Arrivée d'Amazon à Boves : une bonne nouvelle, vraiment ?

Le géant du e-commerce a annoncé hier la création de 1500 CDI sur le territoire français. C'est à première vue une bonne nouvelle dans une région comme la Picardie, très touchée par le chômage. Pourtant, de nombreuses enquêtes et témoignages poussent à relativiser...

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Amazon veut créer "1.500 emplois en CDI supplémentaires d'ici la fin de l'année 2017" dans l'Hexagone, selon un communiqué publié lundi. 

Une grande partie de ces recrutements se feront à Boves, près d'Amiens, sur un nouveau centre de distribution où l'entreprise promet d'employer 500 personnes en contrat à durée indéterminée dans les trois années suivant l'ouverture du site, en 2017.

Bonne ou mauvaise nouvelle ?

Une annonce accueillie comme une bonne nouvelle à priori... Et pourtant. De nombreuses enquêtes et témoignages prouvent que travailler pour Amazon est loin d'être la panacée. Chaque année, de nouveaux scandales éclatent quant aux conditions de travail dans l'entreprise, en France et ailleurs en Europe.

La firme américaine a par exemple été accusée d'exploiter les travailleurs de l'un de ses entrepôts en Ecosse, obligés à dormir dans des tentes pour économiser de l'argent. Une autre enquête portant sur le sort des livreurs, a révélé qu'ils étaient forcés de faire leurs besoins dans leurs camions pour tenir le rythme.


On pourrait croire que les conditions de travail sont différentes en France, grâce à la législation et au salaire minimum. Pourtant, en 2015, une enquête a révélé d'importants soucis de santé d'employés de l'entrepôt de Sevrey, en Saône-et-Loire, ainsi qu'une affaire de fausse déclaration d'accident du travail envoyée à la Sécurité sociale... 

Le quotidien Libération a par ailleurs publié le témoignage d'une ex-employée d’Amazon où l'on apprend que "les managers qui sont derrière leur ordinateur savent en temps réel, grâce à ces outils, où se trouve un livre, sur quel chariot il a été enregistré, quel intérimaire pousse le chariot, où il se déplace dans l’entrepôt, à quelle heure il s’est mis au travail en scannant son code-barres personnel, quelle a été la durée exacte de sa pause, et combien d’articles il ‘picke’ par heure"

Conditionnement psychologique

En plus d'être surveillés, les employés ont souvent la sensation d'être infantilisés. Amélie explique dans ce témoignage que les managers insistent sur la nécessité d'avoir un "bon comportement" pour pouvoir obtenir un CDI.

Dans son livre "En Amazonie: Infiltré dans le meilleur des mondes" , un journaliste infiltré dans un entrepôt français d'Amazon raconte dans une interview accordée à 20 minutes : "ce qui m'a le plus impressionné chez Amazon, c'est le conditionnement psychologique". Il parle de suspicion généralisée et de contrôles incessants. "J’ai même vu quelqu’un dénoncer une autre personne", raconte-t-il. "On est dans un système d’ultra compétition."

Amazon veut créer "1.500 emplois en CDI supplémentaires d'ici la fin de l'année 2017" dans l'Hexagone, selon un communiqué publié lundi. Une grande partie de ces recrutements se feront à Boves, près d'Amiens, sur un nouveau centre de distribution où l'entreprise promet d'employer 500 personnes en contrat à durée indéterminée dans les trois années suivant l'ouverture du site, en 2017.

Et le salaire ?

Le salaire ne compense clairment pas les mauvaises conditions de travail. Selon Sébastien Boissonnet, délégué syndical CGT de l'entreprise, un employé de premier échelon qui s'occupe de réceptionner les commandes, de la mise en stock, de l'empaquetage des colis, etc., gagne environ 1.660 euros brut par mois.

Au deuxième échelon, qui regroupe des postes plus techniques tels que les caristes, les personnes chargées de l'inventaire ou du contrôle qualité, la rémunération atteint 1.880 euros brut. Ce n'est guère plus que le SMIC, qui s'élève à 1.457,5 euros brut mensuels.

"Et il faut se battre pour le moindre sou supplémentaire : par exemple, c'est suite à une grève qu'Amazon accorde depuis cette année un 13ème mois", explique le syndicaliste.


La direction d'Amazon, elle affirme que "les employés des centres de distribution d’Amazon en France bénéficient de salaires attractifs et de divers avantages. Le salaire de base d’un préparateur de commandes en CDI, au bout de 6 mois est supérieur de plus de 21% au SMIC (1er janvier 2014) et de plus de 20% au minimum prévu par la convention collective.

En plus du salaire de base, les employés remplissant les conditions d’éligibilité bénéficient d’un 13ème mois payé en deux fois (50% en juin et 50% en novembre de chaque année), résultat des négociations annuelles obligatoires 2014."


Amazon parle d'"un environnement de travail sécurisant et positif", et Jeff Bezos lui-même conteste les informations selon lesquelles "notre approche intentionnelle consiste à créer un lieu de travail sans âme, dystopique, où on ne s’amuse pas et où on n’entend pas de rires". 

En 2016, le chiffre d'affaires à l'export réalisé par les entreprises françaises présentes sur la marketplace d'Amazon.fr a dépassé les 200 millions d'euros en 2016. Les embauches nationales annoncées cette semaine s'inscrivent dans un plan plus large de 15.000 emplois qu'Amazon compte créer cette année en Europe. 
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