ENTRETIEN. 3 questions au maire de Saint-Omer, missionné par Emmanuel Macron pour penser à "l’après" inondations dans le Pas-de-Calais

Lors de son déplacement à Saint-Omer mardi 14 novembre 2023, Emmanuel Macron a missionné le maire de la commune pour trouver des solutions afin d'améliorer les systèmes d'évacuation d'eau et éviter de nouvelles crues dévastatrices à l'avenir. Entretien avec François Decoster.

Depuis le début du mois de novembre, il est en première ligne face aux inondations. Au chevet des sinistrés, dans les multiples réunions organisées dans la cellule de crise de la préfecture du Pas-de-Calais mais également auprès du président de la République... François Decoster ne compte pas ses heures.

Ce mercredi 15 novembre 2023, lorsqu’il nous répond au téléphone entre deux réunions, le maire de Saint-Omer est en voiture. Et il a le sourire. "Aujourd’hui, il fait beau ! Voir le ciel bleu en ce moment est un soulagement", confie-t-il. Une accalmie bienvenue alors que le moral des habitants est au plus bas. "Certains me disent qu’ils ne supportent plus la pluie et c’est difficile pour moi de trouver une réponse".

Un choc psychologique causé par les crues à répétition qui ont inondé des dizaines de communes de l’Audomarois. Tout un bassin de population, déjà éprouvé par les crues historiques de 2002, se retrouve de nouveau sous les eaux. Malgré les nombreux travaux engagés il y a 20 ans, les infrastructures n’ont pas suffi à éviter les inondations, alors que l’Aa, fleuve côtier traversant l’Audomarois, a pulvérisé les records de hauteur d’eau, parfois de plus d’un mètre.

À cette époque, François Decoster n’était pas encore maire de la plus grande ville du secteur (il a été élu en 2014, NDLR). Mais aujourd’hui, le premier édile apparaît comme l’homme de confiance choisi par Emmanuel Macron pour éviter de nouvelles crues.

Lors de sa visite dans la ville mardi 14 novembre, le chef de l’Etat a missionné François Decoster pour se pencher sur "l’après", afin de trouver des solutions pour améliorer les systèmes d’évacuation d’eau et éviter ainsi de nouvelles crues dévastatrices dans les prochaines années.

France 3 Hauts-de-France : pourquoi cette mission pour préparer "l’après" inondations, alors que la même réflexion a été menée après les crues de 2002 ?

François Decoster : "Le travail mené après 2002, soit avant que je sois maire, s’est appuyé sur la crue de 2002. Personne à l’époque ne se disait qu’on pouvait connaître encore pire.

Et finalement si, il est tombé en 30 jours ce qui tombe habituellement en 6 mois dans le Pas-de-Calais. On va en faire l’évaluation, mais d’évidence, ce qui a été fait depuis 2002 ne permet pas d’éviter une catastrophe.

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Aujourd’hui, il y a 3 temps : le temps de l’urgence, le temps de la reconstruction et le troisième temps, pour lequel j’ai été missionné. La question est la suivante : comment continuer à nous adapter au regard des événements qui sont entrés dans une nouvelle dimension ? Comment on fait pour se préparer à des évènements qui risquent d’être de plus en plus fréquents et de plus en plus brutaux ?

Ce n’est pas moi, seul, qui vais créer les réponses. C’est un travail collectif qui va s’engager. Ce travail n’a pas encore commencé car les inondations se poursuivent et, aujourd’hui, je suis au côté des habitants".

France 3 Hauts-de-France : en quoi va consister cette mission ?

"Avec le chef de l’Etat, nous voulons avoir une approche européenne. Très concrètement, il faut qu’on aille regarder ce qui a été fait ailleurs, notamment aux Pays Bas. Il y a eu des inondations catastrophiques dans les années 50 qui ont fait de nombreuses victimes et qui ont donné lieu à un grand plan national appelé delta. Il consiste notamment à installer des équipements adaptés et à préparer les habitants à de telles situations, notamment avec des pompes à domicile etc.

Aux Pays-Bas, il y a eu une réelle prise de conscience au plan national. Il faut que l’on fasse la même chose.

François Decoster, maire de Saint-Omer

C’est toujours bénéfique d’aller voir les expériences auprès de nos voisins. D’autant plus qu’on a des configurations assez semblables : le pays a travaillé sa relation à la mer depuis des siècles, comme nous. Le delta de l’Aa a aussi un polder, comme aux Pays-Bas (étendue artificielle de terre conquise sur l’eau grâce à des digues, des barrages avec un niveau inférieur à celui de la mer, NDLR).

Chez nos voisins, il y a eu une réelle prise de conscience au plan national. Il faut que l’on fasse la même chose".

France 3 Hauts-de-France : vous voulez dire que cette réflexion dépasse les frontières du Pas-de-Calais ?

"Le chef de l’État a conscience que ce qui s’est passé chez nous, à savoir un fleuve côtier dont le débit devient infernal, est une situation qui pourrait se reproduire ailleurs en France.

Le dérèglement climatique concerne l’ensemble de la planète. Un exemple : le fait qu’on passe d’une situation de sécheresse à une situation historique d’inondations avec impacts très forts est l’illustration de la nécessité absolue de revoir notre organisation et notre fonctionnement.

Il y a des questions difficiles qui vont être soulevées comme l'artificialisation des sols... Mais nous allons y arriver".

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