La gauche domine le premier tour des législatives dans la 8ème circonscription du Pas-de-Calais

En décembre dernier, l'élection du candidat divers-gauche de la 8ème circonscription du Pas-de-Calais était invalidée. Bertrand Petit, de retour devant les urnes ce 22 janvier, se place comme largement favori. Il pourrait retrouver son siège de député dès le 29.

La 8ème circonscription du Pas-de-Calais a confirmé son changement de cap, à gauche toute. Ce dimanche 22 janvier, le candidat étiqueté Divers Gauche, Bertrand Petit, est arrivé en tête des législatives partielles avec 46% des suffrages exprimés.

Il a notamment emporté 60% des voix dans sa commune de Saint-Martin-Lez-Tatinghem et 43% à Saint-Omer, la plus grande ville de la circonscription. Son adversaire du second tour, le candidat RN Auguste Evrard réalise lui ses plus beaux scores dans de plus petites communes, comme Auchel ou Isbergues. 

Le 2 décembre, le Conseil constitutionnel avait invalidé l'élection du député socialiste de la 8ème circonscription du Pas-de-Calais. Ce n'est pas la probité de l'élu, également maire de Saint-Martin-lez-Tatinghem, qui était remise en cause mais celle de son suppléant. En effet, l'élection de Bertrand Petit a mené René Hocq a un cumul des mandats incompatible pour nos institutions, puisqu'il avait déjà été élu remplaçant d'un sénateur lors des sénatoriales 2017. 

Il avait donc fallu repartir à la bataille, un vrai risque pour le camp Petit. Lors des élections initiales, qui se sont tenues les 12 et 19 juin 2022, il était sorti du premier tour face à Auguste Evrard. Le candidat RN était favori des urnes avec 27,46% des voix contre 22,54% pour Bertrand Petit. Au second tour, le candidat DVG avait profité du report du front républicain et finalement devancé l'extrême-droite d'une dizaine de points. 

Une contre-performance pour le RN

Après ce nouveau premier tour du 22 janvier, la tendance s'est inversée. Bertrand Petit ressort des urnes avec plus de 46% des voix contre presque 24% pour son adversaire RN. Même si le camp de Marine Le Pen mise tout sur le second tour, cette contre-performance est une vraie déception : le 90ème député RN à l'Assemblée ne viendra peut-être pas du Pas-de-Calais. 

"A Auchel, nous avons fini largement en tête, nous avons même consolidé notre score", préfère souligner Auguste Evrard dans une vidéo de remerciements à ses électeurs. Contrairement à une règle vérifiée de nombreuses fois par le passé, l'abstention massive n'a pas profité à l'extrême-droite.

Plus de 70% des électeurs ne se sont pas déplacés aux urnes, un score encore plus important que lors des premières législatives où la circonscription avait déjà été marquée par une faible participation. C'est finalement le camp des non-votants qui était en tête ce 22 janvier. 

Renaissance de nouveau éjectée du second tour

Le député sortant Renaissance, Benoît Potterie, n'a rassemblé que 21% des suffrages, un score presque identique à celui de l'élection initiale. En effet, partout en France, la prime au sortant n'a pas tant que cela bénéficié aux élus du parti présidentiel. 

En 2017, le candidat Macron avait réussi à emporter les législatives dans son élan, et pris une majorité absolue à l'Assemblée Nationale, avec plus de 300 sièges. Cinq ans plus tard, son impopularité croissante a compliqué la partie et le camp présidentiel perdu sa majorité à l'Assemblée.

Depuis juin, le tableau ne s'est pas éclairci pour la Macronie. L'usage répété du 49.3 est décrié jusque dans les rangs de la majorité et le projet de réforme des retraites rencontre l'opposition d'une large majorité des Français. Difficile dans ces conditions, pour Benoît Potterie, de faire valoir ses combats et son bilan. 

Bertrand Petit, les ingrédients d'un premier succès

Dans ce paysage politique fragilisé par la défection des électeurs, comment Bertrand Petit a-t-il réussi à mobiliser ? D'abord, le candidat DVG a mené une campagne pour le moins énergique. Il a multiplié les déplacements sur le terrain et a abondamment communiqué sur ses opérations de tractage. Auchel, Racquinghem, Saint-Omer, Wizernes. Le candidat désélu n'a dédaigné aucune boîte aux lettres, aucune invitation aux voeux dans les mairies. Il a ainsi combattu pied à pied les accusations de tricherie lancées par ses adversaires. 

Il a aussi réussi à se trouver des alliés stratégiques sur le territoire, de ceux qui interpellent l'opinion publique. Il a par exemple partagé un message de soutien vidéo enregistré par André Pecqueur, le patron de la brasserie Goudale, une institution du patrimoine local. Il a aussi réussi le tour de force de rallier à sa cause Willy Schraen, (vidéo ci-dessous) le très polémique président de la Fédération de la chasse, qui jusque-là se tenait proche des cercles macronistes.  

Grâce à cette stratégie, il a réussi à rapprocher la gauche d'un électorat dont elle s'était peu à peu déconnectée : l'électorat rural. 

Enfin, Bertrand Petit a été adoubé également par la NUPES. C'est un point important, car le parti a réussi à s'imposer médiatiquement comme la première force de contestation face à la réforme des retraites. Un contexte qui a offert à Bertrand Petit un argument-phare pour convaincre lors de ce premier tour.

Les électeurs seront de nouveau conviés aux urnes le 29 janvier pour choisir définitivement le député de la 8ème circonscription. 

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