordement à l'eau vont s'en mordre les doigts."
Pas de quoi dissuader une autre habitante du village. Mère de famille, elle a toujours refusé de boire l'eau du puits : "Avec tous les produits déversés dans les sols, on ne sait pas ce qu'on consomme vraiment. Je préfère une eau de source une eau potable, quitte à payer", estime Sabrina Stella.
Les travaux prendront fin à l'été 2020. Coût : un million d'euros pour 5 kilomètres de tuyaux, entièrement pris en charge par le syndicat intercommunal. Quand la modernité a un coût.