La CGT Picardie a confié qu'elle n'a pas prévu d'organiser de blocages en Picardie, alors qu'un mouvement national de grève des routiers devait débuter ce dimanche soir.
Opérations escargot, blocage de sites industriels ou de dépôts pétroliers : les routiers entament ce dimanche 18 janvier au soir une grève reconductible pour réclamer des augmentations de salaires. Un mouvement censé gêner le patronat
sans peser sur les particuliers. "L'objectif c'est pas de bloquer la population mais de toucher les employeurs", prévient d'entrée de jeu Pascal Goument, de la CFTC-GND, alors qu'une cinquantaine d'actions sont prévues sur l'ensemble du territoire dans la nuit de dimanche à lundi.
En cas de blocages d'axes routiers, aux péages d'autoroute par exemple, seuls les poids-lourds seront stoppés par les grévistes, qui laisseront passer les véhicules légers. S'il y aura "forcément, à la marge, un peu de ralentissement", selon Jérôme Vérité, patron de la CGT Transports, la grève ne devrait pas paralyser la circulation.
"On n'a pas eu le temps de se réunir..."
De toute façon, les automobilistes picards n'ont manifestement aucune crainte à avoir. En effet, l'intersyndicale est essentiellement menée par la CGT. Or Tony Delanef, de la branche Transport du syndicat en Picardie, que nous avons questionné, confie simplement : "Il n’y aura pas de blocage… on n’a pas eu le temps de se réunir."
Une réaction étonnante. Pourtant Christophe Saguez, secrétaire de l'union CGT de la Somme, confirme en partie cette information : "Dans mon département, à ma connaissance, il n'y a pas de blocage."
La Préfecture n'a d'ailleurs "pas d'information" sur de quelconques difficultés.
Grève nationale pour de meilleurs salaires
En France, l'intersyndicale CGT, FO, CFTC et CFE-CGC devait donner le coup d'envoi des opérations dès 22h00 dimanche. Elles "dureront au moins jusqu'à mardi", date de la prochaine séance de négociation annuelle obligatoire (NAO) dans le transport routier de marchandises, où les syndicats espèrent obtenir des augmentations de salaires. Une seconde réunion est programmée jeudi 22 janvier. Mais la grève pourrait chambouler le calendrier établi.
Les chauffeurs de car et les salariés du secteur logistique (stockage, magasinage, traitement des commandes, etc.) sont également appelés à cesser le travail pour "refuser la paupérisation et la Smicardisation rampantes" de la profession.
Les syndicats réclament "une augmentation du pouvoir d'achat minimum de 100 euros" par mois, notamment en portant à 10 euros le taux horaire minimum pour les coefficients les plus bas à l'embauche. "Les salaires dans le monde du transport sont quasiment gelés depuis trois ans. Or, pendant ce temps, le Smic continue à augmenter", a expliqué au micro de France bleu Marc Rosa, secrétaire général de la CGT Transports en Gironde. "Résultat : certains salariés qui ont entre 5 et 7 ans d'ancienneté touchent l'équivalent du Smic".
En 2014, un seul des quatre coefficients en vigueur (qui servent de base aux négociations salariales) dans le transport routier - celui des salariés les plus qualifiés - dépassait le Smic (9,61 euros bruts par heure en 2015). Or, le contexte est favorable à des revalorisations, estiment les syndicalistes, pointant les aides publiques octroyées aux entreprises via le pacte de responsabilité et le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), ou encore la baisse des prix du carburant.
"Nous n'avons pas les marges de manoeuvre suffisantes", rétorque Nicolas Paulissen, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers, une organisation patronale. Les revendications des syndicats, qui exigent aussi un 13e mois ou la suppression de la carence maladie, sont "en décalage avec les réalités économiques des entreprises", a déclaré M. Paulissen, regrettant leur "choix tactique" d'appeler à manifester "avant la négociation". Son organisation présentera mardi une "proposition améliorée" de "1% à 2% de hausse selon les coefficients", alors que les syndicats réclament 5%.