Le nouveau système d'information sur les armes (SIA) est entré en vigueur mardi 8 février. Les chasseurs sont les premiers concernés. Nombreux en Picardie, ils accueillent plutôt bien cette procédure, jugée plus simple.
Impossible pour un chasseur d’acquérir une arme sans avoir créé un compte personnel dans le système d’information sur les armes (SIA). Le dispositif annoncé depuis plusieurs mois est opérationnel depuis mardi 8 février avec un objectif fort mis en avant par le ministère de l’Intérieur : la traçabilité. En clair, le gouvernement souhaite savoir à n’importe quel moment où se trouve une arme et fiabiliser les données relatives aux détenteurs d’armes.
Sur le fond, la mesure qui est d’abord applicable aux chasseurs ne pose pas de problème. " Nous, on est suivis depuis très longtemps donc ça ne nous gêne franchement pas", explique Guy Harlé d'Ophove, le président de la fédération des chasseurs de l'Oise. Un sentiment partagé par le chargé de communication à la fédération des chasseurs de l’Aisne : " Le but, c’est quand même de savoir qui a des armes et où elles sont, rappelle Nicolas Voyard. Les chasseurs sont déjà bien identifiés avec leur permis de chasser... Nous n’avons rien à craindre de cette mesure".
La simplification administrative induite par cette digitalisation est aussi appréciée car elle entraîne la suppression de tous les documents papiers qui étaient échangés jusqu’ici entre les armuriers, les préfectures et les détenteurs d’armes. " On a été assez avant-gardistes concernant la dématérialisation, précise Nicolas Voyard. Par exemple, les déclarations de prélèvement se font directement en ligne, et nous avons déjà dématérialisé tout ce que nous avons pu. Nous avons un fichier de 14 000 adresses mail avec qui nous communiquons de façon hebdomadaire."
Difficultés d'accès pour les chasseurs peu habitués à internet
En revanche, la mesure semble un peu moins simple à mettre en application dans les départements de la Somme et de l’Oise où la fédération sait qu’elle a un travail important de communication à effectuer. " C’est une simplification des démarches administratives, confirme Guy Harlé d’Ophove, le président de la fédération dans l'Oise. Seul bémol : nous avons plus de 30% de nos chasseurs qui ne sont pas dotés d’internet... Ils vont peut-être se débrouiller avec leurs fils, leurs neveux, leurs petit-cousins mais pour l’instant ils ne peuvent pas le faire directement."
Le responsable des formations et du SIA à la fédération des chasseurs de la Somme confirme : "C'est vrai qu’il y a un certain nombre de personnes qui me posent des questions, en m'expliquant qu'ils n'ont pas d'ordinateur ou de mail... Nous allons faire des tutoriels, mais ça ne va pas résoudre le problème de ceux qui n’ont pas du tout d’ordinateur", explique Thierry Brunet.
La mesure ne s'adresse pas uniquement aux chasseurs. Vont être concernés dans les mois à venir les tireurs de ball-trap et biathlètes, les personnes détenant des armes héritées ou trouvées, les tireurs sportifs et les collectionneurs.
Dans sa boutique, Philippe Mezgara Duquenne, armurier à Crépy-en-Valois, dans l’Oise, confirme qu’il voit arriver des clients venant déclarer des armes qui ne l’étaient pas encore. La mise en place de ce nouveau système lui demande du temps pour scanner les documents, intégrer les données dans le logiciel, mais lui aussi y voit des avantages : " Je parlais d’une notion chronophage (…) mais c’est vrai que ça devient quand même beaucoup plus limpide, même pour nous dans la gestion de l’armurerie en termes de stocks. Cela permet d’être plus efficace et de tout savoir exactement à l’instant T même si on le savait grâce au papier... Et ce qui est intéressant, c’est que les personnes ayant maintenant l’attribution d’un numéro SIA seront tout de suite identifiées quelle que soit l’armurerie (…) donc il y a vraiment une notion de rapidité."
Dans tous les cas, la création d’un compte personnel sur ce SIA sera obligatoire avant le 1er juillet 2023 pour conserver son droit à détenir une arme.