Départementales : le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon existe-t-il en Picardie ?

Un seul binôme est étiquetté Front de gauche en Picardie (à Amiens), même si des communistes sont présents au second tour dans quelques cantons sous les étiquettes Divers gauche ou Union de la gauche. Le fruit de situations locales diverses et d'une classification subjective retenue par l'Intérieur.

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En 2012, Jean-Luc Mélenchon recueillait 11% des voix à la présidentielle sous la bannière Front de gauche (FG). L'ex-socialiste avait rassemblé le PCF, différents partis de gauche, des écologistes et des déçus du PS, dans ce cartel voulant devenir une alternative crédible au parti socialiste. Trois ans plus tard, aux élections départementales en Picardie, l'existence-même du Front de gauche pose question.

Un seul binôme "Front de gauche" au second tour


Officiellement, le FG n'est plus présent dans ces élections départementales que dans le canton d'Amiens Ouest. Dolorès Esteban (Parti de gauche) et le conseiller général sortant Claude Chaidron (PCF) seront en duel, dimanche 29 mars, avec le Front national. Toutes les gauches - PS, EELV, PRG, PCF - les soutiennent. Même si ce n'était pas le cas au premier tour.

Mercredi 24 mars, des figures nationales telles qu'Eric Coquerel (proche de Jean-Luc Mélenchon et secrétaire national du Parti de gauche) et Clémentine Autain (Ensemble) étaient à Amiens pour soutenir le binôme. Dolorès Esteban et Claude Chaidron pourraient devenir deux des rares visages symbolisant la petite implantation locale du Front de gauche et sa capacité revendiquée à battre le Front national.


Une existence faible et masquée


Cette implantation, le Front de gauche la considère réelle. Eric Coquerel estime que 9.4% des électeurs du premier tour ont voté pour une liste soutenue par le FG en France. Pas si loin du score de Jean-Luc Mélenchon, surtout si on le rapporte à l'abstention.

Problème : toutes ces voix sont divisées entre de multiples étiquettes. C'est ainsi par exemple que la candidature du conseiller général sortant à Chauny (Aisne), Jean-Luc Lanouilh, communiste, est classée par le ministère de l'Intérieur comme "Union de la Gauche". Une étiquette que les instituts de sondage et commentateurs politiques nationaux ont tendance à ajouter aux voix du parti socialiste...

Reportage de Cathy Colin et Benoît Henrion. Intervenants : Jean-Luc Lanouilh, Candidat PCF canton de Chauny avec Fabienne Marchionni (FDG) ; Philippe Littière, Gérant de brasserie ; Véronique Agoutin, Candidate FN canton de Chauny avec Sébastien Moreau (FN).

Entre le FDG et le gouvernement, la faute est partagée


Le Front de gauche est donc peu présent et le parait encore moins. Il y a deux raisons à cette situation.

D'abord, la classification subjective opérée par le ministère de l'Intérieur. C'est lui qui a choisi d'appliquer à telle ou telle candidature les étiquettes FG, PCF, DVG, UG,... Des membres du Front de gauche crient au complot : le gouvernement manipulerait cette classification pour rendre la lecture des résultats FG illisible et inciter à rassembler les voix dans un même panier, celui de la gauche socialiste. Mais avec cette diversité d'étiquettes, le ministère peut aussi avoir voulu coller à la diversité des situations locales.

Car le Front de gauche en Picardie souffre d'une forme de confusion en son sein-même. Tous ses membres de principe ne sont pas convaincus par la logique de séparation totale d'avec le parti socialiste, surtout les communistes. Le Parti de gauche (parti créé par Jean-Luc Mélenchon et membre du Front de gauche) le sait bien et le regrette publiquement dans la Somme par exemple. Au niveau national, il a obtenu que l'étiquette "Front de gauche" soit interdite pour les binômes dans lesquels deux composantes du FG ne seraient pas présents : impossible dès lors de trouver un socialiste dans un binôme FG. Revers de la médaille : cette fameuse multiplicité des étiquettes, qui rend le scrutin illisible et le Front de gauche invisible.
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