A partir de ce 21 juillet, le pass sanitaire est obligatoire dans les lieux culturels. Sous peine d'amende de 135 euros pour les clients et 1500 euros pour les exploitants. A Lille, un musée et un cinéma nous ont ouvert leurs portes.
Peu de monde s'est vu refuser l'entrée ce matin du palais des Beaux-arts de Lille. Hamid Hamad gère la sécurité à l'entrée du musée aujourd'hui : "six ou sept personnes n'ont pas pu entrer". Et selon, une confidence de ce dernier à son directeur Bruno Girveau, une seule personne aurait été un peu véhémente. Sur quelque 200 personnes accueillies à la mi-journée, cela semble relativement peu.
"Les visiteurs dans l'ensemble sont bien informés et compréhensifs", explique le directeur. Une personne supplémentaire a été détachée à l'accueil pour vérifier les QR codes et les papiers attestant qu'une deuxième dose de vaccin a bien été administrée, depuis au moins sept jours, à chaque visiteur. Une pièce d'identité est également demandée avec le pass sanitaire.
"Une espèce de privation de liberté"
Si le schéma vaccinal n'est pas complet, les tests antigéniques rapides sont possibles dans les pharmacies alentour. Marianne, stagiaire au sein d'un Ehpad dans la région niçoise est venue voir un membre de sa famille à Lille. Tous les deux sont dans l'atrium du musée et n'ont pas le même point de vue sur la vaccination et le pass sanitaire. La jeune femme, qui a pu rentrer grâce à un test PCR négatif de moins de 48 heures, estime que "la forte incitation à vacciner aujourd'hui est une espèce de privation de liberté".
Gabriel qui l'accompagne, se dit favorable le pass sanitaire pour "enrayer définitivement la progression du virus" mais comprend que le laps de temps entre l'annonce du président de la République lundi 12 juillet 2021 et la mise en place effective du pass, ce mercredi 21 juillet, soit un peu "court".
Un avis que partage Justine, 19 ans, étudiante en école d'infirmière en Belgique : "du lundi au mercredi suivant, le délai est court" remarque la jeune femme, tout comme Emeline, une amie avec qui elle visite le musée lillois. En tant qu'étudiante en santé (en kinésithérapie en l'occurrence), elle estime normal de se vacciner.
Une entrée refusée à deux jours près...
Céline et Yanis viennent de se voir refuser l'entrée du musée des Beaux-Arts. Ils ont à peine plus de 18 ans, mais seuls les mineurs sont dispensés de pass sanitaire. Le leur ne sera en règler que vendredi 23 juillet, soit 7 jours révolus après la deuxième dose. Le responsable de la sécurité leur demande donc gentiment de repasser dans deux jours. Ce qui ne surprend pas les deux jeunes gens : "Ce n'était pas une visite programmée de longue date et pour tout dire Yanis avait envisagé qu'on se fasse refouler en venant, dans le métro. Le pass sanitaire c'est bien conclut Céline, même si je suis dég, pour le coup".
Au cinéma, quelle tolérance pour l'avant-première de Titane ce soir ?
Changement de lieu culturel, nous sommes à présent dans la rue commerçante de Béthune, celle des cinémas. Il est 14h00. C'est le calme avant l'effervescence. Le directeur du Métropole de l'UGC et du Majestic a une grosse journée. Et pour cause, Julia Ducournau, qui a réalisé Titane, Palme d'or à Cannes cette année, sera présente à l'avant-première de son film pour échanger avec le public ce soir à 19h45 au Majestic.
Loïc Arnaud, le responsable du cinéma, ne sait comment son directeur va gérer l'afflux des cinéphiles. "Normalement la salle est pleine", mais les réservations qui se sont faites il y a une semaine ou deux l'ont été sans demander de garantie par rapport au pass sanitaire. "Je pense qu'il va y avoir une tolérance d'un ou deux jours par rapport au schéma vaccinal complet", explique Loïc. Il ne se voit pas refuser l'entrée à des personnes qui ont reçu les deux doses de vaccin il y a presqu'une semaine.
"On est bien obligés de s'adapter aux lois"
La direction du cinéma a donné à Loïc Arnaud, deux téléphones avec un lecteur de QR Codes adapté. "J'ai refusé ce matin quatre ou cinq spectateurs sur 50 en tout. Tout s'est bien passé, mais on a eu, les jours ou semaines précédentes des messages très violents, très virulents du type 'on va vous caillasser'. Alors que nous ne faisons pas de politique. En tant qu'entreprise, on est bien obligés de s'adapter aux lois."
C'est une restriction de liberté et on n'a pas à se justifier de son état de santé !
Ils ne sont pas nombreux mais certains clients viennent au cinéma avec une motivation particulière. Michelina, arrivée entretemps, annonce qu'elle va "résilier son abonnement"... "Bien sûr que ça me dérange le pass sanitaire. C'est une restriction de liberté et on n'a pas à se justifier de son état de santé !" précise-t-elle.
Pour conclure, Loïc explique qu'en tant que responsable de salles, il aurait préféré une autre solution du type : 60% des places ouvertes à la vente, masque obligatoire mais sans pass sanitaire, comme le préconisait la Fédération Nationale du Cinéma. "Cela aurait été une solution plus simple à mettre en place et moins restrictive pour nos spectateurs". Quant aux résiliations d'abonnement, si d'aventure il devait y en avoir d'autres, il rappelle qu'avant d'en arriver là, des tests antigéniques sont possibles et permettent d'entrer en salle, s'ils sont négatifs.