Depuis sa création en 1975, la mythique course de moto sur sable du Touquet pose de nombreuses questions environnementales. Conscients des enjeux, organisateurs et associations apportent des réponses.
C'est la question qui revient tous les ans. Quel est l'impact de l'Enduropale sur la nature ? Si les protecteurs de l'environnement pointent du doigt un événement qui serait nuisible pour la biodiversité, cela reste à relativiser pour Denis Guérin : "Il y a toujours eu de la méfiance envers les sports mécaniques. Dans les faits, ce n'est pas si polluant que ça", assure le promoteur de championnats de France de moto sur sable.
Plus de 2500 pilotes attendus
Si la compétition attire le regard, en réalité, c'est l'organisation qui est la plus couteuse d'un point de vue environnemental. Pour prendre l'exemple d'un événement comme Rolland-Garros, deux études, réalisées en 2008 et en 2013, ont démontré que 90% des émissions carbones provenaient des déplacements liés à l'organisation de l'événement.
S'il n'existe pas d'études similaires pour l'Enduropale, l'organisation de l'événement se concentre sur cet aspect pour tenter de réduire au maximum son empreinte carbone : "La compétition en elle-même est une goutte d'eau au niveau des émissions de CO2. On préfère agir en incitant les spectateurs à venir en train ou en limitant le nombre de véhicules par exemple", explique Denis Guérin. La manifestation recevra cette année 2500 pilotes et accueille chaque année entre 200.000 et 300.000 spectateurs.
L'espace dunaire est interdit d'accès depuis 2005 et nous avons interdit récemment l'accès au pied de dune entre Stella et Le Touquet.
Denis Gérin, Promoteur Enduropale
Il y a les émissions de carbone donc, mais également l'impact sur la biodiversité qui peut poser problème, d'autant plus que les plages et dunes du Touquet sont un site Natura 2000. "L'espace dunaire est interdit d'accès depuis 2005 et nous avons interdit récemment l'accès au pied de dune entre Stella et Le Touquet", relate Denis Guérin.
Un site Natura 2000 sensible
Un effort jugé cependant insuffisant par l'Association de sauvegarde de la forêt et des dunes (ASFD) : "Il y avait encore du public sur ces dunes pour la dernière édition et je suis persuadé que ce week-end, il y en aura encore. Cela abîme l'écosystème", déplore Sylvain Gouz, président de l'association.
L'association se bat depuis des années contre cet événement historique : "C'est un événement qui devrait appartenir au siècle dernier", s'indigne-t-il. "Le sable devient volatile à force d'être déplacé, il faut donc en faire venir d'ailleurs. Cela effraie les phoques de la baie de Canche et tous les animaux qui vivent aux alentours. Pour moi c'est un scandale écologique."
Une course de véhicules électriques pour bientôt ?
Des études ont cependant été réalisées par l'organisation de l'Enduropale pour estimer les conséquences de la course, notamment sur le sable, mais aucun problème majeur n'a été constaté. "Malgré ces études, j'ai du mal à croire que les litres d'huile de ricin déversés sur le sable n'aient aucune conséquence sur le long terme. Nous aimerions faire une contre-expertise, mais nous sommes une petite association et cela coûte cher", regrette Sylvain Gouz.
Le président de l'association aimerait que des véhicules électriques soient utilisés pour que la course soir plus en phase avec les enjeux environnementaux de la planète, mais les motos électriques se font encore rares à l'Enduropale : "Les constructeurs n'ont pas encore de réelle alternative à proposer au niveau de l'électrique, ce n'est donc pas notre priorité pour le moment. Mais c'est quelque chose qui va se développer dans les prochaines années, c'est sur", répond Denis Guérin.