"Al Qaïda", "ton père est un terroriste" : ces mots, Alexis les entendait quotidiennement au collège, à Rue. En dépression depuis des semaines, il a été renvoyé de son établissement sans préavis.
"On se bat sur deux fronts, scolaire et catholique". Joséphine Vilette Chevalier a l'habitude de se battre. Et pour cause, cette auto-entrepreneuse a 4 enfants, dont 3 dyslexiques. Son "petit Alexis", lui, a 14 ans. Il est dyslexique, dysgraphique et hyperactif.
Scolarisé dans un école privée catholique à Rue, Alexis a été déclaré en dépression au début du mois d'avril. Moyenne générale qui chute, perte de concentration, dos voûté, tête baissée en permanence, plus de goût pour le jeu...
Joséphine, sa maman, a décidé de l'emmener chez le médecin. "Des fois le soir, il revenait avec le nez qui saigne. On pensait au stress ou à la fatigue, car ces enfants-là sont très souvent fatigués. Plus tard, on s'en rendu compte qu'il se faisait frapper par ses camarades", témoigne Joséphine.
C'était devenu normal
"Sale arabe", "ton père est un terroriste" : depuis le Bataclan, Alexis est victime de harcèlement. Avec sa couleur de peau mate, on le compare à un musulman extrêmiste. "Le pire, c'est qu'il a banalisé la situation. C'était devenu normal", déplore sa mère.
Renvoyé sans préavis
Mais depuis quelques semaines, ce ne sont plus seulement les élèves mais les responsables de l'école qui s'en prennent à l'adolescent. "Alexis se retrouvait dans le bureau de la directrice pour un oui ou pour un non", raconte son père.
Selon les parents d'Alexis, l'adolescent se serait fait fouiller dans les toilettes par la secrétaire de direction, qui aurait pratiquement détruit le téléphone de l'élève. Des faits que nous n'avons pu vérifier.
Il ne jouait plus avec nos chiens, il regardait tout le temps ses chaussures
"Les enseignants se sont laissés débordés", analyse Joséphine. Le diacre aurait refusé à Alexis de faire sa deuxième communion. Au fil des jours, Joséphine voit son enfant se replier sur lui-même. "Il ne jouait plus avec nos chiens, il regardait tout le temps ses chaussures"
Jusqu'au jour où les parents d'Alexis apprennent, au retour des vacances de Pâques, que leur fils est renvoyé définitivement de l'école. "On n'a jamais reçu de recommandé, comme le prétend la directrice. Nous n'avons été avisés d'aucune manière", relate la maman de l'adolescent.
Marques de soutien
Aujourd'hui, les parents d'Alexis comptent l'inscrire dans une Maison rurale où il effectuera un cursus de pré-apprentissage en mécanique. Alexis a écrit une lettre au Procureur de la République, et attend une réponse. Joséphine, sa maman, a créé une Page Facebook "Soutien pour Alexis" où elle a reçu beaucoup de soutien.
"Après cette affaire, on a reçu plusieurs témoignages d'élèves du collège par texto. Mais ils ne veulent pas être trop mouillés, ce que je comprends, il y a bientôt le brevet des collèges", raconte Joséphine.
En cas d'harcèlement, le silence peut tuer...